re: Un froggy dans le bush australien
Posté : dim. nov. 14, 2010 5:25 pm
l pleut, il pleut.
Ce n’est rien de le dire, il faut le voir.
Le déluge de Noé à coté, c’est de la petite bruine bretonne.
Il y a une semaine, j’ai quitté mon campement favori pour m’enfoncer plus avant vers le nord.
Toujours plus loin.
Je cherche mon El Dorado.
Plus loin vers le nord c’est s’imprégner encore plus de silence, encore plus de solitude.
Je baigne dans le bush.
Le coin est idyllique. Si j’osais je dirais que je suis en terre vierge.
Des collines à perte de vue, la végétation est dense mais cela respire le désert.
Le bush ça ne se décrit pas ça ce vie.
Je me suis installé à mi-pente d’un mamelon au-dessus d’un creek.
Un creek c’est une rivière qui ne coule que lorsqu’il pleut.
Et depuis ce matin, pas une accalmie.
De l’intérieur du 4x4 ou je me suis abrité, j’observe l’inexorable montée des eaux.
D’abord timide, un mince filet d’eau a réussit à faire son chemin dans les méandres de sable qui tapissent le fond de la rivière.
Le tapis de sable et devenu eau et maintenant un flot tumultueux de boue rougeâtre cavalcade entre les rives du creek.
Bien que celui ci se trouve une cinquantaine de mètre en contre bas, sécurité oblige je décide de me replier un peu plus haut.
La nuit tombe. La pluie n’a pas cessé.
Sous moi la terre tremble du choc des rochers charriés par les flots en furies.
Par précaution, de temps en temps j’envoie un coup de lampe torche vers le creek, histoire de suivre l’escalade des eaux.
Mais a une cinquantaine de mètres de distance, en pleine nuit et avec la densité du rideau de pluie je ne distingue rien, ce qui ajoute à mon inquiétude.
Le plus terrible dans tout cela, c’est le bruit.
La pluie sur le toit du véhicule et plus angoissant les bruits sourds du fleuve de boue qui coule à mes cotés.
Amplifié par la cécité nocturne, le chaos vous assiége, et à grands coups de boutoir vous démoli moralement.
A ce moment là, on se demande ce que l’on fait ici.
Mon paradis est devenu enfer.
Les heures passent, très lentement, trop lentement.
J’attends avec impatience qu’un soupçon de clarté éclaire les ténèbres.
Enfin le voici.
A l’image de l’aiguille des minutes d’une horloge qui n’a jamais l’air d’avancer. Oh ! temps suspend ton vol.
Le jour se lève.
pendant que j'y suis je vous presente mon loft.
La plate forme me sert de chambre/salon.
Amenagement





Le jour c’est levé.
Le moteur tourne, je fais marcher le chauffage, plus pour chasser l’humidité de l’air que le froid.
Au fur et a mesure que la lumière s’élève, je découvre le paysage autour de moi.
Point de catastrophisme.
Hormis le creek en pleine effervescence, le panorama qui m’entoure est tout à fait naturel.
Une grosse touche de soleil en moins. Quand même !
Qui dit petit matin ! Dit petit déjeuner.
Mon 4x4 est équipé pour dormir à l’intérieur, mais pour ce qui est de la cuisine c’est à l’extérieur que cela se passe.
Mais vu les trombes d’eau qui me tombent sur la tête depuis vingt quatre heures, il va falloir le réaménager occasionnellement.
Apres une heure de contorsionnement, de Put..n, C…n et Me..de, me voici prêt a faire ma popote.
Un thé
Deux thés
Trois thés
Quand il n’y a rien à faire, boire, cela occupe, mais l’inconvénient c’est qu’à l’inverse du tonneau des Danaïdes notre vessie a un fond et quand elle est pleine il faut la vider.
Surtout avec le thé et un peu plus tard la bière.
Pas question d’aller braver la tempête.
Re contorsionnement vers l’arrière du véhicule.
Une bouteille plastique.
On la coupe en deux.
Et voilà un mini WC bien pratique.
Pour les hommes !!!
Je vous raconte tout ça et n’importe quoi pour meubler car je suis resté coincé dans cinq mètres carrés pendant trois jours.
Au début de ce troisième jours, le moral est au plus bas.
J’ai bu, j’ai mangé, j’ai lu, j’ai dormi, j’ai rebu, remangé, relu, redormi.
Et j’ai même participé à un concours.
Là il faut que je vous raconte.
Troisième jours de pluie.
Six heures du matin dans le Western Australia.
Seize heures, heure française.
Comme je l’ai dit plus haut, le moral est au plus bas.
