
En attendant une réouverture des frontières hors de Schengen, un récit partagé avec les voyageurs en fourgon,
mais pas encore ici alors qu'il y a parmi vous de nombreux routiers internationaux.
L’OBJECTIF
Refaire cette photo 40 ans plus tard

La qualité de ce cliché est médiocre, mais je n'en ai pas d'autres

Il a été pris l'été 1977 à la douane de Bazargan, côté Iran, avec mon collègue Ron D.

Ceux qui ont roulé dans cette région le savent, il n’y a pas un, mais deux Ararat.
Le grand et le petit, 5165 m pour le premier, un peu moins de 4000 pour le second.
Ils savent aussi que c’est depuis l’Iran et l’Arménie que les 2 sommets sont parfaitement visibles,
plus que depuis Dogubayazit.
Donc, il nous fallait absolument entrer en Iran

LE CONTEXTE
Profiter d'un voyage en Trafic avec Sylvie, de Toulouse aux frontières du Pakistan, pour refaire ce cliché.
L'occasion de montrer à madame quelques unes des réalités vécues par les lignards des années 1970.

LE RÉCIT
La plupart des photos de cet album ont été prises en mars 2017.
Elles suivent la traversée Ouest-Est du plateau anatolien en intégrant des clichés des années 70.
Merci à mon ancien collègue Ron the Rosbeef et aux autres chauffeurs d'Astran,
avec qui certaines photos ont été prises.
1. Depuis le poste-frontière Turco-Bulgare de Kapikule jusqu’à Istanbul, il y a aujourd’hui une superbe autoroute.
Les transporteurs allemands pour qui je roulais ne s’arrêtaient pas au Londra camping mais à Haydarpasa, sur le parking de la station DKV.

2. Pour traverser le Bosphore, il y a maintenant 3 ponts et un tunnel.
Jusqu’en 1973 et la construction de Bogaziçi Köprüsü, le premier pont,
les PL empruntaient un bac !

3. Après quelques centaines de km en Anatolie, on abordait les premiers cols.
Sur cette vieille photo, les 3 choses que le gamin que j'étais détestait le plus,
les Magirus-Deutz, le Bolu, les Bulgares

Les anciens comprendront !

4. En 2017, on passe sous le Bolu par un tunnel qui débouche sur le plateau anatolien sillonné de superbes 2 X 2 voies.

5. Côté nourriture par contre, heureusement, rien n’a changé !
Ragoût d’agneau, pommes de terre et légumes cuisinés, Ayran ….. toujours aussi délicieux.

6. Le soir, on s’arrête pour la nuit dans une petite bourgade anatolienne.
Comme souvent, près d’un édifice religieux.

7. Le lendemain, nous reprenons la route vers l’Est dans des conditions parfaites pour un mois de mars.
Comparé aux années 70, j’ai l’impression de piloter un avion !

8. Car en 1976, la route, c’était ça !

9. Au fur et à mesure de notre progression vers l'est, on découvre l’Anatolie profonde, rurale, aux conditions de vie difficiles …………

10. A 2000 m, la neige est omniprésente.
Les températures extérieures sont négatives.
Mais par chance, pas d’humidité, donc pas de routes glacées !

11. Comme il y a 40 ans, je m'arrête pour déjeuner au milieu des garages.

12. Certes, ce n'est pas très romantique, mais c’est là que l’on y mange le mieux !

13. On continue ensuite vers l’est et entrons en zone à majorité kurde.
Rien n’a changé !
Partout, la police,
les militaires surarmés,
les barrages avec des blindés,
les contrôles d'identité,
les fouilles complètes du fourgon.
La routine ...........

14. Sur le bord des routes, on trouve maintenant des fontaines.
Plus besoin d’aller casser la glace de l'Araxe pour remplir ses bidons !

15. Mais ce qui a vraiment changé, c’est l’amélioration du réseau routier.
En 1977, après Imranli, on chaînait dans le Kizildag Geçidi , le premier des 4 cols à plus de 2000 jusqu’à Dogubayazit !

16. Aujourd’hui, de gros efforts sont faits.
Salage préventif, engins de déneigement prépositionnés, 2 X 2 voies, B.A.U ….
Ce qui nous permet de passer Erzican et de rouler jusqu’à Erzurum.

17. A 2000 m d’altitude, Erzurum est une des villes les plus froides de Turquie.
Moins 7 degrés lors de notre passage ! Sans chauffage stationnaire, il est hors de question de faire dormir madame dans le fourgon.
On trouve facilement une petite pension près de la gare.
Pour une poignée d’Euros, nous avons une chambre bien chauffée avec salle de bains privée et parking pour le Trafic !

18. Le lendemain matin, on débute par un copieux petit déjeuner traditionnel, servi à volonté !

19. Puis sur la route, on retrouve des conditions exceptionnelles pour un mois de mars.
Comme dans les années 70, nous suivons l’Araxe jusqu’à Horasan.

20. Je voulais montrer à Sylvie la mythique Tahirpass.
Il y 40 ans, je n’aurai jamais dû y rouler puisque la nouvelle route construite par les militaires avait ouvert en 1974.
Sauf qu’un éboulement début 1976 les a contraints à rouvrir pendant 3 mois l’ancienne route.

21. Comme ici en 1976, Il faut quitter la route principale, traverser le hameau de Tahir
et monter jusqu’au col avant la descente où le chauffeur Hongrois a été attaqué par les loups.

22. Malheureusement, après quelques km, la neige rend impossible la montée en 2 RM.
Voulant arriver rapidement à Bazargan, je choisis de ne pas mettre les chaînes et de faire demi-tour.
Nous reprenons la route d’Agri.

23. Un peu plus tard, on quitte à nouveau les grands axes pour un petit village isolé, perdu sur ces hauts plateaux glacés.

24. C’est pourtant ici que l’on dégustera les meilleures crêpes anatoliennes fourrées à la viande de tout ce voyage !

25. Puis, nous montons l’Ipek Geçidi , un autre col à plus de 2000 m où en 1976 un F88 hollandais s’est renversé devant moi.
Je me souvenais que par temps clair on voyait les 5 165 m de l’Ararat.
La chance est avec nous, le temps est magnifique, le spectacle exceptionnel


26. Nous continuons jusqu’au poste-frontière turc de Gürbulak.
Dans les années 70, entre Dogubayazit et Maku, c’était encore de la piste.

27. En 2017, les files de PL font toujours plusieurs km mais sur le goudron !

28. A Gürbulak, dernier repas en Anatolie.
Mais l’Iran est déjà là, puisqu’on boit du Dough, beaucoup plus fermenté que l’Ayran.
Pendant 4 semaines en Perse, Sylvie ne s'y habituera pas !

29. Nous arrivons enfin à la douane Iranienne.
En mars 2017, c’était encore Norouz.
Les Iraniens sont toujours aussi nombreux à aller faire leurs achats à Dogu.
Ce qui me laisse le temps de prendre cette photo,
au même endroit, 40 ans plus tard !

30. Voilà, la boucle est bouclée ............


Amicalement
Sylvie & Bernard