LA CASPIENNE en fourgon de plombier, échec au Daghestan !
Posté : sam. nov. 11, 2023 12:16 pm
Bonjour
Je n'avais pas pris le temps de partager ce voyage avec vous.
C'est l'occasion de rappeler ce que me répétaient les anciens sur le Moyen-Orient il y a 50 ans quand je jouais les kakous :
" Ici, c'est la route qui commande, pas toi. Alors dégonfle ton melon, ferme-la et roule en croisant les doigts ! "
Ce roadtrip le long de la mer Caspienne en 2012 illustre parfaitement ce conseil.
Bon, pour les photos, soyez indulgents. Elles sont prises avec un petit compact basique et suivent exactement le parcours.
On retrouve ce compte-rendu sur
VAN WORLD TOUR
Allez, c'est parti
Nous avons prévu quelques jours au Daghestan avec trois objectifs.
D'abord, voir la Caspienne qui me fuit désespérément depuis plus de 30 ans ! J'ai roulé à proximité sans jamais pouvoir l'approcher.
Ensuite, visiter Derbent (Дербент), la plus ancienne ville de Russie dont me parlaient les routiers soviétiques.
Enfin, franchir le Terek, le fleuve mythique des Cosaques du "Don paisible" de Cholokhov lu avec passion à mon adolescence.
Tout cela en évitant Kizlyar (Кизля́р) où ont lieu en 2010-2012 les attentats islamistes les plus meurtriers
Sauf que rien ne se passera comme prévu et qu'aucun de ces objectifs ne sera atteint

1. La veille, nous avons terminé notre séjour dans le delta de la Volga à Lagan.
Nous quittons la ville en matinée.
En avril, les steppes sont encore vertes.

2. Artezian passé, nous entrons au Daghestan après un double contrôle policier.
La steppe devient maintenant plus aride.
Beau contraste entre un ciel bleu, des fleurs jaunes, un Trafic blanc.
Mais depuis ce matin, nous ne croisons que très peu de véhicules !

3. Puis la végétation se raréfie, moutons et chameaux remplacent les chevaux.

4. Soudain, sans signalisation, le goudron disparait !
Un routier nous annonce que la 119 est entièrement en travaux jusqu'au nord de Kizlyar.
Malgré tout, nous décidons de continuer.

5. Mais la piste ne traverse aucun village et surtout devient de plus en plus mauvaise.
C'est un mélange de terre et de sable avec d'énormes ornières.
Et toujours personne.
C'est d'autant plus angoissant que Sylvie m'annonce que depuis longtemps il n'y a plus aucun réseau de téléphone.

6. On erre de piste en piste sans savoir où l'on est.
J'essaie de me repérer aux poteaux et fils électriques mais le problème, c'est qu'ils ne mènent nulle part !

7. Enfin on trouve un village.
Mais il est complètement détruit.
Bombardement ? Attentat ? Représailles ?
Et toujours pas de présence humaine.
Sylvie est muette, et ça ce n'est pas bon signe !

8. Soudain, au bout d'un chemin complètement défoncé, on aperçoit un village.
Sauvés ?

9. Pour l'instant, toujours personne !
Sylvie reprend espoir :
"Regarde, des chameaux. Le village doit être habité. On est certainement près de la Caspienne."

10. On rentre dans le village.
On trouve une petite mosquée d'où sort un vieil homme.
Il nous regarde, incrédule, comme si nous étions des extra-terrestres !
Un jeune arrive, et nous confirme que nous sommes bien sûr au Daghestan, mais pas du tout du côté de la mer Caspienne !

11. Un peu plus loin nous nous arrêtons pour quelques provisions.
Nous avons l'impression d'avoir encore changé de monde.
Foulards pour les femmes, les hommes dehors autour d'un thé, les commerces dans la rue, un habitat précaire ............

12. Par chance, nous trouvons un minuscule restaurant qui nous sert une délicieuse cuisine locale.
Les plats, plus épicés qu'à Astrakhan, sont préparés selon les traditions religieuses.

