Enfin de l’essence….
Nos militaires français ne sont pas toujours très élégants, mais comparés aux Afghans, ce sont de vrai play-boys. Nous nous trouvons devant une armée en guenilles, mal rasée, et apparemment assez inquiétante, quant à son honnêteté. L’inventaire rapide de notre véhicule étant fait, ils nous guident vers une sorte de cave où ils veulent que nous passions la nuit. C’est à parti de ce moment là que nous commençons à être prudents. Ce soir là, nous avons dîné dos-à-dos, en étoile, une main dans la poche où se trouvait notre camarade tu-tues ; et nous avons dormi d’un œil dans la voiture.
Le lendemain matin, nous sommes toujours vivants, il ne nous manque rien, mais nous n’avons toujours pas d’essence.
…. 5 galons : 20 litres ! ! !
Evidement, ici le carburant est beaucoup plus cher, puisque puisé dans les citernes de l’armée. Pour ne pas être volés, il faut tricher. Raymond trouve la solution en leur expliquant que nos jerricans sont d’origine française, et qu’ils ne contiennent que 20 litres et non 25 litres comme les jerricans U.S. Notre autonomie étant de 240 litres répartis entre deux réservoirs et cinq ou six jerricans par une série de transvasements. Nous avons réussi à nous faire « offrir » une bonne trentaine de litres. Au moment de payer, le prix à subitement augmenté, mais l’arrivé de quelques gradés a mis tout le monde d’accord et, en l’espace d’un éclair, nous avons repris la route sans aucune difficulté.
Nous avons environs 250 litres d’essence, une autonomie de plus de mille kilomètres, de cinq à six jours de route, et nous ne sommes plus qu’à quatre ou cinq cents kilomètres de Bamyan, où nous sommes sûrs de trouver de l’essence, ou plutôt du carburant, le mot est plus adapté à ce liquide qui comporte en gros moitié essence moitié gas-oil, le tout à un degré d’octane qui varie de 45° à 60°.
Le but est maintenant Band-l-Amir, le site, d’après Raymond, le plus grandiose qui nous sera donné de voir. En attendant, la piste est devant nous. Les cols sont de plus en plus nombreux et de plus en plus hauts (plus de 3.500 mètres) et nous roulons toujours en changeant de chauffeur toutes les heures. A quatre cela fait trois heures d’attente pour une heure de conduite. Ne nous sentant bien qu’au volant, les temps de conduite sont rigoureusement surveillés, et chacun essaie de tricher au maximum, oubliant de regarder sa montre.
Imaginez Beni au volant, à la fin de son temps.
Claude (l’emmerdeur) regarde sa montre :
- Oh ! Béni, t’es pas fatigué ?
- Encore cinq minutes !
Trente secondes plus tard, Pierre reprend :
- Pas fatigué, M. Beni
- M…., l’est pas l’heure !
La tension monte, ça devient bon. Raymond à son tour :
- Ca va, tu tiendras le coup ? Et il retire la clé de contact, ce qui à le don de faire « prendre un manche » à notre petit camarade, qui, de part notre convention, doit payer une tournée de tchaï à la prochaine étape.
Pierre reprend le volant et nous ne tardons pas à déboucher dans une vallée où il règne une certaine effervescence. Il y a là une centaine de personne, certaines à cheval, d’autres sont armées de vieux fusils, et il y a aussi des femmes ; ce sont les première que nous voyons. Elles ne portent pas le Tchadri, et, à notre approche, il n’y a que les plus jeunes qui se voilent. Peut être s’agit-il d’une fête, d’un marché ou d’un bozkachi régional ? Nous nous arrêtons et sommes accueillis par un homme jeune, vêtu à l’européenne, portant lunettes et cravate, ce qui a, au milieu de ce désert montagneux, quelque chose d’anachronique. C’est devant l’inévitable tasse de thé que nous apprenons que nous avons à faire au gouverneur de la province de Chakhcharan, qui procède à un recensement de la population. Chose qui ne semble pas facile, car la majeur partie de ces gens n’ont pas d’identité précise et ne connaissent pas leur âge exact. Une heure plus tard, nous regrettons d’avoir refusé de partager le repas du gouverneur, croyant trouvé mieux dans la capitale provinciale.
la suite mardi...
et je n en suis qu'a la moitié du récit....
