Petite interlude.
Autrefois, aujourd'hui.
Quatre heures de delire dans le bush.Coincé dans le 4x4.
« Si elle n’était pas partie, j’aurais foutu le camp de toute façon. »C'est de mon ex. que je parle
Depuis une heure je monologue avec mon cinq ou sixième WhyskeyBaby. Mes psychos comme je les appelle.
Le Bar du Zinc c’est l’arrêt obligatoire d’après travail, celui qui me permet de retardé le plus longtemps possible le moment ou je vais retrouver l’espèce de mansarde qui me sert de logement depuis mon divorce.
« Putain, déjà onze heures «
L’empafé qui m’empoisonne depuis deux ans avec son alcool passe et repasse son chiffon sur le comptoir immaculé, une façon de me faire comprendre qu’il est tard et que ça fait belle lurette qu’on est en duo.
« Angelo, un autre Baby .Comme on dit, le dernier pour la route. »
Je souris grassement de ma connerie. Lui pas du tout.
Moi je pars du principe que le client est roi.
« Dessuite monsieur Lippi »
Mon nom c’est Lippi.L. I P. P. I. Inspecteur de police deuxième échelon, pas prêt de passer le premier.Trop vieux et depuis quelques temps trop alcoolo. D’autres diront trop con
Au boulot on m’appelle le Hippie.
C’est plus facile de dire » Untel tu pars avec le Hippie » qu’avec « Le Lippi » qui aurait sûrement tourné en « Lapin « Une consœur qui te dit « Tu viens mon lapin » Ca ferait jaser dans le poste.
Du Hippie j’ai pris la dégaine, Jeans délavé, veste cuir noir que certains prétendent limite crade. Moi je dis patiné légèrement auréolé. Et les cheveux longs, noirs de jaie a une certaine époque mais devenus filasseux grisonnant avec le temps et le laissé allé.
«Tiens-y’a vos collègues qui sont au Grand Restaurant »
P’tain l’Angelo y fait des progrès depuis qu’on se fréquente c’est la première fois qu’il me dit plus de trois mots. D’habitude c’est:
Oui Monsieur Lippi.
Sur Monsieur Lippi.
« Faut bien qu’ils fassent marcher la concurrence, moi je viens chez toi eux y vont chez les autres»
« C’est pas ça que je veux dire. Monsieur Lippi. Ils ont les gyrophares »
Je me retourne, et je vois de l’autre coté de la place les lueurs blafardes et tournoyantes des deux voitures de services.
Mon vibro se met en branle. Je décroche.
»Ouais Mandoline……Au Bar du Zinc..Je vous voie…Qu’est ce qui se passe? ….Trop long? Ouais !!! Il en reste encore un petit peu…D’accord..J’arrive
« Angelo, tu marques tout ça. Passes moi la bouteille de whisky. Tu la rajoutes. »
« Oui monsieur Lippi »
Lugubre dehors. Le brouillard commence a s’installé et la lumière bleu des gyros en rajoute encore une couche.
Le Grand Restaurant c’est le resto classe de la ville. Là où le gratin aime se montrer. Il a été repris il y a quelques années par un asiatique qui a gardé l’ancienne enseigne. Soit par économie, soit pour la notoriété. De toute façon il a réussi les deux. Sauf que tout le monde l’appelle le restaurant chinois.
Mandoline est aussi inspecteur deuxième échelon, mais vu qu’il a quinze ans de moins que moi il me prend pour le chef. Vie bien rangée femme et enfants, ça plait a la hiérarchie, un de ces jours il va décrocher son premier degré.
Mandoline c’est le surnom que je lui ai donné car son vrai nom c’est Thard T.H.A.R.D et son connard de père l’a prénommé Guy.
Vu qu’on fait souvent équipe, vous voyez le topo le matin après le briefing.
« Le Hippie tu prends la Guitare »
Des fois je me demande si nos chefs sont conscients que l’on a un 9 mm à la ceinture.
« Alors Grandin on se les caille dehors»
« Faut bien des baisers chef »
« La hiérarchie mon petit. Premier arrivé, premier servi »
Avec ses six mois d’ancienneté il n’a pas fini de se les geler.