Je prends donc mon téléphone satellite. Le fil d’Ariane qui me relie au monde des hommes
C’est pour la sécurité.
Dans le bush, l’accident le plus bénin peut être fatal. Donc avec mon téléphone je peux appeler les secours en cas de besoin.
« Allô !! »
« Good Day mister of the Police. »
“Yes”
“I have a big problem with a snake (j’ai un gros probleme avec un serpent) Il m’a mordu”
“What colors”
“Yellow with blacks rayures”
“That is a Mamba”
“It is dangerous?”
“Mortal”
“What I do?”(Qu’est ce que je fais?)
« Repeat after me »
“Yes”
“Our father who are in the sky……” (Notre père qui etes aux cieux)
Je ne suis pas très sur de la traduction
Ecrit là comme ça, ç’a à l’air marrant mais sur le terrain a trois heures de route du premier village je me pose souvent la question.
Téléphone en main, antenne déployée, j’appelle mon épouse en France.
Un samedi à cette heure çi elle est a son club de lettre.
C’est pas l’académie française mais on s’y amuse bien. Culturellement parlant.
Angoisse ou pas angoisse, à trois dollars la minute il ne faut pas trop s’étendre sur ses états d’ame
« Allo ! Salut c’est moi »
« Ca va ? »
« Ouais !! » »
« T’es ou ? »
« Un peu plus loin que la dernière fois »
Ding !!! Une minute . Trois dollars. Qu’est ce qu’elles passent vite les secondes !
Suit une minute de conversation privée. Trois dollars de plus.
Bon maintenant on est plus a trois dollars prêts.
« C’est quoi le thème d’aujourd’hui ? »Là je parle du club de lettre. A chaque séance un sujet est donné..
« Pour aujourd’hui c’est trois mots à placer dans un texte »
« Ah oui !! Lesquels ? »
« Hippie.Autrefois aujourd’hui et la cuisine d’un grand restaurant. »
« C’est compliqué ça »
« Boff !! »
« Bon allez. A+ »
Hippie. Autrefois, aujourd’hui. La cuisine d’un grand restaurant.
Inlassablement, comme le tambourinement de la pluie sur la toiture du véhicule, ce groupe de mots harcèle mon cerveau.
Autrefois, aujourd’hui, hippie ……..
Mes doigts sur le clavier du computer commencent une sarabande qui durera quatre heures.





Ce n’est rien de le dire, il faut le voir.
Le déluge de Noé à coté, c’est de la petite bruine bretonne.
Il y a une semaine, j’ai quitté mon campement favori pour m’enfoncer plus avant vers le nord.
Toujours plus loin.
Je cherche mon El Dorado.
Plus loin vers le nord c’est s’imprégner encore plus de silence, encore plus de solitude.
Je baigne dans le bush.
Le coin est idyllique. Si j’osais je dirais que je suis en terre vierge.
Des collines à perte de vue, la végétation est dense mais cela respire le désert.
Le bush ça ne se décrit pas ça ce vie.
Je me suis installé à mi-pente d’un mamelon au-dessus d’un creek.
Un creek c’est une rivière qui ne coule que lorsqu’il pleut.
Et depuis ce matin, pas une accalmie.
De l’intérieur du 4x4 ou je me suis abrité, j’observe l’inexorable montée des eaux.
D’abord timide, un mince filet d’eau a réussit à faire son chemin dans les méandres de sable qui tapissent le fond de la rivière.
Le tapis de sable et devenu eau et maintenant un flot tumultueux de boue rougeâtre cavalcade entre les rives du creek.
Bien que celui ci se trouve une cinquantaine de mètre en contre bas, sécurité oblige je décide de me replier un peu plus haut.
La nuit tombe. La pluie n’a pas cessé.
Sous moi la terre tremble du choc des rochers charriés par les flots en furies.
Par précaution, de temps en temps j’envoie un coup de lampe torche vers le creek, histoire de suivre l’escalade des eaux.
Mais a une cinquantaine de mètres de distance, en pleine nuit et avec la densité du rideau de pluie je ne distingue rien, ce qui ajoute à mon inquiétude.
Le plus terrible dans tout cela, c’est le bruit.
La pluie sur le toit du véhicule et plus angoissant les bruits sourds du fleuve de boue qui coule à mes cotés.
Amplifié par la cécité nocturne, le chaos vous assiége, et à grands coups de boutoir vous démoli moralement.
A ce moment là, on se demande ce que l’on fait ici.
Mon paradis est devenu enfer.
Les heures passent, très lentement, trop lentement.
J’attends avec impatience qu’un soupçon de clarté éclaire les ténèbres.
