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Carnet de route, de 1972.....

Posté : lun. oct. 07, 2013 4:24 pm
par pourquoi2b
Voila enfin la 2éme aventure que je suis entrain de retranscrire.....

L’Afghanistan étant situé, il faut parler du voyage que veulent entreprendre, dans c pays, quatre clicheurs des I.P.R.

Cela demande une longue et minutieuse préparation, sans laquelle il ne devient, peut-être pas impossible, mais très aléatoire. En effet nous avons commencé par convaincre nos femmes, ce qui n’a pas été pour chacun une tâche facile. Enfin, une fois la chose admise, bon gré mal gré il a fallu penser au matériel.

Pour faire 18 000 km il faut une voiture. Si parmi ces 18 000 il y en a 2 000 sur lequel personne, que se soit conférenciers ou guides, n’aient pu vous renseigner valablement, il faut une voiture solide, sur laquelle vous puissiez compter.

Après mûres réflexion, nous n’avons trouvé que la Land-Rover (station wagon) car il se posait un problème de place, nous étions quatre : deux personne « minces », un « grand » et un « pas tout à fait mince ». Cela parait ridicule, mais pose quelques problèmes.

Le véhicule choisi, il nous restait l’ACHAT. Vu le prix du neuf (environ 30 000F) nous nous sommes rapidement rabattus sur les occasions. Après un voyage éclair à Arras où nous n’avons trouvé qu’une pièce de musée, nous avons fait affaire dans la région parisiennes pour la somme de 15 500F, soit 4 000 F de mise de fonds au départ. Pour certains cela signifiait emprunt, pour d’autres recul du paiement (quelques dois risqué) des impôts. Qui en sera le propriétaire ? Donc le responsable ? Question à débattre et débattu. C’est Benny.

En notre possession, il a fallu la réviser, l’aménager. Ce qui fut fait lors de nos jours de repos et cela pendant plus de six mois.

Si je peux donner un conseil à de futurs candidats au voyage ACHETEZ « LA » NEUVE.

La voiture prête, les formalités remplies, carnet de passage de douane (1.200 F), visas obtenus, chacun dûment vacciné, il ne nous restait plus qu’a attendre le jour du départ.

Et ce jour arriva assez vite. Les adieux fait à nos petites familles, le dernier service terminé, c’est le départ des I.P.R. avec beaucoup de nos camarades pour y assister !

Discours d’adieu, mini fanfare, reporter amateur, et nous voilà partis aux environs de 14h30 (avec quelques gamelles accrochées à la voiture). La les ennuis commencent.

A 100km de Paris, la Gendarmerie Nationale nous « offre » un procès pour excès de vitesse. Nous avions pourtant demandé à un routier : « A combien tu roules ? » en le doublant, n’étant pas sur de notre compteur. Par la suite nous nous sommes rendu compte qu’il indiquait seulement 75% de la vitesse réelle.

Ensuite tout va très vite. Nous traversons rapidement l’Europe : Allemagne, Autriche, Yougoslavie, Bulgarie.8heures après le départ de Paris, nous sommes à Sofia. Nous avons roulé jour et nuit en nous relayant toutes les deux heures et nous arrêtant que pour les repas, avec une autre contravention à l’entrée de Niç en Yougoslavie, pour excès de vitesse.

Après cette étape marathon nous décidons de faire une pause de 24 h à 60 km de Sofia chez des amis à Raymond. Là, nous sommes très chaleureusement accueillis par Dontcho et Suzanne. Nous récupérons, d’abord par un bon repas, une vraie nuit de sommeil et une bonne toilette.

Tout cela nous remet d’aplomb et le lendemain matin nous sommes prêt à repartir après une petite révision de notre véhicule. Suzanne insiste pour que nous restions plus longtemps, devant notre refus obstiné, elle nous charge de victuailles en nous faisant promettre de rester davantage au retour. Dontcho nous demande de le déposer à la ville voisine. Etr là, encore une surprise. Un énorme fromage de brebis (du kachkaval) de 12 kg, des saucissons et trois bouteilles de cognac Bulgare nous attendent gentiment offert par les amis de Raymond. Après les derniers adieux nous reprenons la route pour la Turquie que nous atteignons dans la soirée. Pas d’arrêt repas pour cette étape. Claude nous prépare, en roulant, un poulet sauté au calva. C’était bon, et nous avons bien ri.

En passant à Edirne (petite ville qui rappelle l’Afrique du Nord) nous essayons de changer nos pneus (nous avions refait les moulures des anciens à la gouge), mais nous ne trouvons que des réchappés qui sont neufs d’après les vendeurs. Nous attendrons Istanbul pour effectuer cet achat. Nous en apercevons les remparts, après avoir longé la mer Marmara, le lendemain matin.

Dés que nous sommes dans la ville, nous sommes dans une circulation intense où se côtoient les nombreux taxis qui sont tous des voitures américaines et les mulets attelés à des charrettes. La conduite est dangereuse. Les taxis s’arrêtent et repartent, après avoir déposé ou pris un client, sans les moindres signaux.


Enfin des pneus !

Après quelques recherches nous trouvons des pneus que nous payons 750 F les quatre en dollars et sans facture donc sans taxes. Mais nous devons courir la ville pour changer de la monnaie, et nous réussissons à nous égarer dans le marché au-dessus du port. Il est d’un pittoresque étonnant, très riche en couleurs et en misères. Nous pouvons y voir des hommes, tels des bêtes de sommes, porter sur leur dos des charges incroyable au milieu d’une foule grouillante qui circule dans des petites rues dignes de celles de notre quartier latin par leurs dimensions. Nous devons nous sortir de cette fourmilière, mais nous sommes pris au jeu du touriste. Claude conduit, avec plaisir il faut le dire et Pierre prend des clichés quand la voiture fait du sur place. Après avoir erré toute la matinée nous revenons à nos pneus.

Pour les faire monter nous utilisons la compétence d’un vulcanisateur qui accepte de nous les changer en reprenant les vieux. Mais s’apercevant de leur état il nous demande une compensation sonnante et trébuchante, comme nous le comprenons nous acceptant en marchandant (c’est la règle) de lui payer 20 liras son travail.

