Et nous voilà maintenant au départ de la 3ème spéciale après une liaison dont je n’ai pas le moindre souvenir, si ce n’est qu’on est arrivé limite, limite.
Au programme, en gros : 240 km de spéciale, pour nous les camions, alors que les autos et les motos auront 500 bornes à parcourir. Pourquoi ? tout simplement parce que la 2ème partie de la spéciale est trop étroite pour nos gros bébés et qu’avec la végétation du coin, nos pare brise ne survivraient pas.
Selon la longueur de la spéciale, la géographie du coin, la spéciale de la veille et la longueur de la liaison menant au bivouac, nous calculons que nous devrions arriver tôt, voire même au milieu des voitures !! On a dû oublier une retenue quelque part dans nos calculs ….
Nous sommes face à une belle piste large et propre. Elle sera ainsi sur au moins …300 mètres !! ensuite c’est l’enfer qui débute, il manque juste les flammes… en gros c’est une piste sur un grand plateau, en tôle ondulée mais dont les ondulations sont espacées de 30 cm à 1 m et dont la profondeur varie de 25 à 60 cm !! on se dit que ça ne va pas durer ainsi, il n’y a plus qu’à s’armer de patience en attendant que ça passe, de toute façon y’a pas le choix !!
Aux environs du 20ème km, on arrive face à un bon gros rio à traverser ; il n’y a qu’une entrée, étroite entre deux talus, très raide et profonde. On voit la sortie, quasiment en face et de configuration identique, mais en montée.
Au milieu, c’est VERDUN après la bataille, sur 100 mètres, une mare de fesh fesh avec des ornières comme j’ai rarement vu !! pas la peine d’imaginer passer en douceur, sinon on y reste, c’est sur !! donc descente piano et pied dedans…. Ça tabasse grave et grosse frayeur au milieu lorsque dans l’ornière gauche ou un trou monstrueux fait prendre au camion une gîte hallucinante… mais heureusement suffisamment brève pour que le MAN ne cède pas à la tentation de se vautrer. JC à le bon réflexe de ne pas couper les gaz et attaque la sortie du chantier en aveugle tellement on a levé de poussière … OUF, c’est passé, les spectateurs sont contents, nous un peu moins !!!
Ça repart sur une piste toujours aussi ruinée qui petit à petit va devenir moins caillouteuse, mais se transformer en fesh fesh, rien que du fesh fesh, des ornières de plus en plus profondes, on a beau tenter à gauche, à droite, rien à faire, aucune autre solution que de subir ce merdier et ça va durer comme ça jusqu’au km 50 … c’est long, très long !! on entend de plus en plus de BIIP…… BIIP…… BIIIIP du SENTINEL signalant des véhicules plantés ou cassés ; on se demande vraiment comment peuvent passer les voitures … on à vite compris : elles ne passent pas sans aide, une fois posées sur le châssis, les roues dans le vide, terminé !!!
Et c’est dans ces conditions que nous tombons sur Laurent CAMPANA et son Pajero, coincé dans un rio ; pour en sortir il n’y a que deux sorties étroites, quasi verticales, de 3 m de haut ! là encore, 2 grosses ornières d’environ 80 cm de profondeur, impossible pour les voitures de monter de plus de 2 mètres avant de se poser sur le châssis … nous allons donc l’accrocher sinon là encore, pour lui le rallye risque de s’arrêter là. Le temps qu’ils accrochent le Pajero, on décide de m’envoyer en éclaireur pour voir s’il n’y aurait pas de passage un peu plus soft … c’est alors que j’ai vraiment pris conscience de l’état de terrain ….
Au moins profond, j’en ai jusqu’aux genoux et au pire jusqu’aux hanches !!! Après, en gros, 500 m, je fais demi tour et retombe sur le camion et le Pajero arrêtés, en cours d’interview avec les journalistes de France 2. … certains ont vu les images . De là, on décide de ne pas décrocher le Pajero et de le tracter jusqu’à une reprise de piste dure annoncée sur le road book à grosso modo 8-10 km !! le camion s’extirpe de ce bordel lentement mais sûrement … on arrive à la piste, km 50 ou 55 …on a mis 3h30 !!
Nous décrochons alors Laurent, qui doit maintenant nettoyer ses filtres tellement il a bouffé de poussière et nous repartons sur une piste alternativement roulante, cassante, fesh fesh etc …
Arrive alors le km 95, la piste fait une sorte de montagne russe, sinueuse, on roule pas très vite mais on roule. Sur un sommet, la piste plonge à droite sur une bande de fesh fesh profonde et dans laquelle se trouve …. Un pick up local argentin, un spectateur qui a décidé de repartir par la piste du rallye et qui s’est posé !! il y a d’autres personnes mais aucune n’aura l’idée de monter de quelques mètres pour signaler le danger … et ce qui devait arriver, arriva !! on plonge dans la cuvette, et là tel un film en accéléré, l’image du pick up nous saute à la tronche, coup de volant à gauche sur les freins, le problème est que le camion est déjà dans l’ornière qui nous envoie direct dans le pick up ; les freins n’ayant pas suffit à stopper les 10 tonnes ….et PAF le pick up !! Frayeur, les gens autour s’étaient heureusement éloignés, mais les dégâts sont là sur la voiture : porte arrière gauche, montant de porte et benne… pour le camion : aile avant droite, marche pied et lave glace pulvérisé, pare choc tordu avec un plis qui nous empêchera de lever la cabine ! c’est gonflant d’abîmer deux véhicules pour une telle connerie, le chauffeur vient s’excuser mais on est aussi désolé que lui de l’accident et on ne lui en veut pas ; le pauvre gars risque d’avoir du mal à réparer son 4x4 …
En plus des dommages matériels, pas loin d’une heure encore cramée le temps de panser rapidement les deux blessés (camion & pick up).
Et ça repart, non sans une certaine tension pendant quelques kilomètres.
Les km recommencent à défiler jusqu’au km 160 où nos péripéties sont loins, très loin, très trés loin de s’achever !! nous tombons sur le BOWLER blessé des frangins Robert & Jean-Pierre….il est 18h30 !!
La suite ce soir
