- Ou as-tu trouvé la trace ?
- Est-ce que tu peux me l’envoyer ?
Des demandes parfois même formulées telles des exigences, sans autre forme de politesse ou diplomatie. « Puisque tu fais partie du Groupe ou du Forum, tu ne peux pas me refuser la trace… » .
Il y a souvent plein d'échanges riches avec d'autres voyageurs.
En revanche très, rarement, pour ne pas dire jamais, on me demande : « les images entre 3’57 et 4’25 sur le film, sont superbes, peux-tu m’en dire un peu plus sur le coin ou elles ont été prises ? Tu crois qu’avec mon engin je pourrais y passer l’automne prochain sans déranger les chasseurs et malgré les premières pluies ? Je compte aller découvrir la région la semaine prochaine, tu as un camping à me conseiller, et le bivouac est-il possible ?».
Et lorsque que cela arrive, j’ai plaisir à partager mes expériences, et pourquoi pas à accompagner sur le terrain lorsque le courant passe bien et que j’ai la disponibilité.
Dans un premier temps je trouve un peu vexant de penser que je n’ai fait que « suivre le parcours balisé par d’autres », au mépris du temps passé, et du plaisir procurer par la recherche au préalable de localisation des lieux que je souhaiterais voir et les moyens de les relier. Puis une fois sur place des improvisations et changements opérés en fonctions du terrain, de la météo et des envies et découvertes du moment. Mais je n’ai pas un caractère à rester longtemps vexé
Et puis pour qui veut bien se donner la peine de chercher sur le net, les traces GPS et les itinéraires papier de randonnées et voyages 4x4, auto, camping-car, vélo, moto, de pèlerins de St Jacques de Compostelle, de cavaliers… ne manquent pas, et les chemins empruntés par les uns sont souvent ouverts aux autres, pour qui sait les partager avec courtoisie et sourire. Les échanges sont, à plus d’un titre, très intéressants pour qui prend le temps de couper un peu son moteur pour échanger quelques mots
Dans un second temps, penser qu’il est possible de voyager « accrocher à ce fil d’Ariane qu’est une trace GPS, comme à la ligne de vie d’une via-ferrata » alors que tout un chacun parle régulièrement dans ses motivations de découverte de lieux inconnus des voyageurs de masse, d’aventure hors des sentiers battus, de bivouacs magiques loin de tout et de la foule… Et cela tout en s’étant copieusement équipés en « véhicule d’aventure tout-terrain » et d’accessoires pour vie en totale autonomie, semble peu cohérent. A mes yeux tout au moins.
Que l’on reste attaché à une trace au moment de traverser des zones minées, marécageuse, ou avec des risques physiques réels, je le comprends et le recommande même fortement. Mais ce n’est pas le cas sur 90% de la surface de la planète, et 99% des régions ou je me promène. En revanche, si c’est dans le seul but de s’éviter les risques de demi-tour, de marche arrière et surtout pour ne pas avoir à réfléchir par soi-même et devoir prendre une décision face à une carte ou encore à une intersection… Et puis, comme le dit mon fils, « On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise ! ».
Enfin, une autre raison qui me pousse à éviter de communiquer une trace trop précise, c’est de voir celle-ci se diffuser progressivement, souvent par des gens de bonne foi, et finir par être utilisée trop régulièrement, par des groupes importants ou par des gens moins respectueux des lieux traversés et des riverains.
A la longue, cela peut justifier une forme de rejet de la part des locaux et la fermeture de certains chemins. Alors que si certains « tracent leurs chemins par eux même », il y a de fortes chances pour qu’un seul tracé ne concentre pas tous les passages et les nuisances, et que ceux qui ne recherchent d’une trace à suivre sans effort ne fassent même pas le déplacement.
Et au propre comme au figuré, j’essaie le plus souvent de laisser le moins de traces possible de mon passage.
Ceci n’était qu’un « billet d’humeur », le temps d’une explication. En aucun cas l’ouverture d’une polémique ou une « agression » envers ceux qui ont pu me demander une trace. D'autant plus que nombreux sont ici ceux à partager mon approche

La diversité des motivations et la variété des pratiques fait la richesse des hommes et des voyageurs plus particulièrement.