Si je peux me permettre, routier de métier depuis 25 ans (plus de 7 000 000 de km en semi), je connais un peu ce phénomène. Il y a plusieurs paramètres qui rentrent en compte concernant l'endormissement au volant.
1°)
Chacun de nous n'a pas la même constitution physique, la même résistance....... Là malheureusement, il n'y a pas de solutions miracles : il faut absolument se connaitre soit même, et connaitre son seuil à ne pas dépasser. Ce qui va fonctionner pour l'un, ne va pas le faire pour l'autre.
L'âge y est pour quelque chose aussi pour la résistance physique. On a pas la même résistance à 20 ans et à 45 ans. Les heures que je faisais par exemple à 25 ou 30 ans, je ne pourrais plus les faire aujourd'hui dans les mêmes conditions. Aujourd'hui je m'aperçois, que mon temps de récupértation n'est plus le même. Par exemple, il y a 15 ans de ça, lorsque je faisais du Montreal Los Angeles en régulier (en semi remorque hein, pas en voiture, la vitesse possible n'est pas la même), via le sud (Texas, Nouveau mexique, Arizona)..... soit un parcours de 5000 km en gros, avec une dizaines de livraisons au passage, il me fallait entre 3 jours et 3 jours et demi pour le faire. Cela représente en gros 20 heures de conduite par jours (je sais c'est pas légal:diable

, et je remontais au même rythme. Bref, aujourd'hui, à 46 ans, j'en serai tout simplement incapable. Je ne tiendrais pas le coup sur la durée, c'est un fait.
2°) Concernant le mélange café-cigarettes : Ce n'est pas cela qui va emêcher l'endormissement, c'est juste un exitant cardiaque. On aura donc l'impression d'être moins fatigué, mais cela est une fausse impression, la fatigue sera toujours là. Et croire que l'on est plus fort que la fatigue est faux. Elle va vous rattrapper tôt ou tard, même si on prend des stimulants, ou si on fait tout pour se maintenir éveillé.
Fin des années 80, alors que j'étais jeune, j'avais fait un Nice-Paris, puis livraison et rechargement dans la fouléee, et descente sur Bologne (italie) illico, le tout sans faire dodo. Un enfer, je ne comptes pas les cafés et les cigarettes, et pour me maintenir éveillé, la nuit je me versais de l'eau froide derrière la nuque lorsque je sentais un affaiblissement. Arrivé à Bologne, j'ai livré, et rechargé sur place, chez le même client. Pendant qu'on me rechargeait, je suis allé dormir 5 heures (ça faisait 62 heures que j'avais les yeux ouverts, je sais pas légal, faut pas faire, non pas bien:diable

. Le chargement finit, je suis resté 2 heures de plus chez le client pour "finir ma nuit", puis j'ai repris le camion, frais comme un gardon, du moins c'est ce qu'il me semblait.
Ben en fait, j'ai roulé 2 heures, tout allait bien, jusqu'à ce que je fasse une baisse de tension en conduisant : conclusion je me suis évanouit au volant. C'est ce que j'ai appris à l'hopital, où j'y suis resté 3 semaines. Ma vie n'a tenue qu'à un fil, dans un état proche du comas dû à la faible tension, plus tous les traumatismes.
3°) Avec l'expérience, on apprend et on sait prévenir les signes avant coureurs d'une grande fatigue qui va vous endormir. En général, ces signes sont à peu près les même pour tout le monde :
Impossibilité de garder une allure constante à l'accélérateur (c'est pour cela qu'il vaut mieux éviter de rouler sur le Cruise Control de nuit). Votre allure passera de 90 par exemple à 70 puis on va ré-accélérer, et quelques minutes plus tard, la vitesse va redescendre. Avec la fatigue, on a tendance à lâcher le pied. Là, se sont les premiers signes de fatigue.
On lutte contre la dite fatigue, puis on arrive au stade où on a des halucinations........ Ne rigolez pas, j'ai déjà vu un éléphant traverser l'autoroute

Résultat debout sur la pédale de frein (on est sur l'autoroute hein, non pas bien)

Ou, déjà arrivé aussi, voir des feux de stop juste devant le camion, re-debout sur les freins, alors qu'il n'y avait rien du tout. On y peut rien, c'est le cerveau qui part en sucette. Et le phénomène des hallucinations est très fréquent chez beaucoup de conducteurs qui luttent vraiment contre la fatigue. A ce stade, il faut absolument se garer et dormir, car l'accident et l'endormissement sont très très proches.
Des études ont révélé, que les pires heures pour l'endormissement, sont au levé du jour, et franchement, pour ma part, c'est là que j'ai le plus de mal. Ca aussi c'est un phénomène bien connu et qui est général en quelque sorte.........
4°) Autre facteur intervenant dans l'endormissement : la Vitesse par rapport à la maunotonie de la route empruntée. Au plus on roule doucement, au plus on relache l'attention, et c'est là que la fatigue va vous attendre au tournant. Si on roule à 140 ou 150 km/h par exemple (je sais c'est pas bien:diable

, l'attention nerveuse n'est pas la même qu'à 90 ou moins. A 150 on a une certaine montée d'adrénaline que l'on aura pas à 80 par exemple, et c'est cette "montée d'adrénaline" qui va nous maintenir éveillé.
Donc, parfois, il est mieux de sortir de l'autoroute et de prendre de petites routes qui vont attirer toute notre attention, et ainsi on pourra lutter beaucoup plus facilement contre la fatigue.
Je me souviens, un jour avec un pote routier lui aussi, chargement à Peille 06, le mercredi après midi, et départ vers 16h00 du 06 toujours en semi, on devait livrer VICAT à Nancy le lendemain absolument. On avaiot déjà quelques km dans les pattes depuis le dimanche soir. Pour éviter la fatigue et la maunotonie autoroutière limitée à 90 km/h en France, on a pris la décision de monter par la RN 202 vers Luz La Croix Haute, puis descente sur Grenoble, et piquer vers le Doubs par les petites routes. Certes on ne roulais pas plus vite que sur l'autoroute, mais comme on montait de nuit la pédale dans le fond, l'état de la route, nous faisait monter une certaine adrénaline qui gardait tous nos sens éveillés, et on a pas ressentit la fatigue que l'on aurait eu sur les tronçons autoroutiers Je peux vous garantir qu'un Scania R580 et un Volvo FH660, ça dépote même sur les petites routes des alpes. Le Jeudi, livraison à Nancy, dodo, puis départ le Vendredi saint (c'était pour Pâque), et arrivée à Tende le Samedi matin en reprennant les même routes.
Bref, en résumé, tout est une question de gestion de la fatigue, et de se connaitre soit même afin de pouvoir aisément reconnaitre les signes avant-coureurs de l'endormissement imminent, comme par exemple savoir que les halucinations vont jouer par exemple le rôle de fusible, c'est un des derniers signes avant le crash............
Et puis il vaut mieux s'arréter dès que l'on a les premiers signes de fatigue, quitte à ne dormir qu'1/2 heure, et repartir ensuite, que de lutter contre la fatigue. Ne prennez surtout pas cela à la légère
Il vaut mieux arriver avec 1 ou 2 heures de retard, que de ne jamais arriver
Voilà, pour ma modeste contribution
Xavier
PS : j'ai oublié de signaler que parfois, la nuit, une lumière tamisée dans l'habitacle va fortement aider. Dans les camions, on a une lumière de plafonnier rouge qui n'est pas forte, et donc qui ne fait pas mal aux yeux et qui ne gène pas la vision. C'est souvent par exemple, que je roulais avec cette lumière tamisée pour me donner un coup de pouce