Carnet de route, de 1970...
Posté : lun. juil. 15, 2013 11:39 am
une collègue de boulot me prête les carnets de voyage de son père....
j'attends son accord pour recopier, et partager avec vous.....
en fait je l'avais une fois dépanner avec ma Série... et elle m avait dit que son père en avaient eu aussi pour ses longs voyages...
du coup elle m a passé deux premiers carnets.... le premier étant le trajet allé et retour jusqu a là bas...
le 2éme étant le recit detaillé sur place....
que du bonheur....
Récit:
1970, nous voilà autour d’une table avec nos amis Roger et Jackie, et l’incontournable discussion autour d’une nouvelle aventure s’opère….
Quelles sont nos dates de vacances cette année ? La boite de Denise et Jackie ferme en juillet, et pour nous qui travaillons dans la presse, le tirage au sort nous octroie octobre. Tout cela est bien sympathique, cela dit ou personne ne part, ou nous serons contraints (quoique…) de partir séparément. A l’évidence, la frénésie d’une nouvelle aventure rompt cet embarras.
Décision prise pour ces dames, ce sera la Bulgarie chez nos bons vieux amis, elles utiliseront la Peugeot qui fera largement l’affaire. Et pour nous, les yeux fermés nous plongeons nos doigts sur une carte : AFGANISTAN
La course aux informations commence donc, avec la paperasses-passeport et visas, la lecture, pour nous immerger dans la culture et les us, les cartes et enfin les vaccins. Restons prudents ! Coté pratique la recherche d'un tout terrain semble nécessaire. Après revue de quelques annonces nous achetons un Land-Rover long, commode pour les couchettes. Roger, mécano à ses heures vérifie la compression à la manivelle, pneus presque en bon état. Kilométrage 400 000, le prix pas trop mal, de toute façon cela fera l'affaire, en plus rodage inclus.
En attendant au boulot, un bruit court : Roger et Raymond préparent un voyage en AFGHA…. Un troisième larron Bedro est partant, nous l’accueillons bien volontiers. Mais une demi larronne perturbe nos plans, Denise repart en Bulgarie pour ramener du matériel manquant chez nos potes Bulgares. Il faudra donc la récupérer au retour.
La date du départ approchant, il faut vaincre notre peur : et des piqûres et des roulettes…. Prenons donc rendez-vous chez la dentiste. Nous expliquons le but de notre démarche et cette « tortionnaire » bien agréable partage notre passion des voyages, tant et si bien que la durée de la visite fut dépassée. Le rendez-vous suivant fut une douce plaisanterie puisque la dentiste nous emmena faire son marché. Nous n’aurons vu finalement ni roulette ni seringue, mais nous partirons quand même avec un généreux sac de médicaments. Pour le carnet de santé nous ne pouvons plus reculer, direction Air-France et nous ressortons bien heureux que se soit fait, avec le plein de cholera et un carnet.
Dans le même temps, le bricolage du véhicule va dare-dare, casiers pour le matériel, plancher pour le sommeil, rangements multiples pour le réchaud etc. Un petit problème se pose: vu l'espace impartie pour chacun, où va-t-on coucher Denise? Réflexion faite, et compte tenu du peu de nuit jusqu'à Sofia nous tendons un hamac en diagonale- ce qui nous fera dormir à quelques centimètres du fessier de Madame.
La veille du départ, enfin ! Chacun s’active au chargement, les portes arrières se referment seules, ce qui nous gène dans notre travail. Bedro trouve la solution. Etant donné les informations (s’avérant fausses) nous avions décidés de prendre une arme, Bedro pensa donc à caler les portes avec les deux boites de cartouches, bien compressées dans les angles. Ce que nous ne savions pas, c’est que Bedro était un doux rêveur, ce qui nous valut un tas de soucis, tant mécaniques que nerveux….
Le départ :
Nous voilà sur la route, nous décidons de partager le temps de conduite : ce sera deux heures par individu.
La première nuit, nous dormons en dehors de la route. Au réveil, Roger vérifie la mécanique, je fais le café, Denise plie les duvets, range. Bedro se lève et va se promener dans la nature. Au retour, Denise lui fait remarquer qu’il n’y a pas de larbin dans un voyage comme le notre. Ca commence mal….
Nous reprenons la route : arrêt repas en Autriche. La commande se fait au doigt puisque personne d’entre nous ne parle l’allemand. Notre choix est fou, on se régale, et pour le dessert la magie du doigt opère à nouveau. La patronne nous fait préciser, fait voir sa montre, il va falloir attendre. Pour gagner du temps, Roger et moi partons vérifier un bruit suspect sur le véhicule. Un quart d’heure plus tard, Denise nous appelle au secours ; nous avions commandé une monstrueuse omelette norvégienne !
Traversée de la Yougoslavie par l’autoroute en béton, qui à chaque joint de dilatation, nous donne l’impression d’être sur un chemin de fer. Puis tranquillement, nous arrivons chez nos amis Bulgares : accueil chaleureux, déchargement au grand soulagement des amortisseurs.
Nos amis, vétérans, plus impatient que des jeunes, vont trouver de l’occupation à Denise. Puisque le matériel est là, il faut le poser, elle blanchira ainsi les plafonds, posera le papier peint, les dalles au sol.
Une journée de repos, nous profitons de celle-ci pour ressouder les pattes qui fixent le toit de la carrosserie.
Adieu à Denise, aux amis, et nous sommes bientôt en Turquie, à Istambul. Arrêt sur le quai d'embarquement pour l'orient. ZUT la voiture refuse de démarrer. Notre mécano vérifie: le bobinage du démarreur à rendu l'âme. Les taxis qui attendent le client nous indiquent un garage. Roger part avec la pièce puis revient une heure plus tard, le tour est joué. Essaie de la pièce devant une foule de curieux, pas le moindre toussotement du moteur. Nous revérifions, deuxième échec, quand un gamin qui nous regarde depuis le début prend un tournevis, demande la permission à Roger et... en laissant tomber le tournevis fais un court-jus: le moteur repart. On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
La traversée de la Turquie est bien entamée, la conduite devient dangereuse, il n’est pas rare en haut d’une côte de trouver un camion, un autocar voué à des prouesses de dépassement de véhicules. Heureusement nous avons toujours trouvé des fossés pour nous réfugier, ALLAH est grand, les problèmes sont de notre coté. Le doux Bedro, contemplatif nous cause quelques tracas, une heure de conduite passe, la deuxième nécessite quelques tapes dans le dos lorsqu’il se met à chanter en frappant en cadence le volant. Avec Roger nous avons calculée la distribution des tours de conduite de façon à ce qu’il ne pilote pas en ville. Mais ce qui devait arriver… Fangio, comme nous l’avons baptisé, lunette de soleil sur les yeux, amorce un des nombreux tunnels évidemment sans éclairage ! Nous voilà donc à grande vitesse dans un trou noir ! Quarante centimètres de trottoir, courbe sur deux roues, nous passons à coté du pire. Sortie du tunnel et vive engueulade.
Peu de temps après, notre Fangio qui a repris le volant pousse un cri, et plante la voiture dans le talus coté montagne. Heureusement, car de l’autre côté c’est le vide absolu.
Je n ai plus de direction, les vérifications s imposent. Les 4 boulons qui fixent la barre de direction sont sectionnés. Notre mécano, sans un mot, s’assoit, allume une cigarette et cogite. Depuis ce jour, j'ai appris une leçon, laisser le temps à la réflexion avant de précipiter. La cigarette finie, Roger prend une lime à ongles, un marteau, et avec minutie arrive à donner à ce qui reste des boulons assez de prise pour les extraire (chapeau); pour les remplacer c est une autre histoire, après maints essaies nous trouvons notre bonheur, chaque roue aura un serrage en moins............ Le voyage se poursuit, à part la fixation du toit: nous roulons en tenant le toit, fil de fer, et main du passager.
