« ces contradictions ne sont pas surprenantes, analyse Robert Rochefort. Je ne connais pas un produit plus révélateur de l’imaginaire de notre société. » . « cette prothèse de surpuissance du Moi, symbolique d’un individualisme sauvage. La métaphore du 4x4 est limpide : La ville est une nouvelle jungle et vous êtes au volent d’un véhicule équipé pour la traverser en conquérant, dans ce rapport de masse et de force qu’est l’embouteillage. Et l’idée que ces véhicules écolos s’inscrivent dans une redécouverte de la nature est un mythe opportuniste entretenu par les publicités des constructeurs. »
Ce réquisitoire, sans appel, est confirmé par quelques réalités empiriques que mentionne avec simplicité un motard de la police nationale : « A paris, ceux qui obtempérent le moins sont les 4x4 : ils roulent sur les voies de bus, se garent en double file et ne laissent pas passer les pompiers. Certains puristes ont encore les pare-buffles , les câbles et les protége boue. Peut être ont ils l’impression que les autres voitures sont un troupeau de zébus ? ils conduisent comme si le fait d’être au dessus des autres leur permettait d’être au dessus des lois… »
Cette mise en hauteur incriminée est fondamentale pour comprendre la psychologie du conducteur 4x4 : aux USA, la dernière campagne pour le X5 et BMW parle d’un monde « over-all », au dessus de la masse, tel un espace édifié et miraculeusement débarassé des basses contingences terrestres. Mais aussi une position où l’on toise les autres d’en haut et où l’on voit plus loin. Ce qui induit que l’usager de 4x4, dominant, appartient à une caste routière, une élite du volant . « cette conception de l’espace est fondamentale et entraine un autre comportement routier : le trekking urbain , ajoute Jean marie Renouard… Goffman assimilait l’habitacle automobile au territoire du Moi. En 4x4 ce territoire est non seulement agrandi, caparaçonné, mais aussi surélevé. On est dans la sphère du sur-moi, avec une sensation de suprématie dans les embouteillages, milieu réducteur d’espace individuels où les voitures se frôlent, où le territoire du moi est malmené. »
Ces attaques en régle et sur tous les terrains agacent sévèrement samuel Le Pastier, psychanalyste, qui voit dans ces observations tranchées « un symbolisme plaqué » . A l’écouter , le sempiternel discours de la « bagnole utérus » qui décuple l’agressivité territoriale est un peu limité pour expliquer le phénomène 4x4 dans toute sa complexité : « le conducteur de ce type d’engins est, malgré lui, un surconsommateur de symboles. Noublions pas que les 4x4 actuels sont les descendants des voitures coloniales et qu’ils véhiculent tout un héritage : la brousse, la jeep miltaire, le Dakar, le Camel trophy. C’est le véhicule « différent » qui implique que l’on est potentiellement un aventurier de tous les instants. Vous imaginez le poids à assumer ?. »
Pas facile , en effet, à l’heure de la standardisation des voitures , de l’évasion programmée et de la vie professionnelle légiférée en RTT…
Féminisation du 4x4 : « c’est un aboutissement logique : les hommes conduisant un 4x4 sont dans une revendication machiste aux symboliques pourtant ttrèsféminines : le contact à la terre via les roues motrices, l’exaltation des valeurs de la nature… Je ne peux donc m’empecher de voir beaucoup de féminité dans cette démarche si démonstrative d’affirmation virile ».
Mais à propos, de quelles femmes parle t on ? De ces « amazones » qu’une rescente publicité américaine pour un 4x4 de choc incite à « menacer les hommes d’une tout autre manière » ? De ces conductrices masculines , qui affichent une réussite sociale en conduisant des véhicules jusqu’ici réservés aux hommes » ? De ces nouvelles sportives « 4x4 – treuses » pures et dures, qui, dans le sillage de la pilote Dominique Serra, ont lancé au maroc le Rallye des Gazelles, la 1er expédition TT organisée par les femmes ? ou bien encore « ces épouses soumises et inféodées », qui font leurs courses dans les 4x4 haut de gamme de leur mari ?
« elles ont au fond toutes la même motivation. En conduisant ces voitures longtemps liées à des valeurs masculines fortes, elles ne sont pas dans une pseudo intrusion, sur le territoire des hommes, elles ne se mettent pas en concurrence avec eux, mais partagent le même espace, gérent la même puissance, ce qui les érotisent beaucoup plus »
Ouf ! j’ai fini de recopier ce texte de M…. que vous retrouverez en plus complet dans le mag « Psychologies » de mai…. Et dire que j’ai dépensé 4 euros rien que pour cet article …. C’est pas beau la motivation ? ? ?
Allez ! à vos crayons !
