Dimanche 10 août 2eme partie
Beaucoup de texte, pas beaucoup de photos vu les circonstances …
Rosso à une mauvaise réputation mais nous n'avons plus le choix.
Rosso a confirmé sa réputation ... Nous y passerons 4h horribles !
Donc pour cause de rumeur d'Ébola la frontière de Diama est fermée, mais pas Rosso, allez comprendre ! (6 jours après elle était toujours fermée !).
Donc 2 choix : annuler le voyage ou affronter Rosso, ce que nous avons choisi (suite à diverses rencontres lors du voyage, les conditions de racket sont plus légères mais existent aussi à Diama).
Arrivé à 14h à Rosso, vous avez une quantité de "passeurs" mieux habillés que la majorité, lunettes noires, qui viennent à votre rencontre pour vous "prendre en charge", ils vous proposent de vous aider en vous évitant les queues aux divers guichets et même si vous refusez ils s'imposent et ne vous quittent plus.
Précédé par un passeur, un grand portail en fer s'ouvre et se referme derrière nous et on entre dans la nasse.
Là dans cette cour, il y a les guichets officiels suivant (ils sont dispersés et pas signalés):
-offices de change pour les CFA
-assurance pour Sénégal (50€)
-taxe de commune (3€)
-bac (7.5€)
-police (3€)
-douanes (3€)
On passe à ces guichets et on reçoit à chaque fois un petit reçu, jusque-là tout va bien, si ce n'est la pagaille.
Ensuite l'arnaque ou plutôt le racket commence : le passeur nous emmène au "transitaire", (fonction inventée bien entendu), un civil qui se balade dans la cour. Ils se mettent à plusieurs, tous civils, au milieu de la place ou dans un coin, devenant menaçants et demandent 180€ !!
Évidement on refuse, on va voir un douanier qui dit "faut payer leurs services" (visiblement ils sont de mèche et ferment les yeux).
Un bac part, mais ils nous bloquent en disant "si tu ne payes pas, tu ne pars pas". Ils tentent sans réussite de prendre nos papiers voulant trouver une solution avec ce "transitaire".
On prétexte de vouloir faire demi-tour mais il y a le portail et on a déjà déboursé beaucoup depuis la France pour se dire "on ne va pas abandonner là".
On voit bien que d'autres passagers sont eux aussi en mauvaise posture, même des africains.
On craque moralement un peu, on négocie, on montre un porte-monnaie vide, le "tarif" descend petit à petit jusqu'à 50€ que l'on paye finalement pour être libérés et ne plus avoir cette meute sur nous.

le bac

La cour de Rosso côté Mauritanie
On prend enfin le bac, on se dit ouf, mais c'est un court répit !

la rive sénégalaise

en gris notre 2em "passeur" nous avait déjà repéré et surveillait sa proie tel un rapace
Arrivé de l'autre côté au Sénégal, rebelote, ça recommence !!
Même circuit administratif et d'autres "facilitateurs", et de ce côté, on s'en tire pour 100€ de racket.
De plus les douaniers ne sont pas habilités à tamponner les carnets de douanes ou ATA (carnet qui nous oblige à ressortir le véhicule du pays), ils vous donnent donc un "passavant" de 48h pour aller aux douanes de Dakar obtenir ce tampon ! Détour que nous n'aurions pas fait sinon.
Après 4heures de stress, de pression moral, de coups sur la voiture, de foule oppressante, de racisme, etc et 150€ de plus que les 40€ "officiels", le deuxième portail s'ouvre et nous sommes libérés et ce n'est pas qu'une simple image !
Du coup il est tard 18h, et la nuit tombe, j'avais prévu la nuit au camping "Océan" à Saint Louis qui est en fait dépendant de l'hôtel Dior sur la plage de l'hydrobase. J'avais d'ailleurs contacté Mme Dior pour avoir le "certificat d'hébergement" demandé pour le visa. Nous faisons donc les 100km dans la nuit mais la route est bonne.
Arrivés sur Saint Louis, nous traversons la ville grouillante de monde, passons le pont Faidherbe sur le fleuve Sénégal, l'ile et nous nous retrouvons sur la langue de Barbarie sans avoir vu grand-chose en raison de la nuit et de l'attention que l'on porte à la circulation anarchique. Il y a de tout, des taxis jaunes déglingués, des minibus d'un autre âge (d'antiques camionnettes Renault Goélette) tout cabossés, sans vitres, surchargés mais malgré tout jolis peint en jaune et bleu et décorés de divers textes et signes. Il y a des charrettes tirés par des ânes squelettiques, des chèvres ou moutons et profitant de la fraicheur revenue, beaucoup de piétons, de femmes en grandes robes colorées, des enfants insouciants et le commerce bat son plein.
Du côté langue de barbarie, c'est la partie "village" avec des petites rues très animées où l'on essaye de se frayer un chemin, puis sur 2km c'est le débarcadère des grandes pirogues de pèches et dans la nuit, nous apercevons tout de même leur couleurs et décorations magnifiques, mais il y a une "certaine" odeur …
Arrivés chez Dior (excusez du peu, ça fait plaisir de dire ce nom) vers 20h30, nous commandons un repas et nous garons le 4x4. Après une petite douche, nous allons au restaurant de l'hôtel pour se régaler d'une dorade chacun et de quelques frites (on ne se refait pas) sur une nappe rouge et un cadre luxueux après ce que nous venons de vivre.
Couchés aussitôt après.
Vers 3h du matin, un peu de bruit de véhicules : c'est un groupe de minibus et de 4x4 (les 3 hollandais rencontrés le matin) qui arrivent en convoi. En fait ils n'ont pas de carnet ATA, ils désirent se rendre en Gambie car là-bas on peut encore vendre son vieux véhicule et se payer un vol pour le retour. Mais dans ces conditions, la douane vous impose à la place du passavant une "escorte", qui n'est ni plus ni moins qu'un militaire, qu'il faut loger et nourrir et vous ne devez pas trainer en route. Cette "organisation" les a bloqués 7h de plus que nous à Rosso ! (faut en vouloir !)