Colique oblige, je stoppe la voiture. Un mur bien sympathique va m isoler. Après avoir chassé un serpent, je m installe, quand un autobus rempli de touristes allant vers la Mecque, stoppe à son tour et nous voilà à plus de cinquante dans la même posture; j'ignore s il y a assez de cailloux pour tout ce monde. Quelques milles kilomètres plus loin, même attitude quand, un jeune berger surgit de nulle part, s’approche de moi en me montrant une lame de rasoir ; j’ai compris bien vite qu’il ne m’offrait pas de papier toilette ! Le marchandage commence, lui debout, moi toujours accroupi – Roger arrive ouf, il me libère.
Question conduite de nuit, l’Iran c’est aussi dangereux que la Turquie, la méthode est de rouler plein phares pour croiser, puis de couper tout éclairage et enfin remettre les phares. Autant vous dire qu'avant d'avoir assimilé le système nous décidons de ne pas rouler de nuit.
Sur notre carte, pour rejoindre MECHEED, deux routes sont possibles. Malgré les conseils gestuels de quelques uns nous mettons le cap plein Sud. Quelques kilomètres plus loin le désert, un seul camion à l’horizon, de nombreuses tôles ondulées.
Nous sommes enfin à MECHEED, la ville sainte. La visite de la mosquée s’impose. La place est imposante, c’est un magnifique lieu de culte. Autour des échoppes tout commerce, nous marchandons quelques vivres. A la visite, nous ne sommes pas les bienvenus, à chaque approche des fidèles nous barrent le passage. Un commerçant parlant Français propose de nous prêter des vêtements. Déguisés en musulmans nous pourrons peut être visiter. Nous étions entrain de calculer les risques, lorsqu’un cortège d’environ deux cents personnes criant des slogans et renversant tout étalage, se précipita vers la mosquée. Nous rappelant ainsi que Komeny grignotait le trône du Shah. Retrait de notre part en longeant les murs. Content, TRES content de ne pas s’être déguisés.
Retour en ville : nous continuons de visiter les gargotes ; nous voulons boire une bière. Impossible car introuvable, bien sûr ! Cependant, sur un étalage, une superbe boite, genre 5 kg, attire notre attention, pub en arabe, étiquette rose, représentant une oie dans une basse cour, d’office nous achetons. Plus tard quand nous ouvrirons la boite pas la moindre trace de bestiole, mais 5 kg de graisse succulente pour cuire avec des patates.
Comme partout, les enfants nous collent aux basques. Parmi eux, un gamin de sept, huit ans me tire les vêtements ; Je me libère agacé, lui, sort de sa poche un vieux préservatif, et par des gestes, me fait des offres à l’achat. Surpris et refus catégorique, mais nous l’avons quand même « bourré » de bonbons.
Enfin l'Afganistan:
16 jours de route, 8 milles bornes au compteur, visas obtenus. Il nous faut tout compter en Afhanis.. et en Afghans....
Exemple : les pleins de carburant se font au bidon de deux cent litre. Avec une pompe manuelle, deux tubes transparents de cinq litres se remplissent et se vident à chaque pression. Pour savoir le nombre de litres versés, ne pas quitter la pompe des yeux et compter. Pour payer, comme tout étranger ne connaissant pas les prix, je sors une grosse coupure. Grimace du pompiste qui me rend un tas de billets, hochement de tête, air mécontent, quelques billets rejoignent les autres, bref, je pique une colère et des pièces apparaissent. Seulement cette fois l’attitude de mon caissier me fait comprendre que c’est terminé. Eclats de rire des deux cotés, poignée de mains.
KABOUL : 1000 kilomètre. Nous sommes presque arrivés. Première crevaison, nous changeons la roue sans réparer. Un peu plus loin, nous rencontrons une cabane en terre au bord de la route, où sont suspendues des chambres à air. Un pépé, assis sous un panneau « vulcaniser » fait la sieste. Voila notre sauveur. Enfin presque ! La chambre à air entaillée sur dix centimètres est impossible à réparer. Dans le magasin, rien qui puissent remplacer notre défunte. Le pépé, nous offre le « tchaï », il prend une aiguille et du fil, puis recoud la chambre à air, il remonte l’ensemble sur la jante, gonfle celle-ci et stupéfaits, nous décidons de mettre à l’épreuve ce beau travail. Ca tient le coup, nous nous arrêtons donc pour la nuit. Le lendemain, la roue est à plats, gonflage pompe à main la journée se passe bien. Nous sortirons le Crick trois jours durant, chaque soir jusqu’à notre arrivé à Kaboul. Là nous y trouvons un rechange et avons une pensées treès reconnaissante pour notre bricoleur de génie.
Petite promenade dans la ville, musée, échoppes, poussières, femmes vêtues à l’Européenne dans les lieux publics…. Aussitôt revêtus du TCHADRI, la visite nous amène devant un cinéma, un film Italien est en projection sous-titré en arabe. Et nous les Français ! Quelques instants d’adaptation et nous constatons que les réactions des spectateurs sont différentes des nôtres. Bon passons….
Dans une rue, un étal de boucher attire mon regard, sous les mouches, de superbes gigots de mouton. Cela va nous changer des conserves. Je fais signe au boucher de couper trois tranches, ce qu’il fait avec application, papier journal comme emballage. « CHALE ? » (combien) et il me sort un billet, une grosse coupure. D’après moi c’est le prix du mouton ! refus, je gueule et fais mine de partir, mais le boucher lui vint tout droit me planter son couteau sur mon estomac. Je recule, un passant se précipite. Dans un mélange de langues, il m’explique que le gigot se vend en entier. Je m’excuse et joue mon ignorance des coutumes. Finalement je paie un prix raisonnable, poignée de mains, un sourire, OUF !
Par la suite, j’ai appris que l’ensemble de la population vit comme au Moyen-Âge. La vie d’un individu, surtout non-croyant n’a guère d’importance.
Quittant Kaboul, nous décidons de pousser une visite vers la Pakistan, par la passe de Kiber. Visite d’un village en bord de route, nous sommes dans le no man’s land : cabanes alignées de chaque coté de la rue, poussière bien entendu. Nous n’avons pas atteint les premières maisons que des coup de feu éclatent. Nous stoppons et voyons plusieurs personnes tirer en l’air. Pas rassurés, nous entrons quand même dans le village. Dans les échoppes pas de fruits ni de tapis, en exposition des armes de toute nature et provenance. Un véritable arsenal où chaque individu fait son marché, essaie, paie et part en toute impunité. En bout de village, changement de marchandises : entassées jusqu’au plafond, des tablettes de « H » attendent le client. Tu paies moitié maintenant, moitié à la livraison nous dit en Français un « commerçant » et puis tu vas au Pakistan, non ? Alors fais demi tour dit-il, la passe c’est dangereux. Nous suivons son conseil ; retour à Kaboul, direction BAMIYAN (bouddhas) et les lacs du BAND-I- AMIR.
Nous quittons la plaine et la chaleur pour se rendre directement en montagne. La piste en lacet grimpe raide, nous doublons quelques camions très colorés, dont les colis débordent des ridelles. Sur les paquets, moutons, poules, et même des chameaux ! enfin, piétinant le tout, des passagers en nombres. Lorsque la pente est trop ardue, ils quittent le véhicule, suivent à pieds, puis remontent quand arrive une descente. Plusieurs manœuvres sont nécessaires pour mettre le camion dans l’axe à chaque virage. Pendant celles-ci, nous voyons agir la cinquième roue : un gamin, posté sur une petite plate-forme à l’arrière, armé d’une énorme cale fixée à un manche, bloque la roue arrière juste avant que celle-ci ne parte dans le vide. A vous donner des frissons !!