13. Nous retrouvons la route de Kizlyar que nous contournons par l'Ouest.
A l'embranchement vers Grozny, un barrage militaire nous bloque.
C'était prévisible, depuis le début des années 2010, c'est ici qu'ont lieu les attentats islamistes les plus meurtriers.
L'ambiance est pesante, tendue, avec des soldats surarmés, des officiers nerveux.
Notre chance sera de tomber sur un agent du FSB, un vrai professionnel :
. interrogatoire en anglais
. questions croisées
. fouille méthodique du fourgon
. visionnage de nos photos ......
Son verdict, interdiction de continuer vers Makhachkala et Derbent, retour vers la Russie !
Nous ne sommes pourtant qu'à 3 km du Terek. J'essaie de négocier, mais il reste intraitable.

Au total, le bilan de notre entrée au Daghestan est calamiteux !
Surtout pour moi !
1. Je ne sais pas où nous sommes allés.
2. J'ai failli casser le fourgon.
3. Je n'ai toujours pas vu la Caspienne.
4. Nous n'avons pas franchi de Terek.
5. Nous n'avons pas visité Derbent.
6. Nous allons dormir à Kizlyar que je voulais absolument éviter.
7. Madame est en colère !
14. Heureusement, cette journée infernale se terminera par une belle rencontre.
A la recherche d'un bivouac nocturne dans les faubourgs de Kizlyar, une famille nous propose de dormir devant leur modeste maison.
Nous voyant dîner dans le fourgon, ils viendront nous apporter le thé accompagné de délicieux gâteaux.

15. Le lendemain matin, après avoir remercié nos hôtes, nous entrons à Kizlyar.
J'en profite pour adresser un salut amical au projet X82, le futur Trafic III.
Nous avons été très surpris d'apprendre que les aventures de notre petit fourgon étaient suivies à Guyancourt.

16. Fourgon garé, nous partons pour une petite promenade.

17. Le caractère multi-ethnique de la société daghestanaise se remarque partout dans les rues.

18. Puis nous entamons le long retour vers Astrakhan à travers ces pistes sans fin, sans indication, piégeuses en 2RM.

19. Pendant des heures, il faut rester concentré, vigilant, "lire la route", anticiper, éviter les portions de sable, ménager les suspensions ........
En bref, mobiliser l'expérience des TIR.

20. Nous retrouvons le village où nous avons mangé la veille.
Les chameaux sont toujours là, comme s'ils nous attendaient.

21. Après la frontière avec la Kalmoukie, le ciel se dégage lorsque nous faisons halte dans un hameau perdu au milieu de la steppe.

22. En continuant vers le nord, nous retrouvons une végétation moins aride et les fougueux chevaux qui ne se laissent pas facilement approcher.

23. En fin de journée, nous franchissons la Volga par le Staryy Most (Старый мост) au sud d'Astrakhan.

24. Ce long retour se terminera par un coup de chance.
Nous avions prévu un hôtel Astrakhan.
A l'arrivée, plus de chambre double comme demandé, mais pour le même prix, ils nous offrent une suite !
Un grand salon avec canapé, bureau, télévision. Dans l'autre pièce, une immense chambre avec fauteuils et une deuxième télévision.
La luxueuse salle de bains comblera madame !

25. Le lendemain, journée tranquille à Astrakhan qui fera oublier à Sylvie les échecs du Daghestan.
On débute par un excellent petit-déjeuner, à la russe, avec oeufs, charcuterie, crêpes fourrées .......
....... acompagné de la traditionnelle crème fraîche (сметаны), servie à volonté.
Pas vraiment diététique mais délicieux.

26. Puis nous allons faire un petit coucou à Vladimir Ilitch.

27. Ensuite, direction le marché que nous connaissons bien maintenant.

28. Nous prenons notre dernier repas au restaurant Tchétchène.
Succulent, comme d'habitude.
Les cuisinières veulent voir les photos de nos trois enfants.
Comme dans tous nos voyages, elles félicitent la maman, jamais le papa
Les adieux sont très chaleureux.

29. L'après-midi est consacré à une nouvelle visite des splendeurs du Kremlin.
Un ciel azur, une température printanière, peu de monde ....... ce fut parfait.