Turkish délices….

En début d’après-midi, nous quittons Istanbul, et du même coup l’Europe, en traversant le Bosphore. Le passage pour l’Asie dure environs 10 minutes. Et c’est de nouveau le marathon. Pompe à essence, route, restaurant, route… Il nous arrive quelques petites aventures, nous ne les conterons pas toutes mais il en est une que nous tenons à narrer rapidement lors de notre passage en Turquie.

« Lokantasi » (restaurant en turc) ; Arrêt, menu : aubergines farcies, poivrons farcis haricots rouges, piments, tomates, le tout baignant dans l’huile. Claude et Pierre font le tri dans leur assiette, tandis que Béni et Raymond se régalent. Au bout d’un moment, notre repas terminé en dégustant le « tchaï » nous apercevons le manège du garçon. Ce brave jeune homme essuie, tout bonnement et le plus naturellement du monde, les assiettes avec une torchette innommable par sa couleur, qui lui sert également à nettoyer les tables. Et il repose les assiettes sur la table pour le service suivant. Bon appétit.

Nous roulons à nouveau : le lendemain, après avoir passé une chaîne de montagnes avec des cols de 2.000-2.500 mètres, Ankara, le soir Samsun sur le bord de la mer Noire. Dans la journée, nous avons eu aussi quelques surprises. Dans un « lokantasi » qui se distinguait surtout par l’odeur des w.-c. qui se répandait dans la salle), nous avions comme voisins de table une douzaine de prisonniers qui mangeaient attachés deux par deux avec des menottes. Ils étaient escortés par des soldats. Après leur départ nous voulons savoir et nous questionnons autour de nous et quand nous prononçons le mot « politique » les visages se détournent et la conversation cesse.

… des paysages magnifiques….
Nous longeons les rives de la mer Noire. Une bonne partie de la nuit (sur 360 km) la conduite est difficile et particulièrement dangereuse à cause des nombreux poids lourds qui circulent pleins phares. Heureusement que nous avons des longues portées à iode sur la galerie, ce qui refroidi pas mal de monde quand nous les actionnons.

Le matin du 6éme jours nous quittons la mer à Trabzon en direction d’Erzurum, toute la journée se sont des routes sinueuses qui nous mènent à plus de 2.500 mètres d’altitude. Nous admirons des paysages magnifiques. C’est une étape très dure, la route devient dangereuse la nuit. Nous sommes fatigués, mais nous voulons absolument atteindre la frontière iranienne, à Bazragan, avant de dormir. Raymond, pour y être déjà venu, affirme que le passage de nuit est facile, alors que de jour les lenteurs et les formalités peuvent demander un, deux et même trois jours. Mais changement : la frontière est fermée la nuit Nous dormons devant le poste.

…..mais des routes abominables !

Au réveil c’est encore un paysage magnifique qui nous accueille. Nous sommes au pied de deux imposantes montagnes coniques comme des volcans et recouverte d’une cape de neige. Il se trouve que la plus haute (nous l’apprenons auprès des douaniers) est le mont Ararat, célèbre pour la légende qui veut que se soit sur son sommet que s’échouât l’Arche de Noé.

Formalité, change, et à nouveau la route, direction Téhéran, route de montagne, la mer Caspienne, Bojnourd, Meshed, ville sainte musulmane, Tayabad, et enfin au bout de trois jours de conduite sans répit Islam Qala, poste frontière de l’Afghanistan.

Les routes iranienne sont belles, mais chargées de pièges, carrefours « bidons » agrémentés d’arc de triomphe illuminés la nuit, culs-de-sac, etc. dans ce pays tout est fait pour ébahir le touriste, mais quand on approche les villages, les maisons sont encore construites en terre battue. On s’aperçoit que c’est la misère.




la suite est là.....



Islam Qala : porte de l’Islam et de l’Afghanistan, son gardien


Passage des douanes

Nous sommes donc à la frontière séparant l’Iran de l’Afghanistan, au dixième jour de notre voyage, le 2 octobre ; il est six heures du matin et le soleil est de la partie.

Soucieux de notre mécanique, Raymond soulève le capot, Claude démonte les bougies pour un petit nettoyage, Benito regarde : de toute façon, à cette heure matinale, il ne peut faire autre chose. Pendant ce temps, Pierre nous prépare le petit déjeuner après avoir eu des difficultés à trouver de l’eau potable : en effet, seul un réservoir d’eau croupie existe à la frontière. Après toute les vérifications d’usage, le moteur qui, la veille, tournait comme une horloge, refuse de repartir…. Heureusement, un couple de Français à qui nous offrons le café nous dépanne à l aide d’un remède miracle contenu dans une bombe aérosol….

Enfin prêts, nous pouvons repartir, du moins techniquement parlant, car du coté administratif, nous nous heurtons une nouvelles fois, nous Occidentaux pressés, à la philosophie des musulmans.

D’abord, sortir d’Iran : déplombage des armes, compte des cartouches, tampon à droite, tampon à gauche, palabre…. Nous pouvons rentrer en Afgha après un no man’s land désertique d’une vingtaine de kilomètres ; et là, ce n’est pas de la tarte.

Mais en habitué du voyage, et aussi très culotté, Raymond se fraye un chemin dans la cohue, entre dans un bureau, choisi le douanier le plus galonné, lui tape sur l’épaule, l’engueule et lui présente les quatre visas. Celui-ci se retourne, le regarde, ouvre les passeports et y mets tous les tampons se trouvant sur la table. Voilà pour les bons-hommes ; reste la voiture (assurances : 450 afghanis, environ 31 F, passage en douane, etc.).

10h40, en voiture. Route goudronnée, plaine aride, soleil de plomb. Dix kilomètre plus loin, une guérite, une barrière, un soldat : mais oui, c’est un péage…. !