Le seul plat que nous verrons sur cette piste se trouve au sommet, 700-800 mètres environ, la crête de la a été raboté, équivalent à la largeur d’un camion et de chaque part le vide de plusieurs centaines de mètres. Nous roulons vraiment sur la tête d’une aiguille : impressionnant d’une beauté à toute épreuve !
Enfin nous arrivons dans la vallée de Bamiyan. A notre surprise, un hôtel deux étoiles en bords de route. On devrait trouver de la bière ! Une longue allée fleurie nous conduit au centre de ce complexe. Paillotes, palmier, verdure, ça sent le fric ! Nous ne sommes pas arrêtés, qu’un groom se précipite, regarde l’immatriculation et s’adresse à nous dans notre langue. Salutation, et de suite « peut-on trouver de la bière, » « Nous avons toute sorte d’alcool, du champagne Français, mais pas de bière » Le type nous explique que nous sommes les seuls touristes. Un convoi de Japonais doit venir en hélicoptère dans une quinzaine pour une journée. Vu nos finances et notre mode de voyage nous ne prenons même pas la peine de demander les tarifs.
Nous repartons, prochain arrêt devant les bouddhas. Creusés dans la montagne, deux énormes de cinquante trois mètres, protégés par des niches, nous obligent à lever les yeux. Quelles merveilles, combien d’années et combien de victimes du travail pour sculpter ces chefs-d’œuvre. D’autant plus que la montagne autour ressemble à du gruyère, galeries, escaliers nous emmènent au dessus de la tête des statues. Une preuve que les humains lorsqu’ils sont motivés, réalisent des choses formidables.
rajout du vendredi 19/07
Les lacs nous attendent, nous y arrivons par un soleil radieux, et là, c’est la nature qui nous éblouit. Dans une vaste vallée, plusieurs lacs d’un bleu intense, retenus par des concrétions calcaires, se déversent en cascade les uns dans les autres. C’est d’une beauté absolue. Cette nature sauvage que nous sommes seuls à troubler nous coupe le souffle. L’eau transparente laisse distinguer le fond où flânent des centaines de poissons. Jusqu’au soir, nous marchons, courons, éblouis. Chaque arrêt nous fait découvrir des tonalités multiples et des abords singuliers. Le soir venu, nous installons le campement sur les berges, sommeil réparateur : à notre réveil et à notre surprise de la glace sur les vitres. Nous avions oublié que nous culminons à 4 000 mètres. Hier torse-nu, ce matin col roulé. Un bon café va nous réchauffer, loupé ! Le gaz a gelé, nous enfermons la bouteille dans un duvet.
En tournant autour de la voiture, surprise, le bouchon du radiateur est par terre. Le capot levé, un bloc de glace sort du radiateur. Aie, inquiétude, si le radiateur a souffert cela signifie abandon du véhicule, marche à pieds sur 100-200 kms, en sachant que la neige peut tomber
Bon le butane est dégelé, objectif café d’abords, puis nous faisons chauffer de l’eau, et de l’eau pour tenter de dégeler ce radiateur. Enfin midi, le soleil nous réconforte. Bedro, armé de notre unique canne à pêche est au bord du lac. Dernières vérifications minutieuses, pas de fuite. Nous dégommons le moteur à la manivelle, ajoutons l’antigel pardi, et sorti du fond des casiers coup de démarrage, inch’allah ! ça tourne, Roger et moi prenons soin de saluer le dieu des voyageurs…
Bedro, absent toute la matinée, revient, joyeux, il agite une assiette pleine de poissons, bute contre une pierre et la pêche retourne à l’eau. Nous mangerons des conserves, quoi de plus naturel !
Retour sur Bamiyan, nous faisons les pleins. Un camion citerne vient enfin d’arriver. Un couple d’Anglais attend depuis trois jours, c’est vraiment notre jour de chance. Et le leur aussi, car leur pont avant à rendu l’âme et nous en avons un, fixé sur la galerie. Prenant des risques nous leur offrons ; s’ils avaient osé ils nous auraient même embrassé les pieds. Nous laisserons aussi en cadeau sur le bord de la piste nos deux bidon en fer blanc. Bien arrimés sur le toit, ils ont frottés l’un contre l’autre et maintenant les écoulements de carburant nettoient le pare brise.
Arrêt dans une TCHAIKANA. Presque tous les villages en ont une. Maison commune où l’on sert le thé tout au long de la journée et de la nuit. C’est un lieu de rencontre où les habitants, les voyageurs se côtoient, échangent des nouvelles. Elles servent aussi de restaurant et de dortoir. Le plat est unique, le PAOLO, riz cuit à la graisse de mouton ; La plaisanterie : « comment avez-vous trouvé le mouton ? Sous le grains de riz ! » Si vous avez la chance de consommer chaud, c’est mangeable. En dehors des heures de repas, c’est froid, alors là, le suif vous colle au palais, d’où la consommation de plusieurs verres de thé bien chaud. Nous avons tenté l’expérience de passer la nuit en TCHAIKANA.
Mode d’emploi : après le thé de rigueur, prendre ses précautions en généra, derrière le bâtiment, rien n’existe à l’intérieur. Sous peine de ramener des souvenirs sous les semelles, se munir d’une lampe de poche. Prendre son duvet, le saupoudrer de DDT, choisir un endroit libre parmi les dormeurs, s’allonger sur un tapis poussiéreux et s’isoler mentalement, des râles, toux, ronflements et autres. Bonne nuit, et tout cela pour une somme modique.
Le retour :
Les jours passent, il nous faut rentrer. Sortie AFGHA, les douaniers veulent nous vendre 10 Kg de « H ». Refus, le prix baisse, le kg frôle le prix des 50g à Paris. Mais nous ne nous laissons pas convaincre.
Par contre visite du véhicule par le conservateur du musée de KABOUL, qui nous explique que par manque de moyens il récupère (saisie) tout objet pouvant figurer dans le musée.
Coté Iranien, de grand panneaux en toute langue, préviennent le voyageur qu’il est interdit de transporte de la drogue sous peine de « mort ». Chacun protège son marché.
Kilomètre après kilomètre nous traversons l’IRAN, puis la TURQUIE, où nous trouvons un combi W. en panne avec six jeunes à l’intérieur qui arrivent de KATMANDOU. Roger cherche et trouve la panne, c’est l’allumage, une bougie vissée de travers. Impossible de l’extraire avec l’outillage que nous possédons. Pas de problème, chacun prend son sac, laisse le véhicule en bord de route et part en stop. Sans commentaire…..
Nous, repartons, traversons EDIRNE, dernière grande ville avant la frontière Bulgare. Beaucoup de militaires, mais nous sommes habitués, la Turquie étant limitrophe avec l’URSS. Basses Américaine nombreuses, guerre avec le PKK (indépendantistes Kurdes). Un barrage plus important nous oblige à stopper. Un gradé, plein de galons, assis à l’arrière d’une grosse cylindrée commande : je m’adresse à lui, par gestes, lui faisant comprendre que nous souhaitons atteindre la frontière. Réponse instantanée, demi-tour et convoi au centre ville devant l’office du tourisme. Là, nous apprenons, en Français, que la frontière est fermée et que nous pouvons attendre dans un camping. EDINE est aussi à quelques kilomètres de la Grèce… Décision prise, direction Grèce. Une petite route droite nous y amène, un pont fait office de séparation. Mais alors que nous sommes encore sur la ligne droite, des militaires nous mettent en joue. Ou ahou ! un demi tour, nous sommes dans la mouise !