30. Nous terminons cette belle journée par une soirée confortable dans notre suite.
Prochaine étape, Stalingrad !

EPILOGUE
Il nous faudra attendre plusieurs années pour enfin apercevoir cette p.tain de Caspienne.
En Iran, du côté de Bandar-e Anzali.
Cordialement
Sylvie & Bernard

Je n'avais pas pris le temps de partager ce voyage avec vous.
C'est l'occasion de rappeler ce que me répétaient les anciens sur le Moyen-Orient il y a 50 ans quand je jouais les kakous :
" Ici, c'est la route qui commande, pas toi. Alors dégonfle ton melon, ferme-la et roule en croisant les doigts ! "
Ce roadtrip le long de la mer Caspienne en 2012 illustre parfaitement ce conseil.
Bon, pour les photos, soyez indulgents. Elles sont prises avec un petit compact basique et suivent exactement le parcours.
On retrouve ce compte-rendu sur

Allez, c'est parti

Nous avons prévu quelques jours au Daghestan avec trois objectifs.
D'abord, voir la Caspienne qui me fuit désespérément depuis plus de 30 ans ! J'ai roulé à proximité sans jamais pouvoir l'approcher.
Ensuite, visiter Derbent (Дербент), la plus ancienne ville de Russie dont me parlaient les routiers soviétiques.
Enfin, franchir le Terek, le fleuve mythique des Cosaques du "Don paisible" de Cholokhov lu avec passion à mon adolescence.
Tout cela en évitant Kizlyar (Кизля́р) où ont lieu en 2010-2012 les attentats islamistes les plus meurtriers

Sauf que rien ne se passera comme prévu et qu'aucun de ces objectifs ne sera atteint


1. La veille, nous avons terminé notre séjour dans le delta de la Volga à Lagan.
Nous quittons la ville en matinée.
En avril, les steppes sont encore vertes.

2. Artezian passé, nous entrons au Daghestan après un double contrôle policier.
La steppe devient maintenant plus aride.
Beau contraste entre un ciel bleu, des fleurs jaunes, un Trafic blanc.
Mais depuis ce matin, nous ne croisons que très peu de véhicules !

3. Puis la végétation se raréfie, moutons et chameaux remplacent les chevaux.

4. Soudain, sans signalisation, le goudron disparait !
Un routier nous annonce que la 119 est entièrement en travaux jusqu'au nord de Kizlyar.
Malgré tout, nous décidons de continuer.

5. Mais la piste ne traverse aucun village et surtout devient de plus en plus mauvaise.
C'est un mélange de terre et de sable avec d'énormes ornières.
Et toujours personne.
C'est d'autant plus angoissant que Sylvie m'annonce que depuis longtemps il n'y a plus aucun réseau de téléphone.

6. On erre de piste en piste sans savoir où l'on est.
J'essaie de me repérer aux poteaux et fils électriques mais le problème, c'est qu'ils ne mènent nulle part !

7. Enfin on trouve un village.
Mais il est complètement détruit.
Bombardement ? Attentat ? Représailles ?
Et toujours pas de présence humaine.
Sylvie est muette, et ça ce n'est pas bon signe !

8. Soudain, au bout d'un chemin complètement défoncé, on aperçoit un village.
Sauvés ?

9. Pour l'instant, toujours personne !
Sylvie reprend espoir :
"Regarde, des chameaux. Le village doit être habité. On est certainement près de la Caspienne."

10. On rentre dans le village.
On trouve une petite mosquée d'où sort un vieil homme.
Il nous regarde, incrédule, comme si nous étions des extra-terrestres !
Un jeune arrive, et nous confirme que nous sommes bien sûr au Daghestan, mais pas du tout du côté de la mer Caspienne !

11. Un peu plus loin nous nous arrêtons pour quelques provisions.
Nous avons l'impression d'avoir encore changé de monde.
Foulards pour les femmes, les hommes dehors autour d'un thé, les commerces dans la rue, un habitat précaire ............

12. Par chance, nous trouvons un minuscule restaurant qui nous sert une délicieuse cuisine locale.
Les plats, plus épicés qu'à Astrakhan, sont préparés selon les traditions religieuses.