Comment digérer un « repas » afghan

Nous arrivons à Hérat, au moment ou nos estomacs nous rappellent leur bon souvenir. Donc, première chose, déjeuner et nous espérons faire un repas digne de ce nom, mais « Monsieur Raymond » nous entraîne dans une bâtisse couleur « latrines »

Dix millimètres de graisse sur des tables fabriquées avec des bisons d’huile. Sans que nous n’ayons rien commandé, le « garçon » nous apporte une assiette creuse, remplie de bouillon gras ; que dis-je, de gras bouillon, où baigne un morceau de graisse de mouton de la taille d’une boite d’allumettes. Sentant l’odeur du frichti, deux rats sortent d’on ne sait où ; échange de regards, grimaces, sourire de « MONSIEUR Raymond » satisfait de son exploit.

Après « le repas », nous visitons la ville. Quartier riche, avec d’assez jolies maisons de pierre, et des quartiers populeux où s’affairent des artisans marteleur de cuivre, mécanicien commerçants, dans leurs échoppe de terre et de paille. Nous nous arrêtons chez un « antiquaire », spécialité en pointe depuis le développement du tourisme dans cette régions. Là, nous trouvons un « Banquier noir » : problème de monnaie ? Claude compte, Pierre décide. Après un copieux mélange de marks allemands, de dollars US, de francs suisses, de promesses, de menaces, nous repartons avec un monceau d’afghanis, deux chéchias et heureux d’avoir fait un change avantageux.





encore la suite....

C’est la piste ?

Nous avons assez perdu de temps, il faut prendre la direction de Kaboul, et l’itinéraire que nous voulons emprunter n’est indiqué que très vaguement sur une carte dessinée à la ( main? ) . C’est la fameuse « route du centre » ( sur ? ) laquelle nous avons fait tout ce voyage. Ce n’est que vers la fin de l’après-midi, et ( ? ) que le responsable du tourisme eut essayé de nous en dissuader, que nous découvrons un chemin de terre qui longe une rivière quasiment à sec : c’est « la » piste.

Notre brave Pierrot fait les frais de la première heure de conduite en tout terrain. La poussière incroyable, qui empêche le conducteur de voir les pièges, et ce n’est pas le moment de casser quoi que se soit. Claude commence à avoir des nausées, tout saute dans la voiture, neuf cent kilomètre jusqu’à Kaboul, cela promet, la nuit tombe, il n’ai pas question de continuer, nous nous arrêtons donc dans un trou, heureux d’avoir emporté des boites de cassoulet.

Au matin du deuxième jour, le soleil est levé, il n’y a plus de poussière, le moral est meilleur. C’est le désert, mais les boites de conserve, que nous avions jetées la veille, ont disparu. Toilette dans un fossé, café, en route. Au milieu de la matinée, nous rencontrons la premier village : Chest-i-sharif.

A peine arrêtés, nous sommes entourés de visages d’apparence plus ou moins accueillant. Un homme porteur d’un vieux fusil de guerre anglais s’adresse à nous ; Raymond, croyant avoir compris, commence à marchander. Ce n’est qu’au bout d’une demi-heure que nous comprenons que le brave homme cherchait des munitions. Quelques kilomètres plus loin, nous demandons à un berger une « Tchaï-khana » (maison de thé) ; le gars lève le bras et émet un son du genre : « haaâ-hunn », que nous entendrons des milliers de fois au cours de notre séjour dans ce pays.

En fait, ce premier arrêt en dehors du circuit touristique est notre vrai premier contact avec des paysans afghans, et nous pensons que cela mérite de s’y attarder un peu.

Tchor tchaï sïa…..

Le berger nous guide donc vers le village ; ( ? ) ne comporte qu’une entrée et est ceint d’un mur en torchis à hauteur d’homme. Les ouvertures ne sont fermées que par de vielles toiles, des couvertures, ou encore avec des tapis. Des hommes sont là, assis en tailleur et nous font signe de la main ou nous adressent un sourire. Nous arrivons devant une maison, il faut se courber pour y entrer, il y fait étonnamment frais et sombre par opposition à l’extérieur. Il n’y a aucun meuble dans la pièce, quelques tapis sur lesquels nous nous installons en tailleur après avoir ôté nos souliers.

« Tchor tchaï sïa » (quatre thés noirs), est une phrase que nous répèterons très souvent durant notre voyage. Nous faisons comprendre que nous voulons déjeuner au jeune garçon qui déposse devant nous quatre théières, des verres et une petite boite remplis de bonbons en guise de sucre.

Le repas arrive. Au menu, bouillon gras et galette de pain entier ; et quand ont dit entier ce n’est pas un vain mot, car on y trouve vraiment tout l’épi de blé. Ensuite, l’assiette de riz avec son morceau de mouton, et là, nous avons compris que nous étions des hôtes de marque : pas une pointe de viande, que du gras ; puis une grande cuvette contenant un liquide blanchâtre. Après l’avoir senti et goûté, Claude nous apprend que c’est du petit lait, pas tout frais, mais consommable. Est-ce du lait de vache, on en doute ! de brebis, c’est possible ! mais il est fort probable que se soit du lait de chamelle.

Pendant que nous mangeons, la salle se remplis d’hommes qui s’installent autour de nous, et nous regardent le plus naturellement du monde. Pierre qui ne quitte jamais son matériel photo, demande s’il peut prendre quelques clichés (prudence).

Les éclairs du flash amusent tout le monde, les visages impassibles deviennent souriant, « le grand » est ravi, jusqu’au moment où l’un des bergers veut regarder à l’intérieur de l’appareil ; heureusement tout s’arrange très vite.

Voyant ça, Beni va à la voiture chercher son magnétophone et enregistre une discussion entre deux Afghans ; Quel silence lorsque la bande repasse : ils sont plutôt surpris, c’est leur première rencontre avec un appareil de ce genre.

L’effet de surprise passé, c’est le délire, et nous avons bientôt droit à une chorale improvisée ; si Béni (Le Patchou) n’avait pas simulé une panne, nous y serions sûrement encore. Lorsque nous sommes repartis nous avons dû serrer toutes les mains du village, avant de reprendre la route de Sharack.

Sharack, notre prochaine étape. D’après la carte, environ 80 km nous en séparent ; nous devons y arriver au bout d’une journée. Le dernier repas nous ayant un peu retardés, nous décidons de presser le mouvement. Mais !.... Allah n’est pas avec nous ; la piste se met à grimper, puis a redescendre pour nous guider vers un pont, et quel pont !

