Les quatres-quatreux, des "beaufs" selon un journa
Posté : mar. août 10, 2004 1:53 pm
Voici l'éditorial d"une grande revue automobile que je viens de lire et dont je vous fait part;
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Près de 90 000 4x4 ont été vendus l’an passé, c’est beaucoup dans un pays réputé pour la qualité de son réseau routier, et pratiquement dépourvu de déserts. C’est même énorme si l’on songe que l’avis même de ceux qui les vendent, 95% de ces engins ne poseront jamais leurs pneus (de route) hors du bitume. C’est surtout ennuyeux quand on sait qu’un 4x4 est plus dangereux, plus gourmand et plus polluant qu’une voiture normale. Sur le manuel de l’utilisateur, il n’est pas précisé en gros caractères noirs « le 4x4 tue » ou « conduire un 4x4 nuit à votre entourage » , mais cela pourrait s’envisager. Excessif ? à peine. Mesurez la hauteur de la calandre d’un gros 4x4, voyez à quelle hauteur se situe la tête d’un conducteur assis dans une berline et imaginez un choc latéral. Ajoutez à cela un poids qui atteint souvent, voire dépasse, les 2 tonnes avec parfois en prime un freinage et une tenue de route médiocres, et vous comprendrez qu’il y ait péril en la berline.
Et si cela ne suffisait pas, bon nombre de baroudeurs de boulevards se distinguent en installant en bout de capot un pare-buffles. Un gadget qui présente l’inconvénient d’aggraver les conséquences d’une collision et de tuer net son piéton à 20 km/h. Ce ravissant accessoire est certes indispensable à l’affichage « ostentatoire » de son mépris d’autrui, il est néanmoins strictement interdit par au moins deux articles du Code de la route. Mais comme bizarrement il semble bien plus difficile à détecter pour les forces de l’ordre qu’un poinçon oublié sur une vignette de contrôle technique, le risque de PV est aussi faible que celui de croiser un buffle sur les Champs-Élysées.
Donc le 4x4 tue, en tout cas plus « facilement » que toute autre voiture. Il pollue aussi davantage à cause de son aérodynamique de lave-linge, de son surpoids et de ses deux roues motrices supplémentaires qui lui font consommer deux à quatre litres de plus.
Comment expliquer alors que malgré ces tares, le 4x4 ait quintuplé sa part de marché depuis 1993, atteignant aujourd’hui 5% des ventes de voitures neuves ? Peut être justement à cause de ses défauts. Comme le disent de nombreux propriétaires, « avec mon 4x4, je me fais plaisir sans rouler vite . » Traduire « Assis plus haut que les autres dans mon énorme engin bardé de ferraille, je n’ai pas besoin d’aller vite pour me sentir puissant . » La masse comme substitut de la vitesse, en quelque sorte. Bien qu’inconsciente, cette équation est parfaitement exacte du point de vue de la physique : à 130km/h, un 4x4 Porsche Cayenne de 2.3 tonnes développe une énergie cinétique équivalente à celle d’une Porsche 911 de 1300 kilos lancée à 180 km/h. Et avec son museau très bas et son moteur à l’arrière, la seconde fera bien moins de dégâts en cas d’accident que le premier.
Il n’y a pas si longtemps, l’automobiliste qui se piquait de non-conformisme et de sportivité se hasardait assis au ras du bitume dans de petits bolides frisant la tonne. Roadster, coupé ou cabriolet, MG, Alfa ou Porsche, ils avaient pour point commun que celui qui les conduisait risquait davantage sa peau que celle de son prochain sur la route. C’était le temps des gentlemen-drivers. Voici celui des « beaufs » baroudeurs.
Jean Savary
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Près de 90 000 4x4 ont été vendus l’an passé, c’est beaucoup dans un pays réputé pour la qualité de son réseau routier, et pratiquement dépourvu de déserts. C’est même énorme si l’on songe que l’avis même de ceux qui les vendent, 95% de ces engins ne poseront jamais leurs pneus (de route) hors du bitume. C’est surtout ennuyeux quand on sait qu’un 4x4 est plus dangereux, plus gourmand et plus polluant qu’une voiture normale. Sur le manuel de l’utilisateur, il n’est pas précisé en gros caractères noirs « le 4x4 tue » ou « conduire un 4x4 nuit à votre entourage » , mais cela pourrait s’envisager. Excessif ? à peine. Mesurez la hauteur de la calandre d’un gros 4x4, voyez à quelle hauteur se situe la tête d’un conducteur assis dans une berline et imaginez un choc latéral. Ajoutez à cela un poids qui atteint souvent, voire dépasse, les 2 tonnes avec parfois en prime un freinage et une tenue de route médiocres, et vous comprendrez qu’il y ait péril en la berline.
Et si cela ne suffisait pas, bon nombre de baroudeurs de boulevards se distinguent en installant en bout de capot un pare-buffles. Un gadget qui présente l’inconvénient d’aggraver les conséquences d’une collision et de tuer net son piéton à 20 km/h. Ce ravissant accessoire est certes indispensable à l’affichage « ostentatoire » de son mépris d’autrui, il est néanmoins strictement interdit par au moins deux articles du Code de la route. Mais comme bizarrement il semble bien plus difficile à détecter pour les forces de l’ordre qu’un poinçon oublié sur une vignette de contrôle technique, le risque de PV est aussi faible que celui de croiser un buffle sur les Champs-Élysées.
Donc le 4x4 tue, en tout cas plus « facilement » que toute autre voiture. Il pollue aussi davantage à cause de son aérodynamique de lave-linge, de son surpoids et de ses deux roues motrices supplémentaires qui lui font consommer deux à quatre litres de plus.
Comment expliquer alors que malgré ces tares, le 4x4 ait quintuplé sa part de marché depuis 1993, atteignant aujourd’hui 5% des ventes de voitures neuves ? Peut être justement à cause de ses défauts. Comme le disent de nombreux propriétaires, « avec mon 4x4, je me fais plaisir sans rouler vite . » Traduire « Assis plus haut que les autres dans mon énorme engin bardé de ferraille, je n’ai pas besoin d’aller vite pour me sentir puissant . » La masse comme substitut de la vitesse, en quelque sorte. Bien qu’inconsciente, cette équation est parfaitement exacte du point de vue de la physique : à 130km/h, un 4x4 Porsche Cayenne de 2.3 tonnes développe une énergie cinétique équivalente à celle d’une Porsche 911 de 1300 kilos lancée à 180 km/h. Et avec son museau très bas et son moteur à l’arrière, la seconde fera bien moins de dégâts en cas d’accident que le premier.
Il n’y a pas si longtemps, l’automobiliste qui se piquait de non-conformisme et de sportivité se hasardait assis au ras du bitume dans de petits bolides frisant la tonne. Roadster, coupé ou cabriolet, MG, Alfa ou Porsche, ils avaient pour point commun que celui qui les conduisait risquait davantage sa peau que celle de son prochain sur la route. C’était le temps des gentlemen-drivers. Voici celui des « beaufs » baroudeurs.
Jean Savary
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