Un groupe de Français, dix véhicules sont là, dont un couple avec enfants. Invités depuis dix jours et manquant de fric. Le lendemain Roger et moi partons pour la préfecture de Police. Peut être…. A l’entrée,un planton veut nous barrer le passage –nous l’ignorons- j’ouvre une grande porte et là une assemblée de militaires en conférence. Je demande si quelqu’un parle le français. Un gradé se lève, me désigne une porte au fond du couloir en disant : « traducteur ». Personne, nous repassons devant le bureau du planton absent lui aussi. Son bureau est rempli de tampons. Je fais mon marché et retour au camping. Les collègues french font un feu de camp. Plus tard nous recevons la visite de l’attaché d’ambassade de France qui se présente, nous offre cigarettes, chocolats, et donne les dernière nouvelles… La Turquie subit une épidémie de choléra dévastatrice, mille morts par jours. L’ennui c’est qu’elle ne veut pas le reconnaître, questions touristiques, économique et autres. D’où la fermeture sanitaire Bulgarie-Grèce. Consignes supplémentaires : ne pas passer par la montagne, elle est minée ; ne pas donner nos passeports au chef de la Police, il les revends le lendemain. D’après ses informations, un convoi serait envisagé…
Peu après sa visite, le camp est envahie par les flics qui matraquent les travailleurs Turques manifestant pour leur cause (leur travail en Allemagne est compromis par leurs absences) ; Bedro prends des photos devant les flics, qui n’ont pas l’air d’apprécier et commencent à le courser. Echec, super Bedro en action… enfin, heureusement pour nous qu’ils ignorent sa nationalité !
Nous sommes rassemblés devant un feu de bois quand arrive le chef de la police. On doit former un convoi, nombres de voitures, je réponds onze, sans préciser que la onzième n’est pas du bon côté. Ordre de faire le vaccin contre le choléra contrôlé par les Turcs. Réaction unanime, hors de question de refaire des vaccins. Ordres aussi de donner les passeports pour l’enregistrement. Nouveau refus. « monsieur le chef » part, ses bénéfices sont en baisse. Après son départ, je sors mes achats de la préfecture, dans la demi heure, tout le monde est en règle. Je fais ensuite cadeau des tampons à nos compagnons d’infortune Turcs, qui apprécient….
Nous exposons notre situation au groupe, nous sommes hors convoi. Une pince coupante fait son apparition, mais à la première coupe, les gamelles pendues au barbelé donne l’alarme. Loupé ! décision prise, comme le cortège de voiture doit passer devant nous, la troisième voiture va tomber en panne nous laissant le temps de nous glisser dans la file.
Nous allons nous coucher. Bedro tenait une conférence avec les Turques, dans la voiture, toutes lumières allumées.
Le lendemain, passe la première, puis la seconde voiture en route pour la Bulgarie. Comme convenu, capot ouvert, la troisième bloque. Nous mettons le contact, Rien ! La batterie avait été vidée par la conférence d’hier soir. Roger se précipite en jurant, trouve la manivelle, et après plusieurs tentatives démarre pendant que j’accélère. Les Français « en panne » s’impatientent. Des flics arrivent, nous démarrons sous leurs yeux. Nous n’aurions pas été occupés, dans l’urgence, notre poids mort aurait passé un sale quart d’heure.
Vers minuit, nous sommes à la frontière, il gèle et l’attente commence. Notre attaché d’ambassade est présent et mène les tractations. Gelé, il vient chercher chaleur et café dans notre bagnole. Vraiment sympa ce type.
Au petit matin, la situation se débloque, un grand salut à notre attaché ; nous sommes en Bulgarie. Passeport, visas puis désinfection intérieur-extérieur du véhicule, semelles des chaussures, pas de légume ni de fruit autorisé. Pendant que l’on prend soin de nous, se présente l’ambassadeur Français en Bulgarie. Il nous explique que le convoi va traverser la Bulgarie jusqu’en Yougoslavie. Interdiction de s’arrêter ou de quitter le groupe. Oui, mais cela ne fait pas mon affaire, madame est à SOFIA. Aussi, avec un visage de circonstance, il nous annonce la mort du Président de Gaulle. Devant la réaction d’une partie du groupe qualifiant le général de noms d’oiseaux, il disparaît et nous ne le reverrons plus. Voiture de police à l’avant, hauts parleurs annonçant à la population notre état « cholérique », voiture à l’arrière fermant le convoi, nous traversons le pays en une seule traite.
DIMITROVGRAD : Frontière Yougoslave, il gèle vigoureusement et me voilà sorti de Bulgarie sans avoir retrouvé ma femme. Sans nouvelle est-elle partie ? Je laisse mes compagnons à l’abri dans un hôtel, et prends contact avec les policiers à la gare. Madame n’est pas passée. Je leur demande de lui signaler, lors de leur coltrôle de passeport que son mari est à l’hôtel « machin » et je repars au poste bulgare. Sur la route un autostoppeur frigorifié. Prend ma place à l’hôtel, c’est payé. Direction guichet Bulgare pour visa. Le préposé, qui m’a vu le matin dans l’autre sens, refuse avec le sourire, en faisant oui de la tête (il faut savoir que le oui et le non gestuel est inversé en Bulgarie). « NE ! CHOLERA ! » J’insiste, lui aussi. Je demande un médecin, « NE ! » et j’abandonne. Je stationne près du poste. Comment faire ? Et EUREKA. Parmi les papiers officiels (ou pas), je retrouve ma carte de presse, correspondant de l’HUMANITE. Retour au guichet, je lui présente mon passeport ouvert, avec au centre ma carte de presse. Il jette un œil, puis me donne le visa contre cinq levas. OUF !! Une heure de route et je suis chez mes amis Bulgares qui ouvrent de grands yeux. On ne pensait pas que tu pourrais passer. Retrouvailles avec ma moitié, qui, valise prête devait prendre le train le lendemain.
Franchissement à nouveau de la frontière, sourires des douaniers, salut de notre part. Nous récupérons nos deux compères, direction l’Autriche. Le manque de joints sur le véhicule nous pose problème. Le pare-brise bourré de fleurs de coton passe encore, mais les glaces et les portières nous envoient un vent glacial. L’équipage n’a plus figure humaine. Le chauffeur enfile son duvet, puis pose les pieds sur les pédales, chaussettes comme mitaines, et maillot de corps sur la tête. Quant aux passagers, à part le nez, tout est dans les duvets.
Dernier trou dans le budget, les pneus ont souffert, le plus usé montre la chambre à air sur plusieurs centimètres. Entre pluie et gel, impossible de tenir la voiture en ligne droite. Il nous faut acheter un pneu que nous mettons côté chauffeur, ce qui nous permet d’accrocher la route.
STRASBOURG, 23heures, enfin en France. Il fait nuit noire, nous prenons deux chambres dans un hôtel d de seconde zone. Toilettes au fond du couloir, etc. mais nous serons au chaud. Je surprends Bedro au téléphone, en conversation avec des camarades du boulot.
L « individu » nous « charge » mettant sur notre dos le retard accumulé. Cette fois s’en ai trop…. Discussions orageuses, flash back du voyage depuis le début avec en couleur les nombreuses conneries de notre cher compère.
Bref, la fin du voyage est calme, normale, tout le monde fait la gueule. Dommage que cela s’achève de cette façon.
Deux ans plus tard, quatre copains repartent pour l’AFGHA, dont trois font confiance au quatrième pour les embarquer dans des galères.