Un pont sous lequel coule une rivière, ce qui peut paraître normal, mais dans ce pays ce n’est pas toujours évident.

Cinquante mètre avant cet « ouvrage d’art » la piste rétrécit dangereusement et à vingt mètre il est hors de question d’y jouer notre seul moyen de transport. Nous allons aux renseignements. Oh ! Surprise, sur plus de dix pas elle n’est pas plus large que latable de votre cuisine. D’un coté la montagne, de l’autre, de l’autre le vide ; nous envisageons donc de creuser. Nous allons jusqu’au « pont », et par la même occasion, de surprise en surprise ; il est infranchissable. Il en reste que que les parapets et un vague sentier de pierres posées sur des branchages.

Après un petit moment de silence, l’un de nous propose de consolider le tout et d’essayer de passer. La piste à élargie, le pont à bricoler, tout cela nous paraît énorme, voir même impossible. mais nous n’avons pas fait huit mille kilomètres pour rien en conséquence de quoi !.... Nous en sommes là de nos cogitations, lorsque nous entendons un bruit de moteur. Le temps de se retourner et nous apercevons une « jeep » dégoulinante de l’autre côté de la rivière

Donc il y a un passage à gué, mais à quel endroit ? Raymond et Pierre retirent leur pantalon, et commence à sonder la rivière ; il y a du courant. Claude se remet au volant, se dirige vers Beni qui vient de découvrir des traces de pneus sur la berge. La voiture s’engage au pas dans l’eau, tout va pour le mieux, jusqu’au moment où elle plonge et s’arrête sur une énorme pierre. Le bruit du choc fige tout le monde. Marche arrière, la voiture ressort ; « ouf », nous nous en sortons seulement avec une bosse de bonne taille sur le pont avant.

Un petit berger, qui sans doute a vu toute la scène, nous fait comprendre qu’il nous fera voir le lendemain où passer.

( ? ), nous passons la nuit là. Comme il n’est pas trop tard, Beni plein de courage ( ? ) à laver son pantalon. Un bel article de confection en tergal, qu’il met à sécher sur un arbre. Dîner : conserves, café et nous nous couchons.

Au réveil, plus de pantalon ; les braves auront sans doute pensé que ce bon Allah leur avait envoyé un cadeau. Quant à la traversée la rivière, le problème reste entier ; le chemin de la veille n’a pas reparu (et pour ( ? )), et nous n’allons pas passer le réveillons là-dessus. Prêts à une autre tentative, uns seconde « jeep » nous montre « le » passage de l’autre coté, heureux comme des ( ? ), nous repartons. Objectif : Sharack avant la tombée de la nuit.

« Ouais » deux jours qu’on a mis. Hoan-hoan ! qui disaient et encore on a eu de la chance, se sont des géomètres britanniques qui nous ont fait voir la route ; sans eux nous la cherchions encore. Elle est cachée dans le lit d’une rivière… avec de l’eau. Dix kilomètre en deux heures avec Claude au volant et les trois autres devant, pour mettre des pierres dans les trous, en enlever ailleurs, enfin bref le festival.

Et en plus l’essence commence à manquer l’eau aussi, nous essayons bien de nous renseigner, mais la répons est invariable : « Hoan-hoan » (celui là avait un accent) d’un geste vague indiquant le désert.

Nous commençons à en baver, mais nous sommes content ; en fait, nous sommes venus pour ça.

Après ce périlleux passage, nous franchissons un col ; la piste est poussiéreuse et la pente est rade. Pierre qui conduit, roule en première réductée avec le double pont, et le moteur peine. Son voisin bloque le levier de vitesse de peur qu’elle ne saute, et les deux autres sont accrochés à l’arrière, les cales à la main, prêts à toute éventualité.

Au sommet, un village ; en chœur, nous nous écrions : « Sharack ». Un paysan nous le confirme, et un autre, qui s’avère être le chef du village, nous le dément en faisant comprendre que ce n’est plus très loin. Un tchaï nous ferait le plus grand bien ; il nous est servi dans la maison du chef, avec des galettes de pain. Les gens sont très pauvres et il est probable que ce qui nous est donné correspond à leurs réserves de plusieurs jours. Les enfants ont le cuir chevelu et les yeux malades. Comme tout européen, nous somme pris pour des médecins et la visite commence. Impuissants, nous ne pouvons que conseiller une toilette quotidienne. Raymond allume une gauloise : tout le monde en ré »clame du plus petit (environ trois ans) au plus vieux. C’est la fête lorsque nous les allumons avec une petite boite d’où sort le feu. Nous leur apprenons à se servir d’un briquet, avant d’en faire une distribution, puis nous repartons.

En effet, Sharack n’était plus très loin, puisque nous y arrivons à la tombée de la nuit. Il était temps, car il ne nous reste qu’une quinzaine de litre d’essence. Ici, il n’y a pas de station-service, mais seulement un détachement militaire qu’il va falloir convaincre de nous céder du carburant.




petite suite...

Enfin de l’essence….

Nos militaires français ne sont pas toujours très élégants, mais comparés aux Afghans, ce sont de vrai play-boys. Nous nous trouvons devant une armée en guenilles, mal rasée, et apparemment assez inquiétante, quant à son honnêteté. L’inventaire rapide de notre véhicule étant fait, ils nous guident vers une sorte de cave où ils veulent que nous passions la nuit. C’est à parti de ce moment là que nous commençons à être prudents. Ce soir là, nous avons dîné dos-à-dos, en étoile, une main dans la poche où se trouvait notre camarade tu-tues ; et nous avons dormi d’un œil dans la voiture.

Le lendemain matin, nous sommes toujours vivants, il ne nous manque rien, mais nous n’avons toujours pas d’essence.

…. 5 galons : 20 litres ! ! !

Evidement, ici le carburant est beaucoup plus cher, puisque puisé dans les citernes de l’armée. Pour ne pas être volés, il faut tricher. Raymond trouve la solution en leur expliquant que nos jerricans sont d’origine française, et qu’ils ne contiennent que 20 litres et non 25 litres comme les jerricans U.S. Notre autonomie étant de 240 litres répartis entre deux réservoirs et cinq ou six jerricans par une série de transvasements. Nous avons réussi à nous faire « offrir » une bonne trentaine de litres. Au moment de payer, le prix à subitement augmenté, mais l’arrivé de quelques gradés a mis tout le monde d’accord et, en l’espace d’un éclair, nous avons repris la route sans aucune difficulté.

