"Raphaël Audhoui"
communiqué du Groupe Audhoui
Des campagnes aux relents douteux La presse a relayé, la semaine dernière, une étude comparant le comportement, en Nouvelle-Zélande, des conducteurs de 4x4 et celui de berlines ordinaires.
Cette étude avait été révélée le 3 janvier dernier par l’AFP dans une dépêche titrée « Les propriétaires de 4x4 plus dangereux que les autres ».
L’étude a été menée par Opus, un laboratoire de sciences du comportement, qui a choisi d’observer le comportement de 1,196 conducteurs, de 4x4 et de berlines, sur les routes néo-zélandaises.
Parmi les observations, Opus avance que les conducteurs de 4x4 néo-zélandais « ont plus de propension que les conducteurs de berlines à tenir leur volant d’une seule main sur autoroute, et semblent avoir une perception du risque amoindrie du fait qu’ils se sentent plus en sécurité, parce qu’à bord de véhicules plus haut et plus grands. »
Interrogées, les compagnies d’assurances françaises indiquent que les statistiques montrent que le 4x4 n'est pas plus « accidentogène » qu'une berline, un break ou un monospace.
Les assureurs remarquent, au contraire, que les 4x4 séduisent de plus en plus les femmes, sensibles à la plus grande sécurité qu’ils procurent. Ils notent, incidemment, que les femmes sont notoirement plus prudentes sur la route que les hommes. Ils rappellent enfin que les occupants d'un 4x4 sont mieux protégés en cas d'accident.
Il apparaît en outre nécessaire de remettre l’étude néo-zélandaise en perspective. L'étude a été réalisée dans une région dont les contraintes économico-géographiques correspondent à des besoins très différents de nos contrées : 6 millions d’habitants dans de vastes espaces d’élevage (60 millions de moutons), de nombreuses pistes, de longs axes routiers et autoroutiers dans un pays formé de deux îles longilignes (1500 km du nord au sud pour 100 km au maximum d’est en ouest).
Aussi le parc automobile 4x4 est constitué de gros véhicules, à vocation majoritairement utilitaire et quasi exclusivement équipés d’une boîte de vitesses automatique.
En France, le tableau est aux… antipodes. En 2005, 120.000 véhicules 4x4 ont été vendus, soit 5 % du marché automobile.
Celui-ci est largement dominé par les véhicules plus compacts, appelés « SUV » (Sport Utility Vehicle) par les Etats-Unis pour désigner des voitures tenant à la fois du 4x4, du break et du monospace, et tournés vers la famille et les loisirs.
Mécaniquement, l’évolution des gouts et des besoins les a délestés du lourd châssis et de la boîte de transfert propres aux « vrais » 4x4, qui, eux, ne représentent plus que 30% des ventes, en majorité destinées aux tâches utilitaires.
Les SUV ont ainsi adopté la caisse autoporteuse des berlines, tout en conservant les atouts que sont la robustesse et les quatre roues motrices, qui garantissent une meilleure adhérence, donc plus de sécurité, notamment sur chaussée mouillée, verglacée ou enneigée.
De même, la position haute « critiquée » dans les conclusions de l'étude néo-zélandaise est généralement considérée comme un élément de meilleure visibilité, d'ailleurs partagée avec les conducteurs de monospaces.
La conséquence, et c’est une spécificité devenue européenne, est que désormais un 4x4 sur deux est un « petit » 4x4, un « compact » selon la segmentation adoptée par les professionnels de l’automobile.
Concept lancé en 1994 par Toyota avec son fameux RAV-4, toujours numéro un des ventes, enrichi maintenant par les Suzuki Grand Vitara, Nissan X-Trail, Land Rover Freelander, et autres Honda CR-V et Hyundai Santa-Fe, ce segment ne compte que des voitures de taille modeste, de poids modéré, équipés de petites motorisations.
Quant aux SUV dits de luxe (Mercedes ML, BMW X5, Volkswagen Touareg, Porsche Cayenne 2026

, les plus montrés du doigt dans certaines « campagnes de centre-ville », ils ont été inventés il y a dix ans par les constructeurs allemands pour satisfaire leur clientèle lassée des limitations de vitesse au volant de bolides de sport profilés et… admirés dans la rue. Ils n’occupent d’ailleurs que 20% des ventes.
Enfin, même si cela n’est pas le sujet de l’étude néo-zélandaise, en réponse à des polémiques aux relents douteux, pour le moins populistes, dont est l’objet l’ensemble de la « population » 4x4, il n'est pas inutile de rappeler la place tout à fait honorable des 4x4 au hit parade des automobiles polluantes.
En effet, selon l'ADEME, l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie, le Toyota RAV-4, leader du marché 4x4, se classe en 2000ème position sur 3500 modèles de véhicules proposés à la vente en France, tandis que chez les fameux "gros" 4x4, tel le BMW X5, équipé de sa motorisation diesel de 3 litres de cylindrée, il se classe en 1200ème position.
Raison de ces comportements avérés environnementaux corrects, les motorisations des tous ces véhicules sont les mêmes que celles des berlines de la gamme.
Raphaël Audhoui
Commissaire Général du Salon International 4x4 et Loisirs de Val d'Isère
PARIS, le 8 janvier 2007