Enfin le voici.
A l’image de l’aiguille des minutes d’une horloge qui n’a jamais l’air d’avancer. Oh ! temps suspend ton vol.
Le jour se lève.
pendant que j'y suis je vous presente mon loft.
La plate forme me sert de chambre/salon.
Amenagement





Le jour c’est levé.
Le moteur tourne, je fais marcher le chauffage, plus pour chasser l’humidité de l’air que le froid.
Au fur et a mesure que la lumière s’élève, je découvre le paysage autour de moi.
Point de catastrophisme.
Hormis le creek en pleine effervescence, le panorama qui m’entoure est tout à fait naturel.
Une grosse touche de soleil en moins. Quand même !
Qui dit petit matin ! Dit petit déjeuner.
Mon 4x4 est équipé pour dormir à l’intérieur, mais pour ce qui est de la cuisine c’est à l’extérieur que cela se passe.
Mais vu les trombes d’eau qui me tombent sur la tête depuis vingt quatre heures, il va falloir le réaménager occasionnellement.
Apres une heure de contorsionnement, de Put..n, C…n et Me..de, me voici prêt a faire ma popote.
Un thé
Deux thés
Trois thés
Quand il n’y a rien à faire, boire, cela occupe, mais l’inconvénient c’est qu’à l’inverse du tonneau des Danaïdes notre vessie a un fond et quand elle est pleine il faut la vider.
Surtout avec le thé et un peu plus tard la bière.
Pas question d’aller braver la tempête.
Re contorsionnement vers l’arrière du véhicule.
Une bouteille plastique.
On la coupe en deux.
Et voilà un mini WC bien pratique.
Pour les hommes !!!
Je vous raconte tout ça et n’importe quoi pour meubler car je suis resté coincé dans cinq mètres carrés pendant trois jours.
Au début de ce troisième jours, le moral est au plus bas.
J’ai bu, j’ai mangé, j’ai lu, j’ai dormi, j’ai rebu, remangé, relu, redormi.
Et j’ai même participé à un concours.
Là il faut que je vous raconte.
Troisième jours de pluie.
Six heures du matin dans le Western Australia.
Seize heures, heure française.
Comme je l’ai dit plus haut, le moral est au plus bas.
Je prends donc mon téléphone satellite. Le fil d’Ariane qui me relie au monde des hommes
C’est pour la sécurité.
Dans le bush, l’accident le plus bénin peut être fatal. Donc avec mon téléphone je peux appeler les secours en cas de besoin.
« Allô !! »
« Good Day mister of the Police. »
“Yes”
“I have a big problem with a snake (j’ai un gros probleme avec un serpent) Il m’a mordu”
“What colors”
“Yellow with blacks rayures”
“That is a Mamba”
“It is dangerous?”
“Mortal”
“What I do?”(Qu’est ce que je fais?)
« Repeat after me »
“Yes”
“Our father who are in the sky……” (Notre père qui etes aux cieux)
Je ne suis pas très sur de la traduction
Ecrit là comme ça, ç’a à l’air marrant mais sur le terrain a trois heures de route du premier village je me pose souvent la question.
Téléphone en main, antenne déployée, j’appelle mon épouse en France.
Un samedi à cette heure çi elle est a son club de lettre.
C’est pas l’académie française mais on s’y amuse bien. Culturellement parlant.
Angoisse ou pas angoisse, à trois dollars la minute il ne faut pas trop s’étendre sur ses états d’ame
« Allo ! Salut c’est moi »
« Ca va ? »
« Ouais !! » »
« T’es ou ? »
« Un peu plus loin que la dernière fois »
Ding !!! Une minute . Trois dollars. Qu’est ce qu’elles passent vite les secondes !
Suit une minute de conversation privée. Trois dollars de plus.
Bon maintenant on est plus a trois dollars prêts.
« C’est quoi le thème d’aujourd’hui ? »Là je parle du club de lettre. A chaque séance un sujet est donné..
« Pour aujourd’hui c’est trois mots à placer dans un texte »
« Ah oui !! Lesquels ? »
« Hippie.Autrefois aujourd’hui et la cuisine d’un grand restaurant. »
« C’est compliqué ça »
« Boff !! »
« Bon allez. A+ »
Hippie. Autrefois, aujourd’hui. La cuisine d’un grand restaurant.
Inlassablement, comme le tambourinement de la pluie sur la toiture du véhicule, ce groupe de mots harcèle mon cerveau.
Autrefois, aujourd’hui, hippie ……..
Mes doigts sur le clavier du computer commencent une sarabande qui durera quatre heures.