Nous avons environs 250 litres d’essence, une autonomie de plus de mille kilomètres, de cinq à six jours de route, et nous ne sommes plus qu’à quatre ou cinq cents kilomètres de Bamyan, où nous sommes sûrs de trouver de l’essence, ou plutôt du carburant, le mot est plus adapté à ce liquide qui comporte en gros moitié essence moitié gas-oil, le tout à un degré d’octane qui varie de 45° à 60°.

Le but est maintenant Band-l-Amir, le site, d’après Raymond, le plus grandiose qui nous sera donné de voir. En attendant, la piste est devant nous. Les cols sont de plus en plus nombreux et de plus en plus hauts (plus de 3.500 mètres) et nous roulons toujours en changeant de chauffeur toutes les heures. A quatre cela fait trois heures d’attente pour une heure de conduite. Ne nous sentant bien qu’au volant, les temps de conduite sont rigoureusement surveillés, et chacun essaie de tricher au maximum, oubliant de regarder sa montre.

Imaginez Beni au volant, à la fin de son temps.

Claude (l’emmerdeur) regarde sa montre :
- Oh ! Béni, t’es pas fatigué ?
- Encore cinq minutes !
Trente secondes plus tard, Pierre reprend :
- Pas fatigué, M. Beni
- M…., l’est pas l’heure !
La tension monte, ça devient bon. Raymond à son tour :
- Ca va, tu tiendras le coup ? Et il retire la clé de contact, ce qui à le don de faire « prendre un manche » à notre petit camarade, qui, de part notre convention, doit payer une tournée de tchaï à la prochaine étape.

Pierre reprend le volant et nous ne tardons pas à déboucher dans une vallée où il règne une certaine effervescence. Il y a là une centaine de personne, certaines à cheval, d’autres sont armées de vieux fusils, et il y a aussi des femmes ; ce sont les première que nous voyons. Elles ne portent pas le Tchadri, et, à notre approche, il n’y a que les plus jeunes qui se voilent. Peut être s’agit-il d’une fête, d’un marché ou d’un bozkachi régional ? Nous nous arrêtons et sommes accueillis par un homme jeune, vêtu à l’européenne, portant lunettes et cravate, ce qui a, au milieu de ce désert montagneux, quelque chose d’anachronique. C’est devant l’inévitable tasse de thé que nous apprenons que nous avons à faire au gouverneur de la province de Chakhcharan, qui procède à un recensement de la population. Chose qui ne semble pas facile, car la majeur partie de ces gens n’ont pas d’identité précise et ne connaissent pas leur âge exact. Une heure plus tard, nous regrettons d’avoir refusé de partager le repas du gouverneur, croyant trouvé mieux dans la capitale provinciale.



suite mardi je pense.... :roll:

on est donc mardi.... alors voilà une petite suite....

De bonnes affaires

En fait de ville nous trouvons une rue bordée de maison en terra, un âne et trois camions afghans. Nous avalons notre palao à la graisse froide dans la seule tchaï-khanas, et, comme toujours, nous faisons notre petit tour dans le village à la recherche de la bonne affaire : pièces anciennes, armes, tapis, ou, surtout pour Pierre, des gamelles en tout genre. Aujourd’hui, ce sont des tapis tissés en poils de dromadaire que nous achetons à un prix dérisoire (de 28 à 35 F). Puis c’est de nouveau la piste, jusqu’à un embranchement qui n’est pas indiqué sur notre carte. Nous ne nous affolons plus, nous sommes au quinzième jour de notre voyage et nous prenons les habitudes du pays. Nous décidons d’attendre quelqu’un qui pourra nous renseigner. Une heure se passe ou chacun s’occupe à sa façon, et arrive deux de ces merveilleux camions. Tout un poème ces fameux bahuts, entièrement modifié par leur conducteur pour les besoins du désert, croulant sous les enjoliveurs chromés, les avertisseurs de toute sorte. La cabine, le plus souvent en bois peint, est tapissée de tissus chatoyants, et le pare-brise entouré de pompons. Le reste est aussi en bois peint, bien souvent en rose bonbon, sur quoi les artistes de la piste ont voulu reproduire ici un bombardier, là une locomotive, etc. Artiste, mais aussi magiciens, ces seigneurs de la piste sont d’excellents mécaniciens, et il n’est pas rare de rencontrer en pleins désert un de ces chefs-d’œuvre d’imagination immobilisé, la boite de vitesse au soleil, attendant la boite de conserve qui viendra vite remplacer la pièce défectueuse. Une autre qualité vient parfaire le portrait des routiers afghans : la courtoisie. Sans même leur faire signe, ils s’arrêtent, prêts à nous venir en aide (essayez sur la N 7). Nous leur demandons le renseignement et nous repartons.

C’est au milieu de la nuit que nous trouvons un inconvénient à ce sens de la solidarité. Nous dormons depuis quelques heures, lorsque nous sommes réveillés par des appels : « Mister….. Mister…. » pendant près d’une demi-heure. Dans notre demi-coma, en bons Européens civilisés, nous les avons un peu cavalièrement éconduits ; en fait, même assez, grossièrement. Ce n’est qu’au matin que nous nous sommes rendu compte qu’ils voulaient savoir si nous étions en panne.

au quinzième jour de notre randonnée, c’est l’approche de Band-l-Amir, mais aussi la fin de la fameuse « route du centre ». Piste, qui, nous a-t-il été dit, ne fut jamais empruntée pour se rendre de Hérat à Kaboul ! Cela fait donc cinq jours que nous roulons sur cette piste et pour en arriver à cette première étape, les promesses de Raymond ne sont pas de trop. En effet ; lorsque nous maudissons la voiture et surtout cette damnée piste, nous avons droit à son « leitmotiv » sur l’extraordinaire beauté de ce que nous allons découvrir. Mais dans combien de temps y parviendrons-nous ? Car Raymond n’est pas venu par cette piste. Et après les deux jours de recherche pour Scharak, nous sommes sceptique quant au temps qu’il va falloir pour y arriver.

