


Grain.de.Sable a écrit :oui.
je donne le droit à toute personne d'être pour ou contre la peine de mort en son âme et conscience.
mais la peine de mort n'est dissuasive de rien. les Etats américains où elle est en vigueur sont autant violent que les autres. Les pays où elle est en vigueur ont autant de tueurs en séries ou autres monstres que les autres.
par définition un délinquant ou criminel passe à l'acte persuadé qu'il peut, qu'il va passer entre les mailles du filet. et dans des actes de ce genre fruits d'une perversion, d'un élan de prédation sur lequel aucune réponse rationnelle n'a de pouvoir.
la vraie question de la peine de mort est de savoir si elle est là pour défouler la colère populaire et répondre à son désir de vengeance (qui peut être tout-à-fait compréhensible d'ailleurs) ou pas. et là, c'est à chacun d'y trouver une réponse.
Grain.de.Sable a écrit :je n'aime pas qu'on compare. surtout quand cela tend à déresponsabiliser une personne.
une perversion est une explication à un acte qui dépasse l'entendement et pas une circonstance atténuante. une addiction à l'alcool de même ... même si ce n'est pas la même en soi. va dire à une famille détruite par la mort d'un enfant tué sur la route par un mec bourré que le pauvre il est victime de son addiction et que c'est pas sa faute. c'est comme les maris violent qui harcèlent (voire plus leurs femmes) et qui le jour où il y a meurtre on appelle gentiment ça un crime passionnel alors que c'est une des pires choses qui soient que d’ôter la vie de qq'un parce qu'il ose ne pas vouloir être la chose de l'autre (on est de nouveau face à un mode de fonctionnement et non une pathologie).
si en revanche on est face à un crime/délit dans un cadre de crise (état dépressif violent par exemple), c'est différent ; mais pour moi cette maladie ne saurait être une excuse mais une explication un contexte, voire une façon de gérer la peine autrement.
pour le reste peine de mort ou pas, la question est nettement plus complexe qu'il n'y paraît. le pb de fond n'est pas de savoir ce que le gars mérite ou pas, car là on a des approches et un vécu différent. et c'est bien normal. Tout comme à l'échelle individuelle, il peut y avoir des colères à l'échelle collective. la question est la justice est-elle pour répondre et soulager le désir de vengeance d'une société ou d'un individu ; ou est-elle là pour donner de façon froide et neutre détachée du pathos (normal) des victimes et de la population un avis neutre et objectif.
oui si on faisait à un de mes gosses, j'aurais envie de le tuer à titre personnel, l'envie de vengeance répondrait logiquement à ma douleur. Mais pour moi l'Etat n'est pas là pour me venger. Mais c'est très personnel. Les réactions "violentes" que l'on a ici sont des réactions viscérales dues à un choc, un sentiment d'horreur. Tout cela est terriblement humain.
Le pire dans tout cela c'est que si la peine de mort peut satisfaire une famille, paradoxalement la mort une fois donnée ne soulage pas de la douleur. (vu dans des reportages, au USA, et cette famille qui était pro peine de mort avant l'exécution de l'assassin est devenue militante anti-peine de mort après avoir assisté à l'exécution).
sinon, oui pour de nombreuses choses dans un pays, une certaine idée de la dignité coûte cher mais pour d'autres ça n'a pas de prix.
Grain.de.Sable a écrit :justement, j'assume le fait que la colère peut donner envie de se venger. la colère devant les actes commis, la colère devant une justice qui ne donne pas les réponses adaptées parfois aussi. Mais je pense fondamentalement que la justice n'est pas là pour être le bras armé d'une vengeance par essence personnelle, pour venger par procuration. Elle est là pour arbitrer de face neutre et distanciée.
Ensuite, oui se faire justice soi-même est un crime aussi, mais je le comprends. et je suppose que cela me concernerait aussi. Mais je fais là différence entre mes élans de haine potentiels et une décision de justice qui n'est pas là pour les satisfaire ou les défouler.