« Passez par derrière chef. »
Pour trouver l’entrée c’est pas difficile, il suffit de suivre les ordures qui parsèment le sol.
Avant de toucher la porte j’enfile mes gants. Dans le jargon de la flicaille ont dit, préservatif
Vous avez tous vu ça dans les feuilletons a la télé.
La Nana, oui parce que maintenant c’est plus les mecs qui dirigent les enquêtes, enfile ses capotes et commence à tourné sur la scène du crime. La prochaine fois regardez bien il n’y a qu’elle et son alcoolite qui sont protégés tous les autres a main nue.
J’ouvre.
Mandoline et deux gars de la brigade sont dans le couloir menant aux cuisines
« Tiens je t ai ramené le remontant »et je lui tends mon Carte Noire.
« Qui c’est le responsable ? »
« T’es le plus ancien, c’est toi »
« Merci Mandoline. C’est quand que tu vas le grimper ce putain échelon ? Que vous m’emmerdiez plus avec vos responsabilités ! »
« A voir vos tronches, je ne pense pas que ce soit une cambriole. »
Nous louvoyons entre les tables de travail, chariots et autres piles de casseroles.
Enfin nous y voilà.
Heureusement que j’étais passé au Bar du Zinc avant de venir.
Je comprends maintenant la pâleur de mes collègues tout à l’heure.
« C’est quoi ? De l’eau ?»
« Non de l’huile. »
« Et le cadavre ?«
« Le proprio »
« Vous etes sur ?«
« C’est la veuve qui l’a découvert et qui nous a appelé. Elle est à l’étage avec le docteur.»
« Bon envoie quelqu’un pour l’interyouver et pas comme des brutes, mettez y des gants. »
« A elle aussi ? »
Je mets quelques secondes à comprendre la méprise de mon collègue. Lui aussi.
Du coup l’atmosphère se dilate un peu.
« Bon ! Mandoline, on va s’occuper de la friture. »
Là ça tourne complètement au délire.
« Oh !! les gars du calme, un peu de respect y’a un cadavre »
« Pas de souchi chef »
Une friteuse, soixante cm de diamètre sur soixante dix cm de profondeur, pleine d’huile bouillante. Notre type y a été plongé tête première jusqu'à ce que mort s’ensuive.
J’espère pour lui qu’il était mort auparavant.
Maintenant il gît allongé scotché comme un colis postal sur une table de travail contiguë. La tête complètement frite. C’est comme ça que sa femme l’a trouvé, avec un détail troublant, une feuille de papier A4 épinglée sur son dos avec deux mots écris en chinois.
« Préviens chez toi que tu rentreras tard ce soir. Les autres aussi »
« Des que la police scientifique est passée, tu suis la routine »
« Et fait moi un max. de photos. Moi je me casse, c’était ton tour de service ce soir ? Non ?»
« Au fait Mandoline, d’après toi, ils vont s’en resservir de l’huile »
Je crois que le Grand Restaurant vient de perdre un client, a tout jamais.
Sur la place, Grandin c’est mis a l’abri dans un des véhicules et a éteint les gyros. Walkman sur les oreilles il a l’air d’être partis dans ces rêves de jeunes.
Je m’engage sur la Grande Rue.
Le Grand resto, la Grand rue, Place du grand Marché, rue de la Grande Armée, ça fait grandiloquent pour une petite ville. Peut être une manière de s’affirmer.
Il fait bon de marcher dans la rue seulement accompagnée par le brouillard. La fraîcheur a fini de me dégriser. Il va falloir que je pense sérieusement à freiner sur les Babys.
Chick Chick Chick Tchac tchac tchac Chick Chick Chick
Mon supplice de tous les soirs.
L’enseigne du Pharmacien.
Vous savez ces trucs en néon vert qui clignotent une fois verticalement et l’autre horizontalement.
Située à quelque chose près au milieu de la Grand rue qui est malheureusement très grande, il me faut environ dix minutes pour l’atteindre.
Dix minutes obsessionnelles.
Deux pas Chick Chick Chick
Deux autres pas Tchac Tchac Tchac.
D’ailleurs j’ai depuis longtemps réglé ma marche sur la cadence de ce tromboscope.
Je pense aux gens qui forniquent la nuit dans l’immeuble d’en face.