Mais c’est une autre histoire… Raymond.
FIN
j'attends son accord pour recopier, et partager avec vous.....
en fait je l'avais une fois dépanner avec ma Série... et elle m avait dit que son père en avaient eu aussi pour ses longs voyages...
du coup elle m a passé deux premiers carnets.... le premier étant le trajet allé et retour jusqu a là bas...
le 2éme étant le recit detaillé sur place....
que du bonheur....

Récit:
1970, nous voilà autour d’une table avec nos amis Roger et Jackie, et l’incontournable discussion autour d’une nouvelle aventure s’opère….
Quelles sont nos dates de vacances cette année ? La boite de Denise et Jackie ferme en juillet, et pour nous qui travaillons dans la presse, le tirage au sort nous octroie octobre. Tout cela est bien sympathique, cela dit ou personne ne part, ou nous serons contraints (quoique…) de partir séparément. A l’évidence, la frénésie d’une nouvelle aventure rompt cet embarras.
Décision prise pour ces dames, ce sera la Bulgarie chez nos bons vieux amis, elles utiliseront la Peugeot qui fera largement l’affaire. Et pour nous, les yeux fermés nous plongeons nos doigts sur une carte : AFGANISTAN
La course aux informations commence donc, avec la paperasses-passeport et visas, la lecture, pour nous immerger dans la culture et les us, les cartes et enfin les vaccins. Restons prudents ! Coté pratique la recherche d'un tout terrain semble nécessaire. Après revue de quelques annonces nous achetons un Land-Rover long, commode pour les couchettes. Roger, mécano à ses heures vérifie la compression à la manivelle, pneus presque en bon état. Kilométrage 400 000, le prix pas trop mal, de toute façon cela fera l'affaire, en plus rodage inclus.
En attendant au boulot, un bruit court : Roger et Raymond préparent un voyage en AFGHA…. Un troisième larron Bedro est partant, nous l’accueillons bien volontiers. Mais une demi larronne perturbe nos plans, Denise repart en Bulgarie pour ramener du matériel manquant chez nos potes Bulgares. Il faudra donc la récupérer au retour.
La date du départ approchant, il faut vaincre notre peur : et des piqûres et des roulettes…. Prenons donc rendez-vous chez la dentiste. Nous expliquons le but de notre démarche et cette « tortionnaire » bien agréable partage notre passion des voyages, tant et si bien que la durée de la visite fut dépassée. Le rendez-vous suivant fut une douce plaisanterie puisque la dentiste nous emmena faire son marché. Nous n’aurons vu finalement ni roulette ni seringue, mais nous partirons quand même avec un généreux sac de médicaments. Pour le carnet de santé nous ne pouvons plus reculer, direction Air-France et nous ressortons bien heureux que se soit fait, avec le plein de cholera et un carnet.
Dans le même temps, le bricolage du véhicule va dare-dare, casiers pour le matériel, plancher pour le sommeil, rangements multiples pour le réchaud etc. Un petit problème se pose: vu l'espace impartie pour chacun, où va-t-on coucher Denise? Réflexion faite, et compte tenu du peu de nuit jusqu'à Sofia nous tendons un hamac en diagonale- ce qui nous fera dormir à quelques centimètres du fessier de Madame.
La veille du départ, enfin ! Chacun s’active au chargement, les portes arrières se referment seules, ce qui nous gène dans notre travail. Bedro trouve la solution. Etant donné les informations (s’avérant fausses) nous avions décidés de prendre une arme, Bedro pensa donc à caler les portes avec les deux boites de cartouches, bien compressées dans les angles. Ce que nous ne savions pas, c’est que Bedro était un doux rêveur, ce qui nous valut un tas de soucis, tant mécaniques que nerveux….
Le départ :
Nous voilà sur la route, nous décidons de partager le temps de conduite : ce sera deux heures par individu.
La première nuit, nous dormons en dehors de la route. Au réveil, Roger vérifie la mécanique, je fais le café, Denise plie les duvets, range. Bedro se lève et va se promener dans la nature. Au retour, Denise lui fait remarquer qu’il n’y a pas de larbin dans un voyage comme le notre. Ca commence mal….
Nous reprenons la route : arrêt repas en Autriche. La commande se fait au doigt puisque personne d’entre nous ne parle l’allemand. Notre choix est fou, on se régale, et pour le dessert la magie du doigt opère à nouveau. La patronne nous fait préciser, fait voir sa montre, il va falloir attendre. Pour gagner du temps, Roger et moi partons vérifier un bruit suspect sur le véhicule. Un quart d’heure plus tard, Denise nous appelle au secours ; nous avions commandé une monstrueuse omelette norvégienne !
Traversée de la Yougoslavie par l’autoroute en béton, qui à chaque joint de dilatation, nous donne l’impression d’être sur un chemin de fer. Puis tranquillement, nous arrivons chez nos amis Bulgares : accueil chaleureux, déchargement au grand soulagement des amortisseurs.
Nos amis, vétérans, plus impatient que des jeunes, vont trouver de l’occupation à Denise. Puisque le matériel est là, il faut le poser, elle blanchira ainsi les plafonds, posera le papier peint, les dalles au sol.
Une journée de repos, nous profitons de celle-ci pour ressouder les pattes qui fixent le toit de la carrosserie.
Adieu à Denise, aux amis, et nous sommes bientôt en Turquie, à Istambul. Arrêt sur le quai d'embarquement pour l'orient. ZUT la voiture refuse de démarrer. Notre mécano vérifie: le bobinage du démarreur à rendu l'âme. Les taxis qui attendent le client nous indiquent un garage. Roger part avec la pièce puis revient une heure plus tard, le tour est joué. Essaie de la pièce devant une foule de curieux, pas le moindre toussotement du moteur. Nous revérifions, deuxième échec, quand un gamin qui nous regarde depuis le début prend un tournevis, demande la permission à Roger et... en laissant tomber le tournevis fais un court-jus: le moteur repart. On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
La traversée de la Turquie est bien entamée, la conduite devient dangereuse, il n’est pas rare en haut d’une côte de trouver un camion, un autocar voué à des prouesses de dépassement de véhicules. Heureusement nous avons toujours trouvé des fossés pour nous réfugier, ALLAH est grand, les problèmes sont de notre coté. Le doux Bedro, contemplatif nous cause quelques tracas, une heure de conduite passe, la deuxième nécessite quelques tapes dans le dos lorsqu’il se met à chanter en frappant en cadence le volant. Avec Roger nous avons calculée la distribution des tours de conduite de façon à ce qu’il ne pilote pas en ville. Mais ce qui devait arriver… Fangio, comme nous l’avons baptisé, lunette de soleil sur les yeux, amorce un des nombreux tunnels évidemment sans éclairage ! Nous voilà donc à grande vitesse dans un trou noir ! Quarante centimètres de trottoir, courbe sur deux roues, nous passons à coté du pire. Sortie du tunnel et vive engueulade.
Peu de temps après, notre Fangio qui a repris le volant pousse un cri, et plante la voiture dans le talus coté montagne. Heureusement, car de l’autre côté c’est le vide absolu.
Je n ai plus de direction, les vérifications s imposent. Les 4 boulons qui fixent la barre de direction sont sectionnés. Notre mécano, sans un mot, s’assoit, allume une cigarette et cogite. Depuis ce jour, j'ai appris une leçon, laisser le temps à la réflexion avant de précipiter. La cigarette finie, Roger prend une lime à ongles, un marteau, et avec minutie arrive à donner à ce qui reste des boulons assez de prise pour les extraire (chapeau); pour les remplacer c est une autre histoire, après maints essaies nous trouvons notre bonheur, chaque roue aura un serrage en moins............ Le voyage se poursuit, à part la fixation du toit: nous roulons en tenant le toit, fil de fer, et main du passager.
