Pas si facile d'écraser les 4x4 !
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Pas si facile d'écraser les 4x4 !
Semaine du jeudi 1 juillet 2004 - n°2069 - Economie
Environnement
Pas si facile d’écraser les 4x4!
Un bonus-malus sur les voitures en fonction de leur consommation? Concocté par le ministre de l’Environnement avec le soutien de Renault et de Peugeot, ce projet protectionniste anti-4x4 a du plomb dans l’aile
Une taxe lourde et progressive, pouvant aller jusqu’à 3 200 euros pour les voitures dégageant plus de 320 grammes de gaz carbonique (CO2) par kilomètre, compensée par un bonus léger, de 250 ou 500 euros pour celles affichant moins de 140 grammes: ce rétablissement d’une forme de vignette automobile devait être la mesure la plus spectaculaire du plan environnement santé présenté la semaine dernière par Jean-Pierre Raffarin. Pour la faire aboutir, Serge Lepeltier, ministre de l’Environnement, a multiplié les déclarations et les interventions, allant jusqu’à tenter de forcer la main du gouvernement auquel il participe. Il croyait avoir mis tous les atouts de son côté.
En apparence, en effet, cette mesure était parfaitement ciblée. Bien qu’ils démentent officiellement en avoir été les initiateurs, elle avait été concoctée, en secret, avec les deux constructeurs automobiles français. Elle visait en effet les grosses voitures de sport (c’est une Ferrari qui détient le record européen des émissions de CO2) et surtout les 4x4, ces véhicules de loisir chers, lourds, puissants et haut perchés, qui couvrent déjà 5% du marché français, alors qu’ils ont déjà éclipsé les berlines traditionnelles aux Etats-Unis. Or c’est une niche explorée par plusieurs constructeurs généralistes (en particulier Volkswagen) mais qu’ont négligée jusque-là aussi bien Renault que Peugeot. Ceux-ci, par ailleurs, n’arrivent toujours pas à s’imposer dans le haut de gamme, face à Mercedes et BMW. Au nom de la lutte contre l’effet de serre, ce bonus-malus d’un nouveau genre visait donc explicitement les importateurs, en particulier allemands (Mercedes, BMW et Volkswagen) et japonais (Toyota, Mitsubishi, Nissan, etc.).
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Autre atout apparent: le prétendu rejet des 4x4 dans l’opinion. Non parce qu’ils polluent mais parce qu’ils sont chers et qu’ils dominent les autres voitures, sans l’alibi famille nombreuse des Espace et autres Peugeot 806. Le ministre a cru surfer sur la vague du politiquement correct déjà chevauchée par Denis Baupin, adjoint au maire de Paris chargé des transports. «Les 4x4 n’ont rien à faire dans les villes», affirme cet élu Vert qui a fait adopter par le conseil de Paris, le 8 juin dernier, un «vœu» pour interdire l’usage des 4x4 en centre-ville. Le texte déclare ouvertement la guerre à ces véhicules «lourds, encombrants, voraces en carburant et qui participent au réchauffement de la planète». Il est vrai qu’un petit nombre de conducteurs de 4x4 se comportent, à Paris, comme le «beauf» de Cabu: en témoignent les capots cabossés des petites voitures garées derrière un monstre à la roue de secours verticale et haut perchée…
Petit problème: Serge Lepeltier et Gilles de Robien, le ministre des Transports, ont simplement oublié que la volonté de se différencier et l’affichage de la réussite sociale ont été, avec le besoin d’autonomie et de confort, les ressorts du succès de l’automobile depuis sa naissance et dans tous les pays, sans exception. Le goût pour les 4x4, dans un monde jugé plus hostile, s’inscrit clairement dans cette ligne. La vision du 4x4 réservé aux bouchers enrichis est, de plus, furieusement parisienne. Quid des médecins dans le Jura, des agriculteurs du Massif central ou des hôteliers des stations alpines? Même à Paris, la réalité est différente. «Nous allons acheter un 4x4, car cela nous correspond parfaitement, explique Marion Gibault, dont le mari est architecte. Maintenant que nos enfants ont grandi, l’Espace ne correspond plus à nos besoins. Mais nous avons pris goût à la position haute et avons envie d’un véhicule confortable, au design sympa.»
Pour bon nombre de Français, la surtaxe sur les 4x4 est ainsi apparue comme une mesure démagogique, protectionniste et attentatoire à leur liberté. Personne n’a cru à la neutralité fiscale, à terme, du bonus-malus. L’argument écologique n’a pas résisté longtemps à l’examen: un 4x4 de taille moyenne ne dégage guère plus de CO2 qu’une Renault 4 d’il y a quinze ans! Quant à la pollution, elle a déjà été divisée par 10 et le sera par 20 avec les normes européennes 2005. Si l’on parle effet de serre et écologie, plutôt que de taxer les 4x4, il serait donc plus efficace d’accélérer le renouvellement du parc en interdisant l’usage des voitures réellement polluantes. C’est-à-dire les plus anciennes. «Ou bien de limiter l’usage des camions, ajoute un dirigeant de Renault. Un seul d’entre eux dégage autant de CO2 qu’une trentaine de Twingo!» Autant de mesures socialement injustes et politiquement incorrectes.
Les élus locaux de droite, en tout cas, n’ont pas tardé à réagir. Faisant remonter leur hostilité à Matignon et à Bercy, ils se sont empressés d’enterrer le projet, au prétexte qu’il tournait le dos à l’Europe, qu’il validait la démarche, égalitariste et minimaliste des Verts et qu’il avait été sorti d’un chapeau sans négociations préalables. Pas si facile d’écraser les 4x4!
- Cortel
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re: Pas si facile d'écraser les 4x4 !
Comme quoi, il arrive quand meme que le bon sens reprenne le dessus

- OSS117
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re: Pas si facile d'écraser les 4x4 !
Comme quoi, il arrive quand meme que le bon sens reprenne le dessus ]
amen