Un coup je te vois un coup je te vois pas.
« Chérie, tu me préfères avec les rayures en hauteur ou en largeur. »
Chick Chick Chick Tchac Tchac Tchac.
La lumière verdâtre s’estompe je m’enfonce dans l’obscurité et dans mes pensées.
J’appelle Mandoline.
« Guy ? Ouais c’est moi l’Hippie. Et non. Je ne te fais pas la gueule parce que je t ‘appelle guy. C’est juste que pour un futur chef je trouve que cela faisait mieux.
C’est ça je fais de la lèche. »
C’est au sujet de la feuille de papier. Mets sous sceller tout ce qui est ordinateur photocopieur et rame de papier.
Elle vous a traduit les chintoqueries ? Ah !!C’est du Japonais !!
Et alors. ?
Autrefois aujourd’hui ?
Ca nous avance guère.
Allez tchao. »
Autre fois aujourd’hui ? Je ne suis pas prêt de m’endormir ce soir.
Au loin la lumière verdâtre semble me faire des clins d’œil.
Chick Chick Chick Tchac Tchac Tchac
Chercheur d'or en Australie
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nuggets (en ligne!)
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Re: [nuggets] Gold prospecting:Un froggy chercheur d'or en Australie (en réponse à...)
3 avril 2009 à 22:25
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Je ne pourrais vous dire quand la pluie à cessée.
Plongé dans l’écriture de mon texte, le monde a continué de tourner sans moi.
Un coup d’œil à la pendule du tableau de bord.
Trois heures p.m
L’état du terrain autour de moi ne me donne guère envie d’aller faire un tour dehors.
Un sol complètement détrempé ou l’on doit s’enfoncer jusqu’aux chevilles, par-dessus ça vous mettez une couche de vent, qui, s’il a l’avantage de chasser les nuages, il rend passablement plus frisquet l’atmosphère.
Et toujours en contrebas mon creek plein a ra bord.
En gros, pour résumer la situation je suis bloqué ici pour une dizaine de jours.
C’est pas beau !!!
Qui n’a pas rêvé un jour de se retrouvé, solitaire, sur une île déserte au milieu de la mer ?
Robinson Crusoé nous a laissé un héritage génétique.
Et aujourd‘hui j’ai touché le Jack Pot. (l’héritage).
Mon île à moi c’est ce petit mamelon et mon océan, les centaines de km de bush qui me séparent du premier village.
Ne vous attendez pas à ce que je vous décrive une partie de pêche mémorable dans la rivière avec une épingle a nourrice trouvée dans la boite à couture avec comme ligne un fil de laine défait de mon pull en pur coton. Oui je sais, de la laine dans du pur coton ça ne fait pas très sérieux. C’est de l’humour au second degré.
Ni d’aller ramasser des papayes ou autres fruits exotiques.
Ici, pour moi, humble individu issu de notre société de consommation ou chaque geste est conditionné par la mode, la TV et l’assistanat; je suis dans le désert complet.
Mon ravitaillement, il est dans les coffres du 4x4.
Environ soixante dix litres d’eau
Une dizaine de litres de bière. A première vue cela semble beaucoup, mais ça ne fait grosso modo qu’une trentaine de canette de trente sept centilitres. A trois canettes par jour, le calcul est vite fait.
Dix jours.
Pour la bouffe pas de problème non plus.
Du riz en vois tu en voilà.
Les pates n’en parlons pas. Entre spaghettis, tortellinis, fuselinis, raviolis et gnocchis je pourrais ouvrir ici en plein milieu de rien du tout (woop woop en australien)une trattoria.
Resterais plus qu’à trouver la clientèle.
Donc coté ravitaillement pas de problème.
Les trois jours qui suivent, c’est lire dormir manger, je crois que maintenant on appelle cela le cocooning. A l’époque le farniente.
Ce matin je suis parti une petite heure pour tâter le terrain.
Le creek est pratiquement à sec. Quelques flaques dans le creux des roches, le sable lui, a repris ces droits.
La boue est quasi inexistante, le soleil et le vent ont eu raison de l’humidité.
Je pense que demain je devrais reprendre la prospection.
Pour l’instant c’est grand ménage dans le 4x4.