Colique oblige, je stoppe la voiture. Un mur bien sympathique va m isoler. Après avoir chassé un serpent, je m installe, quand un autobus rempli de touristes allant vers la Mecque, stoppe à son tour et nous voilà à plus de cinquante dans la même posture; j'ignore s il y a assez de cailloux pour tout ce monde. Quelques milles kilomètres plus loin, même attitude quand, un jeune berger surgit de nulle part, s’approche de moi en me montrant une lame de rasoir ; j’ai compris bien vite qu’il ne m’offrait pas de papier toilette ! Le marchandage commence, lui debout, moi toujours accroupi – Roger arrive ouf, il me libère.
Question conduite de nuit, l’Iran c’est aussi dangereux que la Turquie, la méthode est de rouler plein phares pour croiser, puis de couper tout éclairage et enfin remettre les phares. Autant vous dire qu'avant d'avoir assimilé le système nous décidons de ne pas rouler de nuit.
Sur notre carte, pour rejoindre MECHEED, deux routes sont possibles. Malgré les conseils gestuels de quelques uns nous mettons le cap plein Sud. Quelques kilomètres plus loin le désert, un seul camion à l’horizon, de nombreuses tôles ondulées.
Nous sommes enfin à MECHEED, la ville sainte. La visite de la mosquée s’impose. La place est imposante, c’est un magnifique lieu de culte. Autour des échoppes tout commerce, nous marchandons quelques vivres. A la visite, nous ne sommes pas les bienvenus, à chaque approche des fidèles nous barrent le passage. Un commerçant parlant Français propose de nous prêter des vêtements. Déguisés en musulmans nous pourrons peut être visiter. Nous étions entrain de calculer les risques, lorsqu’un cortège d’environ deux cents personnes criant des slogans et renversant tout étalage, se précipita vers la mosquée. Nous rappelant ainsi que Komeny grignotait le trône du Shah. Retrait de notre part en longeant les murs. Content, TRES content de ne pas s’être déguisés.
Retour en ville : nous continuons de visiter les gargotes ; nous voulons boire une bière. Impossible car introuvable, bien sûr ! Cependant, sur un étalage, une superbe boite, genre 5 kg, attire notre attention, pub en arabe, étiquette rose, représentant une oie dans une basse cour, d’office nous achetons. Plus tard quand nous ouvrirons la boite pas la moindre trace de bestiole, mais 5 kg de graisse succulente pour cuire avec des patates.
Comme partout, les enfants nous collent aux basques. Parmi eux, un gamin de sept, huit ans me tire les vêtements ; Je me libère agacé, lui, sort de sa poche un vieux préservatif, et par des gestes, me fait des offres à l’achat. Surpris et refus catégorique, mais nous l’avons quand même « bourré » de bonbons.
Enfin l'Afganistan:
16 jours de route, 8 milles bornes au compteur, visas obtenus. Il nous faut tout compter en Afhanis.. et en Afghans....
Exemple : les pleins de carburant se font au bidon de deux cent litre. Avec une pompe manuelle, deux tubes transparents de cinq litres se remplissent et se vident à chaque pression. Pour savoir le nombre de litres versés, ne pas quitter la pompe des yeux et compter. Pour payer, comme tout étranger ne connaissant pas les prix, je sors une grosse coupure. Grimace du pompiste qui me rend un tas de billets, hochement de tête, air mécontent, quelques billets rejoignent les autres, bref, je pique une colère et des pièces apparaissent. Seulement cette fois l’attitude de mon caissier me fait comprendre que c’est terminé. Eclats de rire des deux cotés, poignée de mains.
KABOUL : 1000 kilomètre. Nous sommes presque arrivés. Première crevaison, nous changeons la roue sans réparer. Un peu plus loin, nous rencontrons une cabane en terre au bord de la route, où sont suspendues des chambres à air. Un pépé, assis sous un panneau « vulcaniser » fait la sieste. Voila notre sauveur. Enfin presque ! La chambre à air entaillée sur dix centimètres est impossible à réparer. Dans le magasin, rien qui puissent remplacer notre défunte. Le pépé, nous offre le « tchaï », il prend une aiguille et du fil, puis recoud la chambre à air, il remonte l’ensemble sur la jante, gonfle celle-ci et stupéfaits, nous décidons de mettre à l’épreuve ce beau travail. Ca tient le coup, nous nous arrêtons donc pour la nuit. Le lendemain, la roue est à plats, gonflage pompe à main la journée se passe bien. Nous sortirons le Crick trois jours durant, chaque soir jusqu’à notre arrivé à Kaboul. Là nous y trouvons un rechange et avons une pensées treès reconnaissante pour notre bricoleur de génie.
Petite promenade dans la ville, musée, échoppes, poussières, femmes vêtues à l’Européenne dans les lieux publics…. Aussitôt revêtus du TCHADRI, la visite nous amène devant un cinéma, un film Italien est en projection sous-titré en arabe. Et nous les Français ! Quelques instants d’adaptation et nous constatons que les réactions des spectateurs sont différentes des nôtres. Bon passons….
Dans une rue, un étal de boucher attire mon regard, sous les mouches, de superbes gigots de mouton. Cela va nous changer des conserves. Je fais signe au boucher de couper trois tranches, ce qu’il fait avec application, papier journal comme emballage. « CHALE ? » (combien) et il me sort un billet, une grosse coupure. D’après moi c’est le prix du mouton ! refus, je gueule et fais mine de partir, mais le boucher lui vint tout droit me planter son couteau sur mon estomac. Je recule, un passant se précipite. Dans un mélange de langues, il m’explique que le gigot se vend en entier. Je m’excuse et joue mon ignorance des coutumes. Finalement je paie un prix raisonnable, poignée de mains, un sourire, OUF !
Par la suite, j’ai appris que l’ensemble de la population vit comme au Moyen-Âge. La vie d’un individu, surtout non-croyant n’a guère d’importance.
Quittant Kaboul, nous décidons de pousser une visite vers la Pakistan, par la passe de Kiber. Visite d’un village en bord de route, nous sommes dans le no man’s land : cabanes alignées de chaque coté de la rue, poussière bien entendu. Nous n’avons pas atteint les premières maisons que des coup de feu éclatent. Nous stoppons et voyons plusieurs personnes tirer en l’air. Pas rassurés, nous entrons quand même dans le village. Dans les échoppes pas de fruits ni de tapis, en exposition des armes de toute nature et provenance. Un véritable arsenal où chaque individu fait son marché, essaie, paie et part en toute impunité. En bout de village, changement de marchandises : entassées jusqu’au plafond, des tablettes de « H » attendent le client. Tu paies moitié maintenant, moitié à la livraison nous dit en Français un « commerçant » et puis tu vas au Pakistan, non ? Alors fais demi tour dit-il, la passe c’est dangereux. Nous suivons son conseil ; retour à Kaboul, direction BAMIYAN (bouddhas) et les lacs du BAND-I- AMIR.
Nous quittons la plaine et la chaleur pour se rendre directement en montagne. La piste en lacet grimpe raide, nous doublons quelques camions très colorés, dont les colis débordent des ridelles. Sur les paquets, moutons, poules, et même des chameaux ! enfin, piétinant le tout, des passagers en nombres. Lorsque la pente est trop ardue, ils quittent le véhicule, suivent à pieds, puis remontent quand arrive une descente. Plusieurs manœuvres sont nécessaires pour mettre le camion dans l’axe à chaque virage. Pendant celles-ci, nous voyons agir la cinquième roue : un gamin, posté sur une petite plate-forme à l’arrière, armé d’une énorme cale fixée à un manche, bloque la roue arrière juste avant que celle-ci ne parte dans le vide. A vous donner des frissons !!