Puis, un soudain changement de paysage aux couleurs tout à coup plus nuancées, Raymond reconnaît que nous ne sommes plus loin. Et c’est en début d’après-midi que nous débouchons sur Band-l-Amir. Et là…. La surprise est elle que nous restons bouche bée plusieurs minutes, alors Raymond arbore son sourire. Hein ! valable, non ?

8e merveille….

Décor fantastique qui compense tous les moments pénibles vécus jusque-là (vicissitudes de la route, complication intestinal, bronchites poussiéreuses, maigre repas). Claude – qui n’est pas particulièrement poète – encore étonné, nous assure que : chutes du Niagara et baie de Naple, classées merveilles de la nature, sont largement détrônées. N’étant pas écrivain, j’en suis incapable d’en faire une description valable ‘d’ailleurs Joseph Kessel s’en est très bine tiré dans son livre « les cavaliers »). Mais ce que je peux vous en dire, c’est qu’il s’agit d’un chapelet de sept lacs qui se déversent les uns dans les autres en cascades. Le cinquième lac (devant lequel nous nous trouvons) est retenu par un barrage de calcaire. Imaginez un miroir de plusieurs hectares dans lequel se reflète un ciel bleu azur, miroir sans tain cependant puisqu’on voit le fond (une bonne trentaine de mètres) et les poissons qui y nagent. Enthousiasmés, nous décidons d’y rester deux jours entiers. Un peu de repos ne nous fera pas de mal, car, depuis Paris, nous avons parcouru 7.794 kilomètres, soit une moyenne journalière de 695 kilomètres pendant les dix premiers jours pour 840 kilomètres de piste en cinq jour soit 168 kilomètres de chaos poussiéreux par jour. La fin de l’après-midi se passe en lessive, chasse au ragondin et pêche à la truite ou assimilés….

Raymond nous traîne contre notre gré dans une tchaï-khana intitulée « hôtel » et qui n’a d’hôtel que l’appellation. Toutefois nous y trouvons, d’une part d’omelettes pommes de terre sautées auxquelles nous faisons un sort et d’autre part : deux Anglais, trois Suisses, deux Canadiens et un Français qui s’avère être un typo, copain d’apprentissage de Claude, de passage en Afghanistan pour aller en Inde et faisant le tout à pied. Soirée animée : échange d’impressions et de bouteilles, contacts humains très appréciés après ces quinze jours en vas clos.

Le lendemain, quartiers libre. Pierre se lève tôt et part seul faire une cinquantaine de photos de lever de soleil ; photos qui lui seront d’ailleurs volées avant même d’être développées. Beni, carabine sous le bras, repart à la chasse, tandis que Raymond et Claude sont à la pêche et nous rapportent une douzaine de truites pour le déjeuner. Après midi, visite des lacs en Land Rover pour les vieux (Raymond et Pierrot), à cheval pour les jeunes (Beni et Claude), monture de Bozkashi louée 50 afghanis (3.50 F) à des jeunes bergers. Il arrive que les avis soient partagés, même sur les choses les plus belles ; au sujet de Band-l-Amir, on est unanime : c’est merveilleux. C’est un site qui mérite de figurer parmi les innombrables « huitièmes merveilles du monde »





re: Carnet de route, de 1972.....

Posté : mar. oct. 08, 2013 10:21 pm
par GUEG'S 49
Toujours aussi géniale :clap: on attend la suite avec impatience

Quelle belle aventure :)

re: Carnet de route, de 1972.....

Posté : mar. oct. 08, 2013 10:37 pm
par jf1sf5
J'aime bien ces récits de voyages, j'ai l'impression d'y être :)

re: Carnet de route, de 1972.....

Posté : mar. oct. 08, 2013 11:12 pm
par pepita4x4
J adore l intro. :clap: :clap: , vivement l'aventure Afghane :danse:

Merci encore une fois superbe récit ;)

re: Carnet de route, de 1972.....

Posté : mer. oct. 09, 2013 8:06 am
par pourquoi2b
Demain je suis au boulot...
Si c est calme vous aurez la suite... :D

re: Carnet de route, de 1972.....

Posté : jeu. oct. 10, 2013 10:29 am
par dayer1313
On est demain !



On est pas des *********** :)

re: Carnet de route, de 1972.....

Posté : jeu. oct. 10, 2013 10:40 am
par pourquoi2b
dayer1313 a écrit :On est demain !



On est pas des *********** :)
***********????? :hein:

:D


j ai rajouté la suite dans le premier post, que ça reste ensemble et en un seul morceau....


mais sinon, la voilà...

Islam Qala : porte de l’Islam et de l’Afghanistan, son gardien


Passage des douanes

Nous sommes donc à la frontière séparant l’Iran de l’Afghanistan, au dixième jour de notre voyage, le 2 octobre ; il est six heures du matin et le soleil est de la partie.

Soucieux de notre mécanique, Raymond soulève le capot, Claude démonte les bougies pour un petit nettoyage, Benito regarde : de toute façon, à cette heure matinale, il ne peut faire autre chose. Pendant ce temps, Pierre nous prépare le petit déjeuner après avoir eu des difficultés à trouver de l’eau potable : en effet, seul un réservoir d’eau croupie existe à la frontière. Après toute les vérifications d’usage, le moteur qui, la veille, tournait comme une horloge, refuse de repartir…. Heureusement, un couple de Français à qui nous offrons le café nous dépanne à l aide d’un remède miracle contenu dans une bombe aérosol….

Enfin prêts, nous pouvons repartir, du moins techniquement parlant, car du coté administratif, nous nous heurtons une nouvelles fois, nous Occidentaux pressés, à la philosophie des musulmans.

D’abord, sortir d’Iran : déplombage des armes, compte des cartouches, tampon à droite, tampon à gauche, palabre…. Nous pouvons rentrer en Afgha après un no man’s land désertique d’une vingtaine de kilomètres ; et là, ce n’est pas de la tarte.