13. Nous retrouvons la route de Kizlyar que nous contournons par l'Ouest.
A l'embranchement vers Grozny, un barrage militaire nous bloque.
C'était prévisible, depuis le début des années 2010, c'est ici qu'ont lieu les attentats islamistes les plus meurtriers.
L'ambiance est pesante, tendue, avec des soldats surarmés, des officiers nerveux.
Notre chance sera de tomber sur un agent du FSB, un vrai professionnel :
. interrogatoire en anglais
. questions croisées
. fouille méthodique du fourgon
. visionnage de nos photos ......
Son verdict, interdiction de continuer vers Makhachkala et Derbent, retour vers la Russie !
Nous ne sommes pourtant qu'à 3 km du Terek. J'essaie de négocier, mais il reste intraitable.

Au total, le bilan de notre entrée au Daghestan est calamiteux !
Surtout pour moi !
1. Je ne sais pas où nous sommes allés.
2. J'ai failli casser le fourgon.
3. Je n'ai toujours pas vu la Caspienne.
4. Nous n'avons pas franchi de Terek.
5. Nous n'avons pas visité Derbent.
6. Nous allons dormir à Kizlyar que je voulais absolument éviter.
7. Madame est en colère !
14. Heureusement, cette journée infernale se terminera par une belle rencontre.
A la recherche d'un bivouac nocturne dans les faubourgs de Kizlyar, une famille nous propose de dormir devant leur modeste maison.
Nous voyant dîner dans le fourgon, ils viendront nous apporter le thé accompagné de délicieux gâteaux.

15. Le lendemain matin, après avoir remercié nos hôtes, nous entrons à Kizlyar.
J'en profite pour adresser un salut amical au projet X82, le futur Trafic III.
Nous avons été très surpris d'apprendre que les aventures de notre petit fourgon étaient suivies à Guyancourt.

16. Fourgon garé, nous partons pour une petite promenade.

17. Le caractère multi-ethnique de la société daghestanaise se remarque partout dans les rues.

18. Puis nous entamons le long retour vers Astrakhan à travers ces pistes sans fin, sans indication, piégeuses en 2RM.

19. Pendant des heures, il faut rester concentré, vigilant, "lire la route", anticiper, éviter les portions de sable, ménager les suspensions ........
En bref, mobiliser l'expérience des TIR.

20. Nous retrouvons le village où nous avons mangé la veille.
Les chameaux sont toujours là, comme s'ils nous attendaient.

21. Après la frontière avec la Kalmoukie, le ciel se dégage lorsque nous faisons halte dans un hameau perdu au milieu de la steppe.

22. En continuant vers le nord, nous retrouvons une végétation moins aride et les fougueux chevaux qui ne se laissent pas facilement approcher.

23. En fin de journée, nous franchissons la Volga par le Staryy Most (Старый мост) au sud d'Astrakhan.

24. Ce long retour se terminera par un coup de chance.
Nous avions prévu un hôtel Astrakhan.
A l'arrivée, plus de chambre double comme demandé, mais pour le même prix, ils nous offrent une suite !
Un grand salon avec canapé, bureau, télévision. Dans l'autre pièce, une immense chambre avec fauteuils et une deuxième télévision.
La luxueuse salle de bains comblera madame !

25. Le lendemain, journée tranquille à Astrakhan qui fera oublier à Sylvie les échecs du Daghestan.
On débute par un excellent petit-déjeuner, à la russe, avec oeufs, charcuterie, crêpes fourrées .......
....... acompagné de la traditionnelle crème fraîche (сметаны), servie à volonté.
Pas vraiment diététique mais délicieux.

26. Puis nous allons faire un petit coucou à Vladimir Ilitch.

27. Ensuite, direction le marché que nous connaissons bien maintenant.

28. Nous prenons notre dernier repas au restaurant Tchétchène.
Succulent, comme d'habitude.
Les cuisinières veulent voir les photos de nos trois enfants.
Comme dans tous nos voyages, elles félicitent la maman, jamais le papa

Les adieux sont très chaleureux.

29. L'après-midi est consacré à une nouvelle visite des splendeurs du Kremlin.
Un ciel azur, une température printanière, peu de monde ....... ce fut parfait.

30. Nous terminons cette belle journée par une soirée confortable dans notre suite.
Prochaine étape, Stalingrad !

EPILOGUE
Il nous faudra attendre plusieurs années pour enfin apercevoir cette p.tain de Caspienne.
En Iran, du côté de Bandar-e Anzali.
Cordialement
Sylvie & Bernard