Le seul plat que nous verrons sur cette piste se trouve au sommet, 700-800 mètres environ, la crête de la a été raboté, équivalent à la largeur d’un camion et de chaque part le vide de plusieurs centaines de mètres. Nous roulons vraiment sur la tête d’une aiguille : impressionnant d’une beauté à toute épreuve !
Enfin nous arrivons dans la vallée de Bamiyan. A notre surprise, un hôtel deux étoiles en bords de route. On devrait trouver de la bière ! Une longue allée fleurie nous conduit au centre de ce complexe. Paillotes, palmier, verdure, ça sent le fric ! Nous ne sommes pas arrêtés, qu’un groom se précipite, regarde l’immatriculation et s’adresse à nous dans notre langue. Salutation, et de suite « peut-on trouver de la bière, » « Nous avons toute sorte d’alcool, du champagne Français, mais pas de bière » Le type nous explique que nous sommes les seuls touristes. Un convoi de Japonais doit venir en hélicoptère dans une quinzaine pour une journée. Vu nos finances et notre mode de voyage nous ne prenons même pas la peine de demander les tarifs.
Nous repartons, prochain arrêt devant les bouddhas. Creusés dans la montagne, deux énormes de cinquante trois mètres, protégés par des niches, nous obligent à lever les yeux. Quelles merveilles, combien d’années et combien de victimes du travail pour sculpter ces chefs-d’œuvre. D’autant plus que la montagne autour ressemble à du gruyère, galeries, escaliers nous emmènent au dessus de la tête des statues. Une preuve que les humains lorsqu’ils sont motivés, réalisent des choses formidables.
rajout du vendredi 19/07
Les lacs nous attendent, nous y arrivons par un soleil radieux, et là, c’est la nature qui nous éblouit. Dans une vaste vallée, plusieurs lacs d’un bleu intense, retenus par des concrétions calcaires, se déversent en cascade les uns dans les autres. C’est d’une beauté absolue. Cette nature sauvage que nous sommes seuls à troubler nous coupe le souffle. L’eau transparente laisse distinguer le fond où flânent des centaines de poissons. Jusqu’au soir, nous marchons, courons, éblouis. Chaque arrêt nous fait découvrir des tonalités multiples et des abords singuliers. Le soir venu, nous installons le campement sur les berges, sommeil réparateur : à notre réveil et à notre surprise de la glace sur les vitres. Nous avions oublié que nous culminons à 4 000 mètres. Hier torse-nu, ce matin col roulé. Un bon café va nous réchauffer, loupé ! Le gaz a gelé, nous enfermons la bouteille dans un duvet.
En tournant autour de la voiture, surprise, le bouchon du radiateur est par terre. Le capot levé, un bloc de glace sort du radiateur. Aie, inquiétude, si le radiateur a souffert cela signifie abandon du véhicule, marche à pieds sur 100-200 kms, en sachant que la neige peut tomber
Bon le butane est dégelé, objectif café d’abords, puis nous faisons chauffer de l’eau, et de l’eau pour tenter de dégeler ce radiateur. Enfin midi, le soleil nous réconforte. Bedro, armé de notre unique canne à pêche est au bord du lac. Dernières vérifications minutieuses, pas de fuite. Nous dégommons le moteur à la manivelle, ajoutons l’antigel pardi, et sorti du fond des casiers coup de démarrage, inch’allah ! ça tourne, Roger et moi prenons soin de saluer le dieu des voyageurs…
Bedro, absent toute la matinée, revient, joyeux, il agite une assiette pleine de poissons, bute contre une pierre et la pêche retourne à l’eau. Nous mangerons des conserves, quoi de plus naturel !
Retour sur Bamiyan, nous faisons les pleins. Un camion citerne vient enfin d’arriver. Un couple d’Anglais attend depuis trois jours, c’est vraiment notre jour de chance. Et le leur aussi, car leur pont avant à rendu l’âme et nous en avons un, fixé sur la galerie. Prenant des risques nous leur offrons ; s’ils avaient osé ils nous auraient même embrassé les pieds. Nous laisserons aussi en cadeau sur le bord de la piste nos deux bidon en fer blanc. Bien arrimés sur le toit, ils ont frottés l’un contre l’autre et maintenant les écoulements de carburant nettoient le pare brise.
Arrêt dans une TCHAIKANA. Presque tous les villages en ont une. Maison commune où l’on sert le thé tout au long de la journée et de la nuit. C’est un lieu de rencontre où les habitants, les voyageurs se côtoient, échangent des nouvelles. Elles servent aussi de restaurant et de dortoir. Le plat est unique, le PAOLO, riz cuit à la graisse de mouton ; La plaisanterie : « comment avez-vous trouvé le mouton ? Sous le grains de riz ! » Si vous avez la chance de consommer chaud, c’est mangeable. En dehors des heures de repas, c’est froid, alors là, le suif vous colle au palais, d’où la consommation de plusieurs verres de thé bien chaud. Nous avons tenté l’expérience de passer la nuit en TCHAIKANA.
Mode d’emploi : après le thé de rigueur, prendre ses précautions en généra, derrière le bâtiment, rien n’existe à l’intérieur. Sous peine de ramener des souvenirs sous les semelles, se munir d’une lampe de poche. Prendre son duvet, le saupoudrer de DDT, choisir un endroit libre parmi les dormeurs, s’allonger sur un tapis poussiéreux et s’isoler mentalement, des râles, toux, ronflements et autres. Bonne nuit, et tout cela pour une somme modique.
Le retour :
Les jours passent, il nous faut rentrer. Sortie AFGHA, les douaniers veulent nous vendre 10 Kg de « H ». Refus, le prix baisse, le kg frôle le prix des 50g à Paris. Mais nous ne nous laissons pas convaincre.
Par contre visite du véhicule par le conservateur du musée de KABOUL, qui nous explique que par manque de moyens il récupère (saisie) tout objet pouvant figurer dans le musée.
Coté Iranien, de grand panneaux en toute langue, préviennent le voyageur qu’il est interdit de transporte de la drogue sous peine de « mort ». Chacun protège son marché.
Kilomètre après kilomètre nous traversons l’IRAN, puis la TURQUIE, où nous trouvons un combi W. en panne avec six jeunes à l’intérieur qui arrivent de KATMANDOU. Roger cherche et trouve la panne, c’est l’allumage, une bougie vissée de travers. Impossible de l’extraire avec l’outillage que nous possédons. Pas de problème, chacun prend son sac, laisse le véhicule en bord de route et part en stop. Sans commentaire…..
Nous, repartons, traversons EDIRNE, dernière grande ville avant la frontière Bulgare. Beaucoup de militaires, mais nous sommes habitués, la Turquie étant limitrophe avec l’URSS. Basses Américaine nombreuses, guerre avec le PKK (indépendantistes Kurdes). Un barrage plus important nous oblige à stopper. Un gradé, plein de galons, assis à l’arrière d’une grosse cylindrée commande : je m’adresse à lui, par gestes, lui faisant comprendre que nous souhaitons atteindre la frontière. Réponse instantanée, demi-tour et convoi au centre ville devant l’office du tourisme. Là, nous apprenons, en Français, que la frontière est fermée et que nous pouvons attendre dans un camping. EDINE est aussi à quelques kilomètres de la Grèce… Décision prise, direction Grèce. Une petite route droite nous y amène, un pont fait office de séparation. Mais alors que nous sommes encore sur la ligne droite, des militaires nous mettent en joue. Ou ahou ! un demi tour, nous sommes dans la mouise !