Mais en habitué du voyage, et aussi très culotté, Raymond se fraye un chemin dans la cohue, entre dans un bureau, choisi le douanier le plus galonné, lui tape sur l’épaule, l’engueule et lui présente les quatre visas. Celui-ci se retourne, le regarde, ouvre les passeports et y mets tous les tampons se trouvant sur la table. Voilà pour les bons-hommes ; reste la voiture (assurances : 450 afghanis, environ 31 F, passage en douane, etc.).

10h40, en voiture. Route goudronnée, plaine aride, soleil de plomb. Dix kilomètre plus loin, une guérite, une barrière, un soldat : mais oui, c’est un péage…. !

Comment digérer un « repas » afghan

Nous arrivons à Hérat, au moment ou nos estomacs nous rappellent leur bon souvenir. Donc, première chose, déjeuner et nous espérons faire un repas digne de ce nom, mais « Monsieur Raymond » nous entraîne dans une bâtisse couleur « latrines »

Dix millimètres de graisse sur des tables fabriquées avec des bisons d’huile. Sans que nous n’ayons rien commandé, le « garçon » nous apporte une assiette creuse, remplie de bouillon gras ; que dis-je, de gras bouillon, où baigne un morceau de graisse de mouton de la taille d’une boite d’allumettes. Sentant l’odeur du frichti, deux rats sortent d’on ne sait où ; échange de regards, grimaces, sourire de « MONSIEUR Raymond » satisfait de son exploit.

Après « le repas », nous visitons la ville. Quartier riche, avec d’assez jolies maisons de pierre, et des quartiers populeux où s’affairent des artisans marteleur de cuivre, mécanicien commerçants, dans leurs échoppe de terre et de paille. Nous nous arrêtons chez un « antiquaire », spécialité en pointe depuis le développement du tourisme dans cette régions. Là, nous trouvons un « Banquier noir » : problème de monnaie ? Claude compte, Pierre décide. Après un copieux mélange de marks allemands, de dollars US, de francs suisses, de promesses, de menaces, nous repartons avec un monceau d’afghanis, deux chéchias et heureux d’avoir fait un change avantageux.

re: Carnet de route, de 1972.....

Posté : jeu. oct. 10, 2013 3:12 pm
par pourquoi2b
C’est la piste ?

Nous avons assez perdu de temps, il faut prendre la direction de Kaboul, et l’itinéraire que nous voulons emprunter n’est indiqué que très vaguement sur une carte dessinée à la ( main? ) . C’est la fameuse « route du centre » ( sur ? ) laquelle nous avons fait tout ce voyage. Ce n’est que vers la fin de l’après-midi, et ( ? ) que le responsable du tourisme eut essayé de nous en dissuader, que nous découvrons un chemin de terre qui longe une rivière quasiment à sec : c’est « la » piste.

Notre brave Pierrot fait les frais de la première heure de conduite en tout terrain. La poussière incroyable, qui empêche le conducteur de voir les pièges, et ce n’est pas le moment de casser quoi que se soit. Claude commence à avoir des nausées, tout saute dans la voiture, neuf cent kilomètre jusqu’à Kaboul, cela promet, la nuit tombe, il n’ai pas question de continuer, nous nous arrêtons donc dans un trou, heureux d’avoir emporté des boites de cassoulet.

Au matin du deuxième jour, le soleil est levé, il n’y a plus de poussière, le moral est meilleur. C’est le désert, mais les boites de conserve, que nous avions jetées la veille, ont disparu. Toilette dans un fossé, café, en route. Au milieu de la matinée, nous rencontrons la premier village : Chest-i-sharif.

A peine arrêtés, nous sommes entourés de visages d’apparence plus ou moins accueillant. Un homme porteur d’un vieux fusil de guerre anglais s’adresse à nous ; Raymond, croyant avoir compris, commence à marchander. Ce n’est qu’au bout d’une demi-heure que nous comprenons que le brave homme cherchait des munitions. Quelques kilomètres plus loin, nous demandons à un berger une « Tchaï-khana » (maison de thé) ; le gars lève le bras et émet un son du genre : « haaâ-hunn », que nous entendrons des milliers de fois au cours de notre séjour dans ce pays.

En fait, ce premier arrêt en dehors du circuit touristique est notre vrai premier contact avec des paysans afghans, et nous pensons que cela mérite de s’y attarder un peu.

Tchor tchaï sïa…..

Le berger nous guide donc vers le village ; ( ? ) ne comporte qu’une entrée et est ceint d’un mur en torchis à hauteur d’homme. Les ouvertures ne sont fermées que par de vielles toiles, des couvertures, ou encore avec des tapis. Des hommes sont là, assis en tailleur et nous font signe de la main ou nous adressent un sourire. Nous arrivons devant une maison, il faut se courber pour y entrer, il y fait étonnamment frais et sombre par opposition à l’extérieur. Il n’y a aucun meuble dans la pièce, quelques tapis sur lesquels nous nous installons en tailleur après avoir ôté nos souliers.

« Tchor tchaï sïa » (quatre thés noirs), est une phrase que nous répèterons très souvent durant notre voyage. Nous faisons comprendre que nous voulons déjeuner au jeune garçon qui déposse devant nous quatre théières, des verres et une petite boite remplis de bonbons en guise de sucre.

Le repas arrive. Au menu, bouillon gras et galette de pain entier ; et quand ont dit entier ce n’est pas un vain mot, car on y trouve vraiment tout l’épi de blé. Ensuite, l’assiette de riz avec son morceau de mouton, et là, nous avons compris que nous étions des hôtes de marque : pas une pointe de viande, que du gras ; puis une grande cuvette contenant un liquide blanchâtre. Après l’avoir senti et goûté, Claude nous apprend que c’est du petit lait, pas tout frais, mais consommable. Est-ce du lait de vache, on en doute ! de brebis, c’est possible ! mais il est fort probable que se soit du lait de chamelle.

Pendant que nous mangeons, la salle se remplis d’hommes qui s’installent autour de nous, et nous regardent le plus naturellement du monde. Pierre qui ne quitte jamais son matériel photo, demande s’il peut prendre quelques clichés (prudence).

Les éclairs du flash amusent tout le monde, les visages impassibles deviennent souriant, « le grand » est ravi, jusqu’au moment où l’un des bergers veut regarder à l’intérieur de l’appareil ; heureusement tout s’arrange très vite.