L’après midi c’est terminé par un super coucher de soleil. Un des plus beau qu’il m’a été donné de voir. Quarante minutes de folie.
La nuit tombe, le ciel c’est complètement dégagé.
Au zénith, la voie Lactée avec les constellations du Sagittaire et du Scorpion.
Un verre de rhum à la main, bien calé dans mon fauteuil je me laisse envoûter par ce théâtre de lucioles.
Ce matin comme les autres matins j’ai changé de maîtresse.
Des bras de Morphée je suis passé dans ceux d’Aurore.
Apres cette semaine de pluie et ce frisquet vent du sud, je retournerais bien dans les bras de la première.
Programme du jour.
Prospection.
Huit jours sans, je déprime à fond les vélos et j’ai bien du perdre trente grs d’or.Ca c’est mon coté vénal.
Petit dej : Un bol de thé, quatre sucres et un soupçon de lait.
Je sors les panneaux solaires pour recharger la batterie auxiliaire.
Prépare mon matériel de détection.
Réapprovisionne mon sac dos.
Et me voilà fin prêt à aller chercher fortune ou plus simplement à aller me balader.
La fortune en prospection ? J’ai un gros doute sur la véracité de cet état de fait.
Donc avec mon détecteur je vais me promener et advienne que pourra.
Mes pas m’emmènent tout naturellement vers le creek.
Ca descend. Et d’après les lois de la physique; tout corps lancer en l’air retombe par terre. Sauf le boomerang qui lui te revient dans la gueule.
La rivière est à mes pieds, complètement à sec. Une saignée de deux mètres de profondeur sur cinq à six mètres de large.
Apres dix minutes de crapahu parmi les branches et les racines je trouve enfin un passage.
Par endroit le sol a été complètement nettoyé de son sable, le bed rock, le lit mère de la rivière, s’étale sur des dizaines de mètres.
Le travail du détecteur est limité en profondeur.
Tout dépend de la grosseur de l’objet décelé.
Une pépite de 0, 5 grs fera réagir l’appareil jusqu’à dix centimètres et une grosse masse métallique jusqu’à un mètre.
Je vous dirais que si vous creusez un mètre dans un terrain quasiment vierge il y a de fortes chances que vous frisiez l’infarctus.
Donc bonne aubaine pour la prospection, car sans le sable, qui peut représenter une couche qui peut atteindre plusieurs centimètre d’épaisseur, l’on se trouve directement en contact avec d’hypothétiques pépites qui se seraient glissées dans les failles.
Une autre raison de me réjouir, le creek étant le collecteur de toutes les merdouilles, balles de plomb, barbelés, agrafes et autres boites de conserves qui traînent dans les collines avoisinantes. Il devient vite pénible de travailler dans de tels endroits.
Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous
Y a de quoi devenir dingue (vous connaissez !!!)
Sauf que là a chaques fois ce sont de grands trous.
En general au bout d'une heure on remonte dare dare en jurant les grands dieux que l'on n'y remettraait plus les pieds.
Donc devant moi un beau bed rock vierge de sable.
Je délimite une zone et commence à travailler sur les petites fissures, c’est plus facile s’il y a de l’or il se trouvera à fleur de roche.
Deux alertes.
Une pépite.
A vu d’œil cinq, six grs.
Elle brillait en surface comme un sou neuf. Même pas le plaisir de creuser.
Jamais content, quand il faut creuser, on râle et quand on ne creuse pas on râle encore.
Je le sens bien ce coin. Facile à dire maintenant que j’ai fait une première découverte.
J’ausculte centimètre carré par centimètre carré. Tout en évitant de passer sur les grosses failles. Je me les réserve pour après.
Je sens un gros truc là dedans.
Pris par l’excitation j’ai shunté le repas de midi.
Rentrée vers le 4x4 au coucher de soleil.
Collecte de bois pour le feu. Pas trop envie de me préparer à bouffer.
Ce soir se sera, un bout de fromage, cornichons et une bière.
Pas très détiétique tout çà mais ce n’est pas tous les jours que l’on trouve trente cinq grammes d’or.
Ce soir je ne regarde pas les étoiles.
A la lueur du feu de bois je contemple mes pépites éparpillées sur la table de camping..