Un groupe de Français, dix véhicules sont là, dont un couple avec enfants. Invités depuis dix jours et manquant de fric. Le lendemain Roger et moi partons pour la préfecture de Police. Peut être…. A l’entrée,un planton veut nous barrer le passage –nous l’ignorons- j’ouvre une grande porte et là une assemblée de militaires en conférence. Je demande si quelqu’un parle le français. Un gradé se lève, me désigne une porte au fond du couloir en disant : « traducteur ». Personne, nous repassons devant le bureau du planton absent lui aussi. Son bureau est rempli de tampons. Je fais mon marché et retour au camping. Les collègues french font un feu de camp. Plus tard nous recevons la visite de l’attaché d’ambassade de France qui se présente, nous offre cigarettes, chocolats, et donne les dernière nouvelles… La Turquie subit une épidémie de choléra dévastatrice, mille morts par jours. L’ennui c’est qu’elle ne veut pas le reconnaître, questions touristiques, économique et autres. D’où la fermeture sanitaire Bulgarie-Grèce. Consignes supplémentaires : ne pas passer par la montagne, elle est minée ; ne pas donner nos passeports au chef de la Police, il les revends le lendemain. D’après ses informations, un convoi serait envisagé…
Peu après sa visite, le camp est envahie par les flics qui matraquent les travailleurs Turques manifestant pour leur cause (leur travail en Allemagne est compromis par leurs absences) ; Bedro prends des photos devant les flics, qui n’ont pas l’air d’apprécier et commencent à le courser. Echec, super Bedro en action… enfin, heureusement pour nous qu’ils ignorent sa nationalité !
Nous sommes rassemblés devant un feu de bois quand arrive le chef de la police. On doit former un convoi, nombres de voitures, je réponds onze, sans préciser que la onzième n’est pas du bon côté. Ordre de faire le vaccin contre le choléra contrôlé par les Turcs. Réaction unanime, hors de question de refaire des vaccins. Ordres aussi de donner les passeports pour l’enregistrement. Nouveau refus. « monsieur le chef » part, ses bénéfices sont en baisse. Après son départ, je sors mes achats de la préfecture, dans la demi heure, tout le monde est en règle. Je fais ensuite cadeau des tampons à nos compagnons d’infortune Turcs, qui apprécient….
Nous exposons notre situation au groupe, nous sommes hors convoi. Une pince coupante fait son apparition, mais à la première coupe, les gamelles pendues au barbelé donne l’alarme. Loupé ! décision prise, comme le cortège de voiture doit passer devant nous, la troisième voiture va tomber en panne nous laissant le temps de nous glisser dans la file.
Nous allons nous coucher. Bedro tenait une conférence avec les Turques, dans la voiture, toutes lumières allumées.
Le lendemain, passe la première, puis la seconde voiture en route pour la Bulgarie. Comme convenu, capot ouvert, la troisième bloque. Nous mettons le contact, Rien ! La batterie avait été vidée par la conférence d’hier soir. Roger se précipite en jurant, trouve la manivelle, et après plusieurs tentatives démarre pendant que j’accélère. Les Français « en panne » s’impatientent. Des flics arrivent, nous démarrons sous leurs yeux. Nous n’aurions pas été occupés, dans l’urgence, notre poids mort aurait passé un sale quart d’heure.
Vers minuit, nous sommes à la frontière, il gèle et l’attente commence. Notre attaché d’ambassade est présent et mène les tractations. Gelé, il vient chercher chaleur et café dans notre bagnole. Vraiment sympa ce type.
Au petit matin, la situation se débloque, un grand salut à notre attaché ; nous sommes en Bulgarie. Passeport, visas puis désinfection intérieur-extérieur du véhicule, semelles des chaussures, pas de légume ni de fruit autorisé. Pendant que l’on prend soin de nous, se présente l’ambassadeur Français en Bulgarie. Il nous explique que le convoi va traverser la Bulgarie jusqu’en Yougoslavie. Interdiction de s’arrêter ou de quitter le groupe. Oui, mais cela ne fait pas mon affaire, madame est à SOFIA. Aussi, avec un visage de circonstance, il nous annonce la mort du Président de Gaulle. Devant la réaction d’une partie du groupe qualifiant le général de noms d’oiseaux, il disparaît et nous ne le reverrons plus. Voiture de police à l’avant, hauts parleurs annonçant à la population notre état « cholérique », voiture à l’arrière fermant le convoi, nous traversons le pays en une seule traite.
DIMITROVGRAD : Frontière Yougoslave, il gèle vigoureusement et me voilà sorti de Bulgarie sans avoir retrouvé ma femme. Sans nouvelle est-elle partie ? Je laisse mes compagnons à l’abri dans un hôtel, et prends contact avec les policiers à la gare. Madame n’est pas passée. Je leur demande de lui signaler, lors de leur coltrôle de passeport que son mari est à l’hôtel « machin » et je repars au poste bulgare. Sur la route un autostoppeur frigorifié. Prend ma place à l’hôtel, c’est payé. Direction guichet Bulgare pour visa. Le préposé, qui m’a vu le matin dans l’autre sens, refuse avec le sourire, en faisant oui de la tête (il faut savoir que le oui et le non gestuel est inversé en Bulgarie). « NE ! CHOLERA ! » J’insiste, lui aussi. Je demande un médecin, « NE ! » et j’abandonne. Je stationne près du poste. Comment faire ? Et EUREKA. Parmi les papiers officiels (ou pas), je retrouve ma carte de presse, correspondant de l’HUMANITE. Retour au guichet, je lui présente mon passeport ouvert, avec au centre ma carte de presse. Il jette un œil, puis me donne le visa contre cinq levas. OUF !! Une heure de route et je suis chez mes amis Bulgares qui ouvrent de grands yeux. On ne pensait pas que tu pourrais passer. Retrouvailles avec ma moitié, qui, valise prête devait prendre le train le lendemain.
Franchissement à nouveau de la frontière, sourires des douaniers, salut de notre part. Nous récupérons nos deux compères, direction l’Autriche. Le manque de joints sur le véhicule nous pose problème. Le pare-brise bourré de fleurs de coton passe encore, mais les glaces et les portières nous envoient un vent glacial. L’équipage n’a plus figure humaine. Le chauffeur enfile son duvet, puis pose les pieds sur les pédales, chaussettes comme mitaines, et maillot de corps sur la tête. Quant aux passagers, à part le nez, tout est dans les duvets.
Dernier trou dans le budget, les pneus ont souffert, le plus usé montre la chambre à air sur plusieurs centimètres. Entre pluie et gel, impossible de tenir la voiture en ligne droite. Il nous faut acheter un pneu que nous mettons côté chauffeur, ce qui nous permet d’accrocher la route.
STRASBOURG, 23heures, enfin en France. Il fait nuit noire, nous prenons deux chambres dans un hôtel d de seconde zone. Toilettes au fond du couloir, etc. mais nous serons au chaud. Je surprends Bedro au téléphone, en conversation avec des camarades du boulot.
L « individu » nous « charge » mettant sur notre dos le retard accumulé. Cette fois s’en ai trop…. Discussions orageuses, flash back du voyage depuis le début avec en couleur les nombreuses conneries de notre cher compère.
Bref, la fin du voyage est calme, normale, tout le monde fait la gueule. Dommage que cela s’achève de cette façon.
Deux ans plus tard, quatre copains repartent pour l’AFGHA, dont trois font confiance au quatrième pour les embarquer dans des galères.
Mais c’est une autre histoire… Raymond.
FIN