Voyant ça, Beni va à la voiture chercher son magnétophone et enregistre une discussion entre deux Afghans ; Quel silence lorsque la bande repasse : ils sont plutôt surpris, c’est leur première rencontre avec un appareil de ce genre.

L’effet de surprise passé, c’est le délire, et nous avons bientôt droit à une chorale improvisée ; si Béni (Le Patchou) n’avait pas simulé une panne, nous y serions sûrement encore. Lorsque nous sommes repartis nous avons dû serrer toutes les mains du village, avant de reprendre la route de Sharack.

Sharack, notre prochaine étape. D’après la carte, environ 80 km nous en séparent ; nous devons y arriver au bout d’une journée. Le dernier repas nous ayant un peu retardés, nous décidons de presser le mouvement. Mais !.... Allah n’est pas avec nous ; la piste se met à grimper, puis a redescendre pour nous guider vers un pont, et quel pont !

Un pont sous lequel coule une rivière, ce qui peut paraître normal, mais dans ce pays ce n’est pas toujours évident.

Cinquante mètre avant cet « ouvrage d’art » la piste rétrécit dangereusement et à vingt mètre il est hors de question d’y jouer notre seul moyen de transport. Nous allons aux renseignements. Oh ! Surprise, sur plus de dix pas elle n’est pas plus large que latable de votre cuisine. D’un coté la montagne, de l’autre, de l’autre le vide ; nous envisageons donc de creuser. Nous allons jusqu’au « pont », et par la même occasion, de surprise en surprise ; il est infranchissable. Il en reste que que les parapets et un vague sentier de pierres posées sur des branchages.

Après un petit moment de silence, l’un de nous propose de consolider le tout et d’essayer de passer. La piste à élargie, le pont à bricoler, tout cela nous paraît énorme, voir même impossible. mais nous n’avons pas fait huit mille kilomètres pour rien en conséquence de quoi !.... Nous en sommes là de nos cogitations, lorsque nous entendons un bruit de moteur. Le temps de se retourner et nous apercevons une « jeep » dégoulinante de l’autre côté de la rivière

Donc il y a un passage à gué, mais à quel endroit ? Raymond et Pierre retirent leur pantalon, et commence à sonder la rivière ; il y a du courant. Claude se remet au volant, se dirige vers Beni qui vient de découvrir des traces de pneus sur la berge. La voiture s’engage au pas dans l’eau, tout va pour le mieux, jusqu’au moment où elle plonge et s’arrête sur une énorme pierre. Le bruit du choc fige tout le monde. Marche arrière, la voiture ressort ; « ouf », nous nous en sortons seulement avec une bosse de bonne taille sur le pont avant.

Un petit berger, qui sans doute a vu toute la scène, nous fait comprendre qu’il nous fera voir le lendemain où passer.

( ? ), nous passons la nuit là. Comme il n’est pas trop tard, Beni plein de courage ( ? ) à laver son pantalon. Un bel article de confection en tergal, qu’il met à sécher sur un arbre. Dîner : conserves, café et nous nous couchons.

Au réveil, plus de pantalon ; les braves auront sans doute pensé que ce bon Allah leur avait envoyé un cadeau. Quant à la traversée la rivière, le problème reste entier ; le chemin de la veille n’a pas reparu (et pour ( ? )), et nous n’allons pas passer le réveillons là-dessus. Prêts à une autre tentative, uns seconde « jeep » nous montre « le » passage de l’autre coté, heureux comme des ( ? ), nous repartons. Objectif : Sharack avant la tombée de la nuit.

« Ouais » deux jours qu’on a mis. Hoan-hoan ! qui disaient et encore on a eu de la chance, se sont des géomètres britanniques qui nous ont fait voir la route ; sans eux nous la cherchions encore. Elle est cachée dans le lit d’une rivière… avec de l’eau. Dix kilomètre en deux heures avec Claude au volant et les trois autres devant, pour mettre des pierres dans les trous, en enlever ailleurs, enfin bref le festival.

Et en plus l’essence commence à manquer l’eau aussi, nous essayons bien de nous renseigner, mais la répons est invariable : « Hoan-hoan » (celui là avait un accent) d’un geste vague indiquant le désert.

Nous commençons à en baver, mais nous sommes content ; en fait, nous sommes venus pour ça.

Après ce périlleux passage, nous franchissons un col ; la piste est poussiéreuse et la pente est rade. Pierre qui conduit, roule en première réductée avec le double pont, et le moteur peine. Son voisin bloque le levier de vitesse de peur qu’elle ne saute, et les deux autres sont accrochés à l’arrière, les cales à la main, prêts à toute éventualité.

Au sommet, un village ; en chœur, nous nous écrions : « Sharack ». Un paysan nous le confirme, et un autre, qui s’avère être le chef du village, nous le dément en faisant comprendre que ce n’est plus très loin. Un tchaï nous ferait le plus grand bien ; il nous est servi dans la maison du chef, avec des galettes de pain. Les gens sont très pauvres et il est probable que ce qui nous est donné correspond à leurs réserves de plusieurs jours. Les enfants ont le cuir chevelu et les yeux malades. Comme tout européen, nous somme pris pour des médecins et la visite commence. Impuissants, nous ne pouvons que conseiller une toilette quotidienne. Raymond allume une gauloise : tout le monde en ré »clame du plus petit (environ trois ans) au plus vieux. C’est la fête lorsque nous les allumons avec une petite boite d’où sort le feu. Nous leur apprenons à se servir d’un briquet, avant d’en faire une distribution, puis nous repartons.

En effet, Sharack n’était plus très loin, puisque nous y arrivons à la tombée de la nuit. Il était temps, car il ne nous reste qu’une quinzaine de litre d’essence. Ici, il n’y a pas de station-service, mais seulement un détachement militaire qu’il va falloir convaincre de nous céder du carburant.



re: Carnet de route, de 1972.....

Posté : jeu. oct. 10, 2013 8:59 pm
par GUEG'S 49
:clap: :)

re: Carnet de route, de 1972.....

Posté : ven. oct. 11, 2013 1:31 pm
par edefaverney
:o :boing: