au début je disais comme toi
29/10/2007, 19h58
christian.styling a écrit :mauvais endroit au mauvais moment
puis certaines choses sont montées à la surface
. Je croyais que son affaire était légale. C'est une fois que tout le monde a été arrêté au Tchad que j'ai su que c'était illégal. Breteau nous avait dit qu'une fois rentré en France, il serait sûrement accusé d'enlèvements, ainsi que la coprésidente de l'association. Il s'attendait à être mis en cause mais il m'avait dit qu'avec ses avocats, ça s'arrangerait.
Dans l'équipe, il y avait des personnes en mal d'enfants
Le boulot des trois équipes médicales qui se sont succédé (trois binômes médecin-infirmière) sur place était de s'occuper des enfants jusqu'à une éventuelle évacuation. J'ai commencé à me poser des questions rapidement. Eric nous avait dit que nous allions recevoir 300 enfants. Or à la fin du mois de septembre, on en avait à peine 20. Malgré mes doutes, j'ai fait en sorte de faire mon boulot jusqu'au bout: j'ai mis en place ce poste médical et cet orphelinat, et nous avons examiné les enfants, qui étaient tous en très bonne santé. Sur place, je n'ai pensé qu'aux enfants, à leur bien-être.
Ce qui m'a choqué, c'est que, dans l'équipe de Children Rescue au Tchad, il y avait des personnes en mal d'enfants qui étaient là dans le but d'adopter. Il y avait toujours trois membres de l'association qui exerçaient sans cesse une pression sur nous. On sentait qu'ils ne voulaient pas nous expliquer clairement ce qu'ils voulaient faire. Très vite, la finalité de cette "évacuation", qui était l'extraction d'enfants en France en vue d'adoptions, nous a déplu, à mon équipe et à moi. On a essayé d'organiser un contre-pouvoir. On a dit clairement aux membres de l'association que nous étions là pour faire en sorte que les enfants soient en bonne santé, point. Et qu'on ne les aiderait pas à les évacuer.
J'ai prévenu l'équipe qui m'a succédé de ne pas tomber dans le panneau d'Eric Breteau et je les ai avertis que les enfants n'étaient pas tous orphelins. Je les ai mis en garde contre Eric. Il a menti à tout le monde, à l'OMS, à l'Unicef, aux militaires français, à l'UNHCR... Il ne leur disait pas qu'il allait évacuer les enfants, mais que son association était là pour une mission sanitaire de deux ans. Il n'arrêtait pas de dire: "En Afrique, tout s'achète." J'ai vite compris qu'Eric Breteau était dangereux.
Je peux vous dire que j'étais content de rentrer avant la fin de la mission et de ne pas faire l'évacuation. Pour moi, Eric est un mégalo qui croit qu'il va sauver la Terre entière. C'est un inconscient qui a mis en danger nos vies, nos réputations de médecins, nos professions. Il nous a tous emmenés dans le mur, ainsi que les familles d'accueil. Aujourd'hui, je suis dégoûté parce que j'ai convaincu des gens qui me faisaient confiance de venir sur cette opération. Aujourd'hui, j'attends de me faire interroger par la justice française."
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