ANTI 4 X 4
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ANTI 4 X 4
AUTOMOBILES / (14/07/2004)
Entre pro et anti 4X4, la guerre est déclarée
Une association de défense des voitures tout-terrain, née hier, dénonce les «talibans de l’écologie».
L’association Pro 4X4 CH a été présentée aux médias hier au col de la Croix, qui relie les Diablerets à Villars. Explication: «C’est un haut lieu de la résistance des Vaudois face aux Bernois. ARC / Jean-Bernard Sieber
LES FAITS
Les 4X4 représentent 16% du parc automobile suisse et sont de plus en plus nombreuses dans les villes helvétiques. A Genève, Vevey et Lausanne, des politiciens veulent les taxer davantage, voire les interdire carrément. Ces propositions ont mis hors d’eux quelques personnes qui ont présenté hier au col de la Croix la toute nouvelle association Pro 4X4 CH.
Une Range Rover grise débouche à toute vitesse sur le parking du col de la Croix. Son conducteur s’amuse encore à faire un dérapage. Tout sourire, Salah Raad sort de son véhicule. Il est l’un des quatre membres de l’association Pro 4X4 CH qui s’apprête à présenter la nouvelle organisation. Une rencontre avec les médias à 1778 mètres, c’est pour le moins inhabituel. Sous une pluie battante, le secrétaire général et porte-parole de l’association, l’UDC valaisan Jean-Charles Kollros, justifie le choix du col de la Croix qui relie les Diablerets à Villars: «C’est un haut lieu de la résistance des Vaudois face aux Bernois. Et nous, on craint que Berne édicte des lois contre les 4X4 sous la pression des écologistes.»
Spécialiste en relations publiques, le très controversé ancien président de l’Office du tourisme de Villeneuve (lire 24 heures du 11 juillet) se vante d’organiser «la première conférence de presse en 4è4 de l’histoire de la communication». Lui et ses trois compagnons de croisade se hissent donc sur l’une des voitures tout-terrain pour quatre interventions de quatre minutes. Au vu des trombes d’eau, les journalistes présents sont priés de regagner leurs véhicules, aucun d’eux n’a d’ailleurs une 4è4, et d’ouvrir leurs portières pour pouvoir capter le message des intervenants. Jean-Charles Kollros s’en prend tout d’abord aux «talibans de l’écologie» qui veulent interdire ces voitures tout-terrain à Paris, Londres ou Genève. Avocat dans la Cité de Calvin, Daniel Meyer ne mâche pas ses mots, lui non plus. Il affirme que les 4è4 ne polluent pas plus que des voitures de la même cylindrée, qu’elles sont déjà largement taxées. Et de jeter un regard tendre à sa BMW noire. «J’ai encore le droit de me faire plaisir et de choisir le véhicule que je veux», lance-t-il. Mais finalement, ces voitures ne sont-elles pas réservées aux nantis? «Non, avec une 4è4, les familles peuvent se permettre d’avoir une seule voiture», rétorque Jean-Charles Kollros.
Devenir un vrai lobby
Le «fou du volant» de tout à l’heure prend lui aussi la parole, pour parler... de la sécurité. Urbaniste-architecte à Sion, Salah Raad lance: «Les 4X4 ne sont pas plus dangereuses que les transports publics. Leur hauteur protège d’ailleurs les passagers.» Pas un mot sur les autres usagers de la route. Le dernier larron à s’exprimer est Jean Streit. Actif dans les relations publiques, il est domicilié officiellement en Inde: «Les citoyens de la Suisse profonde sont attaqués. Que feraient des paysans ou des hôteliers sans 4X4?» interroge-t-il.
L’association compterait actuellement sept membres, et se veut apolitique et indépendante des constructeurs. Elle se cherche un président emblématique, venant par exemple du sport automobile. Plusieurs conseillers nationaux ont également été contactés, mais sans succès pour l’heure. Ses protagonistes rêvent d’en faire un vrai lobby qui s’étende à toute la Suisse, à l’image des motards qui s’étaient mobilisés contre le projet «Vision zéro».
Lors de leurs interventions, les quatre personnages ont particulièrement stigmatisé deux personnes: le conseiller communal veveysan Serge Ansermet et la députée genevoise Sylvia Leuenberger. Le socialiste Serge Ansermet, également secrétaire du WWF Vaud, avait déclaré au Conseil communal que les 4è4 étaient disproportionnées pour un usage urbain: «Elles émettent près de quatre fois plus de gaz carbonique que les voitures les moins polluantes et consomment des niveaux élevés de carburant: jusqu’à 23,9 litres aux 100 kilomètres en ville.» Il avait alors demandé à la Municipalité de Vevey de prendre des mesures dissuasives contre les 4è4 en ville (lire 24 heures du 26 juin). Quant à Sylvia Leuenberger, elle attend pour la fin août une réponse du Gouvernement genevois à son interpellation urgente: «A quand l’interdiction des gros 4X4 en ville de Genève.»
Les 4X4 remplaceront les vaches
Jointe dans le train, la députée genevoise ne s’émeut pas des attaques de la nouvelle association. Elle précise juste que sa voiture a huit, et non dix ans, comme cela a été affirmé au col de la Croix et qu’elle l’utilise très peu: «Plus que les 4è4, c’est l’effet de serre qui me préoccupe, et l’usage rationnel de l’énergie.» Et de lancer: «La création de cette association est symbolique de la société dans laquelle on vit. On veut protéger les autos, plutôt que l’eau et la nature.»
Une chose est certaine, Sylvia Leuenberger ne sera pas la bienvenue à la «Landsgemeinde nationale des 4X4» qui se tiendra le 4 septembre à Aproz (Valais) sur le site qui accueille traditionnellement la finale des combats de reines. Et pour rester dans le monde animalier, Jean-Charles Kollros, trempé par la pluie, lâche: «La 4X4, c’est le mulet de ce millénaire.»
VINCENT BOURQUIN
journal 24 heures du 